Quelles ont été vos réflexions en tant qu’ancien ministre sénégalais, économiste, financier et spécialiste du développement lors de ces débats ? Selon moi, cinq points sont essentiels pour la poursuite des efforts de nos pays, notamment l’accélération des réformes en cours pour augmenter significativement la mobilisation de ressources internes et faciliter davantage l’investissement privé domestique, notamment l’entrepreneuriat avec les investissements directs étrangers (IDE). Cependant, le contexte actuel de hausse généralisée des taux d’intérêt est un obstacle. Nous devons compter sur nous-mêmes, et l’ambition est de ne plus avoir besoin du concours financier de nos partenaires en allant sur les marchés régionaux et mondiaux comme eux.
Il est important de valoriser les actifs des États pour qu’ils puissent générer plus de revenus. Et une révision des règles de quotas du Fonds monétaire international (FMI) permettrait à l’Afrique d’avoir rapidement accès à de la liquidité pendant les crises. Le renforcement de la place de l’Afrique dans le système de gouvernance mondiale, notamment celle des institutions de Bretton Woods, est également crucial. Il est essentiel de prendre en compte les préoccupations de l’Afrique et de ses besoins dans les discussions en cours pour la réforme du système financier mondial avec plus d’équité dans la notation de nos pays et de nos entreprises ainsi que dans la transposition de cette notation en prime de risque.
En ce qui concerne les Droits de tirages spéciaux (DTS), lors du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines en juin 2021, les discussions avaient permis de s’accorder sur le principe d’une réallocation des DTS des pays riches aux pays pauvres. Les pays du G20 ont accepté de réallouer au minimum 20% de leurs DTS, ce qui est à saluer. Cependant, il est possible que certains pays se soient engagés à réallouer jusqu’à 30 à 40% de leurs DTS.
Bien que cela soit un pas en avant, ce n’est pas suffisant. Notre continent a besoin de plus de ressources pour renforcer nos réponses à la pandémie de COVID-19 et faire face aux autres crises imméritées telles que la guerre en Ukraine entraînant une forte inflation dans tous les pays du monde et la dévalorisation de certaines monnaies africaines. Les taux d’intérêt sur les marchés financiers ont également explosé et les pays africains sont obligés de consommer de l’espace budgétaire pour faire face à cette augmentation, ce qui réduit leurs ressources pour d’autres dépenses prioritaires.
Il est crucial que le système multilatéral mette à la disposition de nos États des financements plus abordables, et que les pays du G20 augmentent leurs réallocations de DTS en faveur de l’Afrique. Le FMI doit décaisser rapidement les financements promis au profit de nos pays. Il est également important que la réallocation de DTS se fasse à travers les banques de développement pour qu’elles puissent prêter aux pays africains à des termes moins onéreux. Enfin, il est important d’attirer davantage d’investissements privés sur le continent.
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