L’Union des praticiens des cliniques indépendantes du Limousin (UPCIL), qui détient la majorité des parts de la Polyclinique de Limoges, est désormais présidée par Jean-Charles Bourras, radiologue.
Entretien six mois après sa prise de fonctions.
Fin 2022, la Fédération de l’hospitalisation privée faisait état de 30 % de cliniques en déficit. Parmi ces établissements, figurait la Polyclinique de Limoges…
“Jusqu’alors, nous étions toujours en positif, même de très peu, le monde de la santé dégageant des ressources très faibles, mais pour la première fois, nous avons affiché un exercice déficitaire d’environ 300 000 euros. La raison ? Le soin est sous-financé et à lui seul ne permet pas à un établissement de vivre : pour nous en sortir, il faudrait une augmentation de la population, ce qui n’est pas le cas sur notre territoire. Cela nous oblige à aller chercher des ressources ailleurs.”
Pour résorber ce déficit, le choix du stationnement payant a fait réagir. Y a-t-il d’autres mesures ? Et, cela sera-t-il suffisant ?
“Pour nous remettre à l’équilibre, c’est un ensemble de mesures qui sont nécessaires. Il nous faut optimiser notre outil de travail et donc améliorer notre organisation, toujours avec le souci d’un effet bénéfique pour la prise en charge du patient. Par exemple, depuis janvier, nous avons mis en place le “jour zéro”. Au lieu d’arriver la veille de son opération, le patient est admis le matin : cela demande un effort en amont pour coordonner, collecter les documents…”
Notre devoir est de maintenir l’accessibilité et de faciliter le parcours de soins. Il y a beaucoup de sources d’amélioration en interne et aussi en externe, avec des coopérations territoriales public/privé. La santé est en tension aussi bien d’un point de vue économique que médical, avec un manque de praticiens dans de nombreuses spécialités : il faut nous entraider, être complémentaires pour gagner en efficience.”
Avec ce déficit, la rumeur d’un rachat complet de la Polyclinique par le groupe Elsan, qui détient 40 % des parts, a refait surface. Qu’en est-il de cette crainte ?
“Je ne comprends pas cette rumeur, qu’il faut pourtant bien démentir pour rassurer la communauté médicale et les salariés. J’ai pris la présidence pour conserver l’indépendance de l’établissement. L’UPCIL détient 60 % du capital et le groupe Elsan 40 % : il n’en sera pas autrement. Il est vrai qu’il est devenu rare qu’une clinique soit détenue majoritairement par les médecins.
S’il y a eu des tensions il y a dix ans, au moment de la fusion des cliniques, ce n’est plus le cas : le groupe Elsan est un partenaire avec qui nous travaillons et qui a une expertise de gestion indispensable au bon fonctionnement de la structure. Il faut arrêter de nous opposer…”
Fin 2022, la justice a validé le droit de préemption de la mairie sur le site du Colombier, avenue Albert-Thomas, inoccupé depuis 2014, et, dans une autre décision, évalué la valeur à deux millions d’euros. Où en sont les négociations pour une vente ?
“On a hâte que cela se résolve pour la sécurité, le voisinage et parce que cela nous donnerait une bouffée d’oxygène financière, mais la complexité juridique du dossier fait que l’on n’est pas loin d’être au point mort. C’est laborieux…”
À Limoges, le site de l’ancienne clinique du Colombier évalué à 2 millions d’euros
Parcours professionnel
Élu à la tête de l’UPCIL à la suite de Jacques Détré, Jean-Charles Bourras s’est installé en 1991 comme radiologue à Limoges. En 2011, il a procédé à la fusion des trois groupes de radiologie de la ville dans IMRO (Imagerie Médicale, Radiothérapie et Oncologie).
Vice-président national du Syndicat des médecins radiologues de France, il est trésorier de l’Union régionale des professionnels de santé-médecins libéraux en Nouvelle-Aquitaine.
Il siège à la commission de l’offre de soins pour la Conférence Régionale de la Santé et de l’Autonomie (CRSA), une instance de démocratie sanitaire.
Hélène Pommier
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