La guerre des puces dans la course à l’intelligence artificielle

Derrière le phénomène ChatGPT se cachent des dizaines de milliers de puces électroniques coûteuses et sophistiquées, qui sont devenues un gros problème pour les géants de la technologie dans la course à l’intelligence artificielle (IA), de la Silicon Valley à Taïwan.

Depuis que l’interface d’IA générative a conquis des millions de personnes avec sa capacité à créer toutes sortes de textes d’une simple requête dans un langage simple, la start-up OpenAI, responsable du modèle de langage, et son principal investisseur, Microsoft, sont aux avant-postes. .

“Mais le seul qui gagne de l’argent, c’est Nvidia”, assure Alan Priestley, analyste chez Gartner, en référence au constructeur américain. Microsoft a intégré l’IA générative dans de nombreux services en ligne, mais “n’a pas encore trouvé comment générer des revenus supplémentaires”, ajoute-t-il.

La production de la grande majorité des semi-conducteurs utilisés pour piloter les modèles d’intelligence artificielle dans le monde dépend de deux entreprises, la californienne Nvidia, pour la conception, et la taïwanaise TSMC, pour la fabrication.

Nvidia est connu pour ses unités de traitement graphique (“GPU”), qui vous permettent de jouer à des jeux vidéo haute résolution ou de mener des vidéoconférences. Ces puces capables de traiter de grandes quantités de données ont permis l’essor de l’IA de nouvelle génération.

“La polyvalence et la puissance de l’IA générative ont déclenché un sentiment d’urgence dans les entreprises du monde entier pour développer et mettre en œuvre des stratégies d’IA”, a déclaré Jensen Huang, PDG de Nvidia, lors d’une conférence d’analystes en février.

“Il y a un énorme appétit” pour ces puces, confirme l’analyste indépendant Jack Gold. “Nvidia dit qu’elle peut fournir toutes les puces que les gens veulent. Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait le cas.”

Bien qu’il y ait de l’offre, toutes les organisations n’ont pas les moyens de les acheter. “Des machines suffisamment puissantes pour former des modèles d’IA générative peuvent coûter des centaines de milliers de dollars”, explique l’expert. Sans parler de la consommation électrique.

Intel, le numéro un américain des semi-conducteurs, qui conçoit et fabrique les composants, est à la traîne : “Ils se sont reposés sur leurs lauriers”, déclare Gold. “Ils essaient de produire des puces capables de concurrencer Nvidia, mais c’est un nouveau domaine pour eux, ils n’ont pas fabriqué de GPU depuis au moins dix ans.”

Le groupe californien continue de produire des puces dédiées à l’IA, moins sophistiquées mais indispensables dans de nombreux équipements informatiques, notamment pour le cloud.

“Nous travaillons à démocratiser l’IA”, a déclaré jeudi aux analystes le PDG d’Intel, Pat Gelsinger. Selon lui, certaines capacités d’IA migreront des serveurs vers les ordinateurs, là où Intel “a des atouts”.

Les géants de la technologie travaillent également sur leurs propres composants.

Le site spécialisé The Information rapportait que Microsoft développait depuis 2019 une puce baptisée Athena, censée faire économiser de l’argent. Contacté par l’AFP, le groupe n’a pas confirmé.

“La concurrence s’intensifie dans cet écosystème”, résume Gold.

En septembre dernier, le président américain Joe Biden avait déclaré que la fabrication de ces puces de plus en plus sophistiquées est une question de “sécurité nationale”, notamment face aux ambitions de la Chine.

Biden était allé inaugurer la construction d’une usine de semi-conducteurs dans l’Ohio (est) et a salué une loi adoptée à son initiative, qui a débloqué 52 milliards de dollars de subventions pour relancer la production de semi-conducteurs.

L’Europe a également alloué un montant similaire de fonds pour favoriser cette industrie. Intel a beaucoup investi dans la production et la recherche sur les deux continents.

Les pays occidentaux cherchent à garantir les sources d’approvisionnement de ces composants électroniques présents dans les smartphones, les voitures, les réfrigérateurs, les armes…

“Dieu nous en préserve, mais si la Chine attaquait Taïwan et que TSMC arrêtait la production, l’offre mondiale de puces chuterait de 80 %”, prévient Gold.

Mais la diversification prendra du temps.

“Il faut 3-4 ans pour construire une nouvelle usine spécialisée”, souligne l’analyste.

Désireux de préserver leur leadership dans les puces de nouvelle génération synonymes d’avancées en IA, les États-Unis ont également décidé de restreindre l’accès de la Chine aux technologies essentielles pour la fabrication de semi-conducteurs.