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La vaccination à domicile par les pharmaciens : une concurrence qui fait débat

La vaccination à domicile par les pharmaciens : une concurrence qui fait débat

Paris, le vendredi 20 octobre 2023 – La possibilité offerte aux pharmaciens de pouvoir vacciner des patients à domicile n’enchantent guère les syndicats d’infirmières.

Ces dernières années, le quasi-monopole que les médecins détenaient sur la vaccination a peu à peu volé en éclats, de nouvelles compétences vaccinales ayant été progressivement accordés aux professionnels paramédicaux (sage-femmes, pharmaciens et infirmiers). Une nouvelle étape a été franchie le 10 août dernier, lorsqu’un décret, pris en application de la dernière loi de financement de la Sécurité Sociale (LFSS), a autorisé pharmaciens et infirmiers à prescrire et administrer l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal à leurs patients de 11 ans et plus (sauf les vaccins vivants atténués pour les personnes immunodéprimés, qui restent de la compétence exclusive du médecin). De surcroit, les infirmiers peuvent vacciner les enfants de moins de 11 ans, mais uniquement sur prescription médicale.

En multipliant le nombre de professionnels pouvant prescrire et administre les vaccins, le gouvernement espère évidemment augmenter la couverture vaccinale. Mais qui dit multiplication des acteurs dit également renforcement de la concurrence. Pharmaciens et infirmières entendent ainsi s’offrir la meilleur part de ce nouveau “marché” de la vaccination qui s’offre à eux.

Les pharmaciens autorisés à vacciner les patients à domicile

Les pharmaciens ont remporté une première victoire cette semaine en obtenant le droit de vacciner des patients hors de leur officine. L’information a été révélée par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) ce jeudi, qui annonce dans un communiqué que “cette avancée importante a été confirmée récemment par le ministère de la Santé et constitue un atout supplémentaire pour renforcer la couverture vaccinale”. Dans une foire aux questions à destination des pharmaciens publiée sur son site le 12 octobre dernier, le ministère de la Santé indiquait en effet que “les compétences vaccinales conférées aux pharmaciens sont des compétences exercées en propre par les pharmaciens eux-mêmes et non de la pharmacie en tant que lieu d’activité”.

Les pharmaciens pourront donc vacciner des patients hors de leurs officines, “notamment pour participer à la campagne de vaccination contre les HPV au collège mais également dans les EHPAD ou au domicile du patient” indique l’USPO. Le syndicat demande cependant à l’Assurance Maladie “de prévoir une rémunération adaptée à cette mission”. Pour le moment, les pharmaciens reçoivent 7,50 euros pour administrer un vaccin déjà prescrit ou ne nécessitant pas de prescription (7,56 euros pour les infirmiers) et 9,60 euros pour prescrire et administrer un vaccin (9,61 euros pour les infirmiers).

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Les infirmières accusent les pharmaciens de “concurrence déloyale”

Les syndicats d’infirmières n’ont pas encore réagi à l’annonce faite par l’USPO sur le droit des pharmaciens à vacciner hors les murs de l’officine. Mais ils avaient déjà exprimé leur réticence à cette possibilité lorsque l’idée n’était qu’en germe. En décembre dernier, le syndicat Convergence Infirmières évoquait ainsi la “concurrence déloyale” des pharmaciens et révélait les résultats d’un sondage réalisé auprès des infirmières libérales dans lequel 64 % d’entre elles disaient avoir subi une concurrence déloyale de la part d’un pharmacien, 58 % avoir constaté une tentative de détournement de la patientèle par un officinal et 21 % à avoir essuyé un refus de délivrance de doses de vaccins contre la Covid-19 par un pharmacien. Le syndicat avait donc demandé au ministère de la Santé d’autoriser les infirmières à pouvoir se fournir directement en vaccins auprès des grossistes répartiteurs, signe d’une ambiance délétère entre pharmaciens et infirmiers.

“Le domicile c’est nous ! La présence quotidienne auprès des patients c’est nous !” surenchérit Convergences infirmières dans un autre communiqué incendiaire contre les pratiques des pharmaciens publié ce mercredi. Accusant les pharmaciens d’utiliser des “moyens de communication illégaux” pour promouvoir la vaccination en officine, le syndicat demande l’adoption, dans le nouveau PLFSS, d’amendements permettant aux infirmières de faire elles aussi la promotion de la vaccination auprès de leurs patients. Le syndicat souhaite également que “les infirmiers puissent détenir un stock de vaccins dans les frigos de leur cabinet afin de pouvoir comme les pharmaciens délivrer et vacciner en même temps”.

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Certains pourront juger cette concurrence entre professionnels de santé saine et positive pour les patients, qui bénéficient de davantage de bras pour les vacciner, mais c’est à condition qu’elle reste loyale et qu’elle ne tourne pas à l’affrontement entre des professions, sensés collaborer pour la santé de tous. “Comme toujours, les pharmaciens devront travailler en collaboration avec tous les professionnels de santé et dans le respect des choix du patient” indique ainsi l’USPO dans son communiqué, comme pour faire retomber les tensions.

Quentin Haroche

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2023-10-20 15:17:17

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