Politique
La polarisation politique croissante en Suisse
Le fossé entre la gauche et la droite en Suisse est le plus grand d’Europe, principalement dû à notre système politique qui encourage les partis à se distinguer les uns des autres.
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La Suisse est le pays d’Europe où le fossé gauche-droite est le plus grand.
Parlement
En Suisse, les électeurs se positionnent de plus en plus à droite et à gauche de l’échiquier politique. Entre 1995 et 2019, la proportion des électeurs se situant au centre a diminué de moitié, selon une étude de l’Université de Lausanne citée par la Gazette quotidienne samedi.
Cette polarisation politique a principalement augmenté en raison du déplacement marqué du PLR et de l’UDC vers la droite, ainsi que du déplacement modéré du PS et des Verts vers la gauche, note le journal. En conséquence, la Suisse est désormais le pays d’Europe où la polarisation est la plus élevée. Bien que le niveau atteint ne soit pas encore aussi élevé qu’aux États-Unis, la politique suisse tend vers une “américanisation” avec une nation de plus en plus divisée.
Cette polarisation est attribuée à notre système politique qui encourage la polarisation, selon l’économiste et politologue Ivo Scherrer. En effet, l’UDC et le PS sont les deux principaux partis politiques du pays et ils s’affrontent avec beaucoup d’animosité. “Dans les systèmes majoritaires, les grands partis sont souvent incités à se rapprocher du centre pour former des coalitions et ainsi gagner”, explique le spécialiste.
La capacité au compromis diminue
Cependant, tous les partis sont déjà au gouvernement en Suisse, ce qui devrait les inciter à trouver un consensus. Mais selon l’expert, cette capacité au compromis diminue et le pays dérive vers un état de colère permanent, ce qui rend difficile l’élaboration d’une politique constructive.
Selon la politologue Silja Häusermann, c’est la polarisation précoce en Suisse qui a rapidement poussé les partis traditionnels de gauche et de droite à affiner leurs profils. Les nouveaux mouvements sociaux des années 1980 étaient puissants en Suisse, ce qui a provoqué une réaction violente de la droite, explique-t-elle.
Cependant, une société polarisée n’est-elle pas nécessairement mauvaise ? “Tant que les gens ne sont pas dégradés et diffamés, les débats émotionnels ne posent pas de problème dans une démocratie”, affirme Ivo Scherrer. La polarisation devient dangereuse lorsque cela se traduit par le rejet de personnes qui pensent, ressentent et vivent différemment, ajoute-t-il. Elle pose problème lorsque l’on suggère que tout irait bien si le groupe X n’existait pas, ou lorsque l’on traite en ennemis plutôt qu’en adversaires politiques ceux qui pensent différemment, selon lui.