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La négociation d’un projet de contrat pour le barrage de Gull Island : les bases d’une nouvelle entente

La négociation d’un projet de contrat pour le barrage de Gull Island : les bases d’une nouvelle entente

Un projet de contrat négocié il y a plus de 20 ans pour la construction du barrage de Gull Island montre que Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec sont presque parvenus à annoncer un accord en 2002. Ce document sert aujourd’hui de modèle pour de nouvelles négociations, selon l’ex-premier ministre terre-neuvien qui a négocié l’entente. Radio-Canada a obtenu copie du projet d’entente qui a presque permis la construction du complexe hydroélectrique en 2002. Roger Grimes, ex-premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, reconnaît que les pourparlers actuels, portant sur la construction possible de Île aux Mouette mais aussi l’avenir du complexe existant de Chutes Churchill sont encore plus délicats qu’ils l’étaient en 2002. Mais il soutient que les bases d’une éventuelle nouvelle entente seront les mêmes. Selon le libéral, Terre-Neuve-et-Labrador doit éviter à tout prix l’erreur historique de l’entente actuelle sur Chutes Churchill un barrage de 5428 mégawatts en amont de Île aux Mouette qui a fixé pendant 65 ans le prix de l’électricité à un taux qui s’est avéré dérisoire. Le projet d’entente sur 45 ans qu’il a négocié en 2002 – un véritable contrat bien détaillé – a établi le prix de l’électricité de Gull Island à 3,5 cents le kilowattheure. Ce taux était indexé au prix moyen de l’électricité vendue par Hydro-Québec en Amérique du Nord et n’allait jamais passer sous le seuil des 3,35 cents, permettant à Terre-Neuve-et-Labrador de rembourser la construction du barrage tout en encaissant des profits, selon Roger Grimes.

Les progressistes-conservateurs, portés au pouvoir en 2003, ont rejeté l’idée d’un partenariat énergétique avec le Québec. “Une rencontre de plus, ou deux, et on l’aurait eu” soutient-il. T.-N.-L. propriétaire à 100% du barrage Le projet d’entente montre qu’Hydro Terre-Neuve-et-Labrador aurait été propriétaire à 100% de la Société de Gull Island une nouvelle société de la Couronne responsable de construire et de gérer le complexe de 2000 mégawatts sur le fleuve Churchill. À titre comparatif, Hydro Terre-Neuve-et-Labrador et Hydro-Québec sont copropriétaires du complexe de Chutes Churchill détenant respectivement 65,8% et 34,2% du projet.

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“Il fallait que nous soyons propriétaires du barrage, c’était la conviction politique, à l’époque, alors il fallait que le gouvernement provincial paie le projet” affirme Roger Grimes. La facture du projet, en 2002, s’élevait à 4,16 milliards de dollars, selon le document. Hydro-Québec allait emprunter l’argent à Terre-Neuve-et-Labrador, province dont les revenus pétroliers n’étaient toujours pas à leur apogée et dont la capacité d’emprunt était relativement restreinte. “La façon d’obtenir le meilleur taux d’intérêt était de demander à Hydro-Québec d’emprunter l’argent en notre nom” explique Roger Grimes. “Les gens [du ministère des] Finances me disaient que nous allions presque atteindre la limite de notre capacité d’emprunt. […] C’était un pari, mais ça allait être un succès. Le projet allait être payant.”

Et Roger Grimes soutient que le prix négocié en 2002 donnait à Terre-Neuve-et-Labrador une bonne marge de manœuvre, il reconnaît que certains députés redoutaient une situation où Hydro-Québec, en tant qu’unique prêteur, reprenne le projet en cas de défaut de paiement. Hydro-Québec n’allait pas être propriétaire du barrage, mais elle était responsable de la construction et la gestion de 500 km de lignes à 735 kV vers le sud, ainsi que la construction du poste Montagnais-2. Les documents obtenus par Radio-Canada ne précisent pas le coût de ces installations. Situation financière précaire à T.-N.-L. Selon Roger Grimes en novembre 2002, la seule question à régler était la répartition de l’électricité produite à Île aux Mouette. Il indique que les députés labradoriens de son caucus voulaient s’assurer qu’une partie de l’énergie produite au barrage soit accessible aux clients industriels de la région, dont des alumineries potentielles.

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“Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec étaient très avancés sur le projet de Gull Island, plus qu’on l’avait certainement laissé entendre publiquement. On voit en effet qu’il y avait une entente presque signée pour aller de l’avant” souligne Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal. Roger Grimes reconnaît que la situation financière du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, malgré des revenus pétroliers importants, est toujours précaire. Selon lui, après le fiasco du mégaprojet de Chutes du rat musqué qui a coûté plus de 13 milliards de dollars, soit environ le double de la facture prévue au départ, il est peu probable que la province entreprenne un autre projet seule. Le libéral affirme qu’Ottawa pourrait donc jouer un rôle dans la création du barrage, selon lui.

Normand Mousseau, aussi directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier à Polytechnique Montréal, envisage difficilement un scénario où l’expertise d’Hydro-Québec est complètement écartée de la construction de Île aux Mouette surtout après les dépassements de coûts et les problèmes techniques à Chutes du rat musqué dont la fiabilité des lignes de transmission est toujours remise en question.

Je reste surpris que [dans le projet d’entente de 2002] l’entièreté du risque de la construction soit prise par Terre-Neuve, sans capacité de faire refléter tout dépassement ou tout problème dans le coût de l’électricité livrée. Pour moi, c’est une porte qui aurait pu faire très mal.” Il souligne aussi que les gouvernements autochtones étaient plutôt périphériques dans le projet d’entente de 2002. ” On leur présente un peu le projet puis on dit “voici, on va régler les problèmes après”. Aujourd’hui, ça serait difficile. Je pense qu’il va falloir que les Innus, à la fois pour la ligne de transmission et pour le projet de centrale hydroélectrique, soient plus présents autour de la table” affirme Normand Mousseau.

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Vendre le projet à la population Normand Mousseau ajoute toutefois que le projet d’entente et le prix de l’électricité négocié par Saint-Jean et Québec montrent que “Gull Island reste encore aujourd’hui probablement un des projets de développement les moins chers, potentiellement, en Amérique du Nord”. “[Le projet hydroélectrique de] la Romaine, au Québec, qui a été lancé six ans plus tard en 2008, […] mène à un prix au kilowattheure, au barrage, qui est à peu près deux fois plus élevé que ce qu’on voit pour Île aux Mouette.” indique-t-il.

“C’est un projet qui verra le jour” renchérit Roger Grimes. Il reconnaît pourtant qu’il sera difficile pour n’importe quel premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador de vendre au public un nouveau partenariat avec Hydro-Québec. Depuis des décennies, l’entente de Chutes Churchill un accord en vigueur jusqu’en 2041, représente une injustice historique pour bien des Terre-Neuviens et le gouvernement Grimes a été vivement critiqué par l’opposition progressiste-conservatrice pour sa collaboration avec le Québec, épouvantail de longue date de la classe politique à Terre-Neuve-et-Labrador.

“[Gull Island] dépend de nos leaders politiques et de s’ils ont la capacité de faire face au vieux discours sur le Québec” affirme Roger Grimes. “Le Québec n’est pas l’ennemi et ne l’a jamais été.”

(Article de Radio-Canada)
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