La mort de Nahel à Nanterre : un drame inéluctable qui révèle le racisme de la police

Des décennies de sentiment d’exclusion chez les Noirs et les Arabes et de déni du racisme de la part des autorités ont rendu le drame inéluctable, estime le chanteur.

«Quand j’ai appris la mort de Nahel à la télé, ma première pensée a été de me dire : c’était inéluctable. Depuis des décennies, en France, des jeunes Arabes, des jeunes Noirs, sont maltraités ou assassinés par la police. Et depuis des décennies, on entend dire que la police n’est pas raciste. Que la France n’est pas raciste. Mais pourquoi ne le seraient-elles pas ? Nous qui sommes issus de l’immigration, on sait qu’il y a un problème. Et pour une fois, une image le prouve. Alors oui, on doit se saisir de l’occasion pour dire que la police n’est pas à la hauteur de l’exigence républicaine. Est-ce un crime que de le dire ?

«A chaque fois, on nous dit que c’est la faute du jeune délinquant qui n’aime pas la France. Ce n’est jamais la faute du flic. Dans cette rhétorique est née une suspicion, qui s’est élargie, approfondie, étendue, et qui semble désormais définitive : nous serons hostiles à la police, puisqu’elle prétend être innocente tout le temps.

Jeunesse désespérée

«La jeunesse qui s’exprime aujourd’hui est une jeunesse désespérée. Ils savent qu’ils ne sont pas Français, puisqu’ils sont noirs et bruns, et que la société française, au fond, ne reconnaît comme Français que le blanc. Ils le vivent au quotidien. Peu importe qu’ils aient une carte d’identité française, la suspicion qu’ils ne le sont pas vraiment persiste. Alors au bout de vingt, trente, quarante, cinquante années, ils finissent par se dire : ils ne veulent pas de nous. Puisque nous sommes étrangers dans les pays dont nous sommes or