Nouvelles Du Monde

La révolution du microbiote : les promesses de la transplantation fécale

La révolution du microbiote : les promesses de la transplantation fécale

Aujourd’hui, la recherche clinique intègre de plus en plus le microbiote dans l’étude de différentes pathologies. On sait désormais par exemple que la présence d’Akkermansia muciniphila est bénéfique pour les personnes obèses. L’analyse du microbiote permettrait aussi un diagnostic anticipé de Parkinson, Alzheimer ou de l’autisme. Et la greffe fécale donne déjà d’excellents résultats dans le traitement des infections dites à Clostridium Difficile. C’est la transposition moderne d’un remède ancestral chinois utilisé depuis le IVe siècle appelé la “soupe dorée.” Le Professeur Harry Sokol pratique désormais quotidiennement cette technique de transplantation fécale sur certains patients : “Aujourd’hui, il n’y a qu’une seule indication de la transplantation de microbiote fécal, ce sont les infections multirécidivantes par une bactérie qui s’appelle Clostridium difficile. Cette bactérie est présente dans l’intestin d’au moins 3 % des sujets sains. Si on a un microbiote en bonne santé, elle ne peut pas se développer. Si on prend des antibiotiques, par exemple, notre microbiote va s’altérer et laisser plus de place pour le développement de ce type de bactérie”. Plus inattendu : le microbiote intervient dans la guérison de certains cancers. La réponse à certains traitements dépendrait aussi de sa composition, notamment pour certaines chimiothérapies et immunothérapies. Le transfert de microbiote humain pourrait donc un jour obtenir le statut de médicament. Des dizaines de startups et de laboratoires s’engagent dans ces recherches, et le don de selles est désormais rémunéré. En attendant, des malades tentent aussi de procurer “des greffes” en dehors des circuits médicaux, car regarder son caca suffit à savoir si l’on va bien… Chaque être humain produit environ 50 à 60 kg d’excréments par an, ce qui fait plus de 350 millions de tonnes pour les 7,55 milliards d’êtres humains que nous sommes sur la planète, à recycler ou peut-être à transformer en médicament un jour. En attendant, les donneurs sont rares et triés sur le volet. Sandrine Truong, infirmière coordinatrice de transplantation de microbiote à l’Hôpital Saint-Antoine nous explique : “On essaie d’anticiper les dons. Donc, on prend des rendez-vous un peu à peu près selon son cycle de selles. Quand le donneur arrive sur place, on espère que ça ne les bloque pas trop. Ça dépend vraiment des donneurs parce que c’est contraignant quand même. Je dirais que c’est des altruistes, oui, et qui sont bien, qu’ils ont envie d’aider le Louis comme un don du sang”. Depuis que l’Agence Nationale du Médicament a défini le microbiote fécal comme médicament, la transplantation fécale, se pratique en dehors des services de gastro-entérologie, dans des indications compassionnelles ou des essais cliniques, et dans des services où les patients sont en impasse thérapeutique. Le Professeur Florent Malard précise : “Potentiellement, on peut se dire ça fait peur de donner du caca à un patient qui est fragile, mais finalement, on n’a pas d’augmentation des infections après le traitement. On a pu le montrer, il y en a même plutôt moins, et on évite les effets secondaires”. Quant au patient à qui l’on propose la transplantation fécale, il n’y a pas d’hésitation, comme nous le confie Philippe : “J’étais dans ma chambre en traitement et une infirmière m’a parlé d’un essai thérapeutique de microbiote. On m’a dit une greffe de microbiote, on ne m’a pas dit greffe fécale ! À ce stade, mon corps ne m’appartenait plus. Quand on m’a dit que j’avais une leucémie aiguë, je savais que mon corps ne marchait plus du tout. J’ai sauté sur l’occasion. Pour tout ce qui pouvait me guérir, j’étais partant.” Philippe, patient.
#Les #selles #vie #épisode #podcast #Microbiote #tous #selle
2023-11-28 22:38:41

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT