Lors de l’annonce des MacBook Pro M3, certains ont pu s’étonner des valeurs annoncées par Apple pour la mémoire vive : 18, 24 ou 36 Go ne sont en effet pas des valeurs classiques. Mais si la quantité de mémoire vive est généralement une puissance de 2 pour la capacité des barrettes, ce n’est pas une obligation et la mémoire LPDDR5 employée par Apple a amené quelques subtilités.
Le premier point à prendre en compte : Apple n’utilise pas des « barrettes » au sens classique du terme. La société place en effet des puces de mémoire LPDDR5X au plus près du processeur, pour simplifier le design des cartes mères. C’est aussi une contrainte de ce type de mémoire : elle a longtemps été obligatoirement soudée à la carte mère.
D’un point de vue pratique, les composants que vous pouvez voir aux côtés des systèmes sur puce Apple sont composés de plusieurs puces de mémoire empilées, dotées d’un bus 16 bits. L’organisation dépend en partie du système sur puce, mais chaque composant peut gérer un bus sur 64 bits (M1, M2 et probablement M3) ou 128 bits (M1 Pro, M1 Max, M2 Max et probablement M3 Max). La densité peut varier : la puce M1 Pro était couplée à deux puces interfacées sur 128 bits (256 bits au total), la puce M2 Pro, elle, passait par quatre puces sur 64 bits, pour la même bande passante, comme le montre iFixit.
Le nombre de composants dépend donc du bus mémoire, qui est de 128 bits (M1, M2, M3), 192 bits (M3 Pro), 256 bits (M1 Pro, M2 Pro), 384 bits (M3 Max) ou 512 bits (M1 Max, M2 Max, M3 Max). Il atteint même 1 024 bits sur les variantes M1 Ultra et M2 Ultra.
De la mémoire non binaire
Depuis des dizaines d’années, l’augmentation de la capacité de la mémoire vive était binaire : une puce de 16 Gb succédait à une puce de 8 Gb, qui remplaçait une puce de 4 Gb, etc. Avec la mémoire DDR5, ce point a été modifié : les capacités non binaires sont possibles. C’est le cas chez Apple mais aussi dans les barrettes : il existe des barrettes de 24 Go de DDR5 par exemple.
Dans le cas d’Apple, les puces M2 et M3 peuvent donc recevoir jusqu’à 24 Go de RAM, sous la forme de huit puces de 24 Gb (gigabits) empilées en deux groupes. C’est la même chose pour les M3 Pro et M3 Max : un modèle doté de 18 Go de RAM intègre en réalité douze modules de 12 Gb, groupés par quatre (soit un bus sur 192 bits). Dans les puces M3 Max, Apple emploie aussi des modules de 24 Gb pour atteindre 48 Go au total (sur un bus 512 bits) mais des modules de 32 Gb (une première) pour atteindre 128 Go de RAM.
Rappelons enfin que même si les barrettes ont des valeurs qui doublent à chaque saut de génération avant la DDR5, le total peut être une valeur qui n’est pas une puissance de 2. En effet, il n’est pas obligatoire de coupler les barrettes par paire (vous pouvez installer une barrette de 4 Go et une barrette de 8 Go, pour un total de 12 Go) et dans le cas où l’ordinateur dispose de plus de deux emplacements, diverses combinaisons sont possibles (deux barrettes de 16 Go et deux barrettes de 4 Go par exemple). De même, Apple a longtemps intégré de la RAM dans certains modèles (certains Power Macintosh, les premiers iBook, etc.) avec la possibilité d’ajouter une ou plusieurs barrettes. Un iBook G3, par exemple, dispose de 32 ou 64 Mo de RAM avec la possibilité d’atteindre 544 ou 576 Mo au total.
Le choix de passer à 18 Go peut donc sembler atypique, mais il est logique dans le cas des puces M3 Pro : avec un bus sur 192 bits, il n’est pas possible de proposer 16 Go au total.
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