L’une des deux seules presses à vinyles du Québec cesse sa production. L’entreprise propriétaire, la Société des loisirs, déclare faillite. Les artistes et les mélomanes d’ici perdent du même coup l’un de leurs repères.
La Société des loisirs pressait des vinyles dans la Basse-Ville de Québec depuis 2021. Elle s’est placée à l’abri de ses créanciers cette semaine.
« Je suis dans un moment où je ne peux pas parler de l’histoire qui nous a amenés là », soupire au bout du fil la seule administratrice de la Société des loisirs, Audrey Lapointe.
Des tensions grandissantes s’installaient ces derniers temps entre la compagnie et certaines maisons de disques québécoises, selon les informations du Devoir. Des artistes ont même dû retarder la sortie de leur album puisque leurs vinyles ne pouvaient être prêts à temps.
Les disques fabriqués par l’entreprise étaient très souvent uniques, colorés. Des artistes comme Valaire, Tire le coyote, Les Louanges, Dumas, Mon Doux Saigneur, Thierry Larose et Flore Laurentienne ont fait affaire avec elle. Environ 120 000 exemplaires sont sortis de sa presse.
Je suis dans un moment où je ne peux pas parler de l’histoire qui nous a amenés là.
Des administrateurs de la Société des loisirs ont récemment quitté le navire, ce qui a laissé peu de marge de manoeuvre à Audrey Lapointe. « J’ai décidé de quitter l’entreprise pour retourner pratiquer l’architecture, [ma formation professionnelle]. Mon départ a comme déboulé en une fermeture », explique-t-elle.
La pandémie et l’interdiction d’ouvrir un café attenant à la presse qu’elle a entraînée ont aussi certainement pesé dans cet échec. « Acheter des équipements payés 100 % d’avance, puis avoir un loyer commercial… Je me souviens que j’avais fait un plan A, B, C. […] Il n’y a rien là-dedans qui prévoyait une pandémie qui nous empêcherait d’ouvrir pendant longtemps », raconte-t-elle.
« Ce sur quoi je me concentre, en ce moment, c’est d’honorer les contrats qu’on avait avec des artistes québécois pour les replacer ailleurs, pour essayer d’avoir le moins d’impact possible. Tous nos clients qui avaient acheté des vinyles vont être bientôt contactés pour qu’ils puissent venir les ramasser. S’ils ne peuvent pas les ramasser, ils vont pouvoir faire une réclamation. J’essaie de faire la bonne chose à tous les niveaux. Ça prend un certain temps, c’est qu’il va y avoir de petits accrochages par-ci par-là, mais ça devrait se faire en douceur. »
L’autre presse toujours « en santé »
Il n’existe maintenant qu’une seule presse à vinyles en activité au Québec, chez Le Vinylist, également dans la ville de Québec.
Le copropriétaire de cette dernière Pierre-Luc Savard se dit attristé de la nouvelle, mais rassure immédiatement les amateurs d’albums physiques : son entreprise est « en très bonne santé ». Le marché du vinyle n’a cessé de croître depuis qu’il a commencé sa production, en 2019. « Pour les artistes, c’est devenu l’objet commercial numéro un. Quand ça a recommencé à devenir populaire, on parlait de quelque chose de niché. Présentement, ça a dépassé les attentes. »
Plusieurs mélomanes parlaient déjà en 2021 d’un marché « en surchauffe ».
Tandis que la presse de la Société des loisirs exigeait une main humaine à chaque impression, la machine du Vinylist est entièrement automatisée et peut produire environ une centaine d’albums par heure. « Ça marche très bien. On voit le futur du bon côté. […] On se concentre sur le volume », note M. Savard
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