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La montée de l’extrême droite en Europe: tendances, raisons et conséquences

La montée de l’extrême droite en Europe: tendances, raisons et conséquences

La montée en puissance du dirigeant d’extrême droite Gert Wilders aux Pays-Bas confirme la tendance croissante des partis radicaux dans toute l’Europe, qui exploitent les thématiques identitaires et surfent sur les peurs sociales et économiques qui traversent le continent.

Qu’ils parviennent au pouvoir (souvent avec des coalitions) comme en Italie, en Slovaquie, en Hongrie, ou qu’ils progressent comme en France, en Espagne ou en Allemagne, les partis d’extrême droite ou populistes ont le vent en poupe.

Fondée principalement sur la question de l’immigration et les discours nationalistes et identitaires, la montée de l’extrême droite commence dès la fin des années 70, avec l’augmentation des flux migratoires en Europe, dont l’apogée a été atteinte lors de la crise des réfugiés en 2015 et l’arrivée de centaines de milliers de Syriens sur le continent.

Cette tendance “est à l’oeuvre depuis très longtemps”, estime le chercheur Thierry Chopin, de l’Institut Jacques Delors, soulignant la place prépondérante occupée depuis plus de 20 ans par “le discours hostile aux étrangers, contre l’immigration en provenance des pays musulmans et l’exploitation de la crise migratoire par ces forces politiques”.

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Même s’il a commencé à modérer son discours après sa victoire, Gert Wilders a basé son parcours politique sur une rhétorique populiste islamophobe. De même en Italie, où Giorgia Meloni a principalement axé sa campagne sur la question de l’anti-immigration, tout comme la coalition au pouvoir en Suède soutenue par l’extrême droite.

Des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne, pour n’en citer que quelques-uns, sont également influencés par les discours identitaires et l’immigration demeure un sujet récurrent.

Insécurité

L’extrême droite prospère également sur le terreau de l’insécurité sociale et économique.

“Le sentiment de précarité, d’inégalité face à la mondialisation provoque la montée de ces mouvements”, résume Raquel García, de l’Institut Elcano en Espagne.

Gert Wilders aux Pays-Bas ou Marine Le Pen, arrivée au deuxième tour de la présidentielle de 2022, ont également fait campagne sur la question du pouvoir d’achat, rappelle Gilles Ivaldi, du Cevipof de Sciences Po.

S’y ajoute une crise de représentation, un discours anti-élite et anti-système, et, selon le chercheur, un facteur moins visible mais important, les impact du Covid 19 en 2020. “Les partis d’extrême droite ont beaucoup capitalisé sur les peurs, les frustrations, et le rejet des mesures sanitaires par une partie de la population. Silencieusement, ils ont réussi à mobiliser du soutien”, souligne M. Ivaldi.

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“Le sentiment de précarité, d’inégalité face à la mondialisation provoque la montée de ces mouvements”, résume Raquel García, de l’Institut Elcano en Espagne.

Enfin, le contexte international, particulièrement la guerre en Ukraine, crée une insécurité favorable aux partis radicaux.

Normalisation

“Il y a clairement un moment d’extrême droite en Europe”, insiste M. Ivaldi, soulignant que la progression ou l’accession au pouvoir de ces partis dans plusieurs pays de l’UE sont aussi dues à la stratégie de normalisation entamée depuis des années par ces formations. En France, Marine Le Pen a rompu avec l’antisémitisme de son père, Jean-Marie Le Pen. En Italie, Giorgia Meloni s’est éloignée de l’héritage fasciste de son parti. Les Démocrates de Suède ont fait oublier les origines néo-nazies de la formation.

“Tous ces partis donnent des preuves de respectabilité, ils ont fait ou font l’apprentissage du pouvoir”, note le chercheur, tout en s’inquiétant de la tentation de leur accorder “un blanc-seing démocratique”.

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L’extrême droite subit toutefois des revers, comme l’ont montré les dernières élections législatives en Pologne, remportées par le camp centriste face aux nationalistes populistes du PiS alors au pouvoir.

Mais cela ne doit pas masquer une porosité croissante entre la droite traditionnelle et l’extrême droite, observe M. Ivaldi. “Les idées de l’extrême droite infusent et se diffusent, elles se propagent dans les grands partis, on le voit en France ou en Allemagne”, souligne-t-il.

Pour le chercheur du Clingendael Institute Diederick van Wijk, “on observe un mouvement vers la droite”, qui pourrait se concrétiser lors des élections européennes de juin 2024.

(Avec AFP)

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