La naissance de la compacte moderne : une révolution automobile devenue banale

Dans l’Europe d’après-guerre marquée par le boom économique permis par le plan Marshall, la classe moyenne est en plein essor. Elle commence à acheter en masse des voitures dans les années 50, telles que les Renault 4CV, Morris Minor, Volkswagen Beetle et Fiat 600. Avec l’augmentation du niveau de vie et l’installation de la culture des loisirs, elle exprime le souhait de modèles non seulement plus performants, mais aussi plus polyvalents, sans qu’ils coûtent trop cher ni à l’achat ni à l’usage.

La recette finale progressera par touches successives pendant une douzaine d’années. En 1962, la British Motor Corporation pose un jalon incomparable avec la BMC ADO16, commercialisée sous les marques Austin et Morris. Ce modèle est une sorte de Mini géante, avec son moteur transversal surplombant la boîte de vitesses, ses quatre roues indépendantes et sa carrosserie bicorps. Courte mais spacieuse, joliment dessinée et tenant extrêmement bien la route, elle révolutionne l’offre pour les classes intermédiaires.

En 1964, l’Autobianchi Primula introduit le hayon et la boîte fixée en bout de vilebrequin. Elle inaugure une architecture mécanique que tous les constructeurs de tractions, ou presque, vont reprendre : le moteur transversal où la boîte n’est plus sous le vilebrequin mais dans son prolongement. Une solution plus fiable, simple et abordable financièrement, permise par une miniaturisation du mécanisme d’embrayage.

En 1965, la Peugeot 204 contribue à la formule de la compacte moderne par son moteur à arbre à cames en tête et ses jambes McPherson. En 1967, la Simca 1100 associe moteur transversal, boîte en bout de vilebrequin, roues arrière indépendantes et hayon, une première dans la catégorie des autos moyennes. En 1969, Fiat revient à la charge avec sa brillante 128 qui reprend la disposition moteur/boîte des Primula/1100 en l’associant à la suspension avant McPherson déjà vue dans la 204, de dimensions similaires.

Le parachèvement de la formule viendra d’Allemagne. Sur la Volkswagen Golf, introduite en 1974, on découvre à l’arrière un essieu de torsion, plus simple que l’essieu Fiat/Zastava. Efficace, simple et relativement peu onéreuse à mettre en œuvre, la formule de la compacte moderne a annihilé les autres solutions, telles que le moteur à plat (Alfa Romeo ou Citroën en Europe) et la propulsion (longtemps choyée par BMW).

Cependant, les constructeurs se sont un peu endormis sur leurs lauriers, préférant engranger des bénéfices plutôt que de continuer à innover ailleurs que sur des détails. En a découlé une uniformisation de l’offre technique, et cette banalisation qui a considérablement édulcoré l’envie d’automobile. Ainsi, ils ont déroulé un tapis rouge à ceux qui ont osé une rupture technologique, ceux qui ont inventé une nouvelle forme de rêve automobile, écologique celui-ci, Tesla en tête.

Sa SUV électrique Model Y est devenue sur les trois premiers mois 2023 la voiture la plus vendue en Europe, balayant sans vergogne une technologie très au point, mais trop ancienne.
#compacte #moderne #histoire #dune #cashmachine #enrayée
publish_date]