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La mort du président Ebrahim Raïssi mettra en péril les tentatives de l’Iran de nouer des alliances contre Israël

La mort du président Ebrahim Raïssi mettra en péril les tentatives de l’Iran de nouer des alliances contre Israël

La mort du président iranien Ebrahim Raisi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai n’aurait pas pu survenir à un moment plus inapproprié pour l’Iran. L’incident s’est produit à Varzaqan, dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan oriental, alors que Raisi et le ministre des Affaires étrangères du pays, Hossein Amirabdollahian, revenaient après avoir terminé leur visite en Azerbaïdjan.

À une époque où l’Iran renforçait stratégiquement ses alliances avec ses voisins non arabes dans le but de contrebalancer l’influence d’Israël sur les pays arabes du Moyen-Orient, ces morts constituent un coup dur.

En moins d’un mois, Raïssi s’est rendu au Pakistan et en Azerbaïdjan, deux de ses principaux voisins, pour renforcer les relations bilatérales. Ces visites ont eu lieu dans le contexte de la récente escalade du conflit israélo-iranien, qui a exacerbé les tensions régionales. La stratégie iranienne consiste à rallier le soutien des pays voisins pour présenter un front uni contre les actions d’Israël à Gaza et au-delà. Cette action diplomatique est essentielle pour permettre à l’Iran de renforcer sa position régionale et de garantir la protection de ses intérêts géopolitiques.

Le Pakistan et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations compliquées avec l’Iran. Les relations de l’Iran avec le Pakistan se sont détériorées au fil des années, les deux parties s’accusant mutuellement de fermenter le séparatisme dans leurs arrière-cours respectifs. Leurs relations ont atteint leur point le plus bas lorsque, en janvier de cette année, l’Iran a mené des frappes contre un groupe militant anti-iranien, Jaish al Adl (Armée de la justice), dans la province pakistanaise du Baloutchistan. Le Pakistan a répondu deux jours plus tard par ses propres frappes aériennes contre les séparatistes baloutches dans la province iranienne du Sistan. La crise semblait sur le point de s’aggraver, mais les deux parties ont pris conscience des coûts d’une telle escalade et, depuis lors, ont déployé des efforts pour normaliser leurs relations. La visite du président Raïssi au Pakistan le mois dernier a, entre autres choses, constitué une étape dans cette direction.

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De même, l’Iran et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations difficiles malgré leurs liens historiques, culturels et religieux. L’Iran et l’Azerbaïdjan sont tous deux des pays musulmans à majorité chiite. L’ayatollah Khamenei, le chef suprême de l’Iran, est d’origine azérie. Cependant, l’Azerbaïdjan s’est de plus en plus aligné sur l’Occident. En conséquence, de nombreux hommes politiques iraniens de premier plan ont qualifié à plusieurs reprises l’Azerbaïdjan de mandataire israélien.

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Cependant, le conflit actuel entre Israël et le Hamas a redessiné les contours de l’alignement au Moyen-Orient, levant le voile sur l’alliance stratégique mais délicate entre les nations arabes et Israël. La manière dont les pays arabes, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Jordanie, ont aidé Washington et Tel-Aviv à atténuer les attaques sans précédent de missiles et de drones iraniens contre Israël a envoyé un message fort sur la position israélienne et iranienne dans la région.

Le chef d’état-major des forces de défense israéliennes a déclaré que l’attaque iranienne avait créé de nouvelles opportunités de coopération au Moyen-Orient. La coalition régionale qui a participé à l’interception de missiles et de drones iraniens a démontré la création d’une alliance régionale israélo-arabe contre l’Iran.

Se sentant de plus en plus isolé, Téhéran s’est rendu compte qu’il lui fallait réévaluer sa stratégie au Moyen-Orient et consolider ses liens avec ses autres voisins non arabes. Les efforts déployés par l’Iran à Islamabad et à Bakou s’inscrivent dans le cadre de ses efforts visant à sécuriser ses frontières ouest et nord et à renforcer sa profondeur stratégique. Les efforts diplomatiques de Raïssi faisaient donc partie d’une stratégie plus large visant à contrer l’influence d’Israël dans la région et à obtenir un allégement des sanctions économiques de l’Occident, qui pourraient devenir plus sévères dans un avenir proche.

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En renforçant ses alliances avec des pays non arabes comme le Pakistan et l’Azerbaïdjan, Téhéran vise à construire un réseau d’États solidaires qui pourraient contribuer à contrebalancer les initiatives stratégiques d’Israël. Cette approche diversifie non seulement les partenariats diplomatiques et économiques de l’Iran, mais crée également un tampon contre les menaces militaires et politiques potentielles d’Israël et de ses nouveaux alliés régionaux.

La visite de Raïssi au Pakistan en avril visait à renforcer les relations bilatérales, notamment dans les domaines de la coopération économique et de la sécurité régionale. Au cours de son voyage, Raïssi et le Premier ministre pakistanais ont convenu d’augmenter le commerce bilatéral à 10 milliards de dollars par an, signalant un engagement fort en faveur du partenariat économique malgré les répercussions potentielles des sanctions occidentales. Les mesures visant à reprendre l’accord sur le gazoduc Iran-Pakistan constituent également une avancée majeure pour Téhéran, susceptible d’apaiser ses difficultés économiques. Leur déclaration commune exhortant le Conseil de sécurité des Nations Unies à prendre des mesures contre Israël pour avoir ciblé illégalement les pays voisins et les installations diplomatiques étrangères a montré leur convergence de position à l’égard d’Israël.

La visite de Raïssi en Azerbaïdjan visait également à renforcer les alliances régionales. L’importance stratégique de l’Azerbaïdjan pour l’Iran réside dans sa situation géographique et son rôle potentiel en tant que partenaire dans diverses initiatives régionales. Le renforcement des liens avec l’Azerbaïdjan permet à l’Iran de créer un front plus unifié dans la région du Caucase, ce qui est essentiel pour contrer les évolutions géopolitiques d’Israël et de ses alliés.

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Les visites du président Raisi au Pakistan et en Azerbaïdjan ont mis en évidence les efforts stratégiques de l’Iran pour renforcer les alliances avec ses voisins non arabes dans le cadre d’une stratégie plus large visant à contrer l’influence d’Israël dans la région. Ces visites ont souligné l’engagement de l’Iran à renforcer la sécurité régionale et les relations diplomatiques avec les principaux pays voisins, créant ainsi un réseau d’alliés plus solide dans un paysage géopolitique instable.

La mort inattendue du président Raïssi compromet considérablement les efforts stratégiques de l’Iran visant à forger des alliances avec des pays non arabes. Ces alliances ont joué un rôle central dans la stratégie géopolitique plus large de l’Iran visant à contrebalancer l’influence d’Israël dans la région. Sa mort crée un vide de leadership à un moment critique, stoppant potentiellement l’élan de ces efforts diplomatiques et provoquant une instabilité dans l’orientation de la politique étrangère de l’Iran. De plus, la perte des engagements diplomatiques personnels de Raisi et de son influence unique pourrait diminuer la capacité de l’Iran à rallier efficacement un soutien régional contre Israël, affaiblissant sa position stratégique et perturbant les plans d’une alliance régionale anti-israélienne.

L’auteur est un officier supérieur de l’IPS titulaire d’un doctorat en études de sécurité de Princeton. Il écrit régulièrement sur les questions géopolitiques et de sécurité. Les opinions exprimées sont personnelles

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