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La grippe aviaire : entre abattages sanitaires et vaccination

La grippe aviaire : entre abattages sanitaires et vaccination

Le virus H5N1 de la grippe aviaire hautement pathogène (HPAI) a été détecté pour la première fois à Hongkong en 1997, puis s’est propagé dans le reste du monde, avec un taux de mortalité de 52 % lorsqu’il se transmet des oiseaux aux humains (873 cas, 456 décès). Depuis 2021, une souche de ce virus circule chez les oiseaux sauvages et les volailles domestiques en Europe et dans les deux Amériques, avec une forte mortalité aviaire, mais peu de cas humains (5 depuis le début de 2023). Les autorités internationales chargées de la santé animale et humaine sont particulièrement attentives aux mutations de ce virus et prescrivent des mesures prophylactiques sévères pour contrôler sa propagation. En 2022, 21 millions de volailles ont été abattues en France dans les zones infectées par la grippe aviaire, notamment dans le Gers, les Landes, la Vendée, la Sarthe et la Bretagne, avec un coût estimé à 1,5 milliard d’euros pour l’État en indemnisation. Les services sanitaires chargés de “dépeupler” les bâtiments à l’aide de dioxyde de carbone ont été débordés par l’ampleur de l’épidémie de H5N1, et de nombreux éleveurs ont dû euthanasier leurs volailles eux-mêmes, parfois en coupant simplement la ventilation des bâtiments. Ces abattages sanitaires ont eu des conséquences non seulement sur la viabilité de l’industrie avicole, mais aussi sur le moral des éleveurs et sur le bien-être des animaux. Des mesures de confinement appelées “mises à l’abri” et des mesures d’hygiène, appelées “biosécurité”, ont été imposées aux éleveurs de volailles pour les protéger du risque de transmission de la grippe aviaire par les oiseaux sauvages. Selon un rapport de l’Assemblée nationale, ces mesures ont eu un impact important sur les petits élevages en plein air, dont le coût économique est plus facile à intégrer pour les grands élevages industriels. La Confédération paysanne a critiqué ces mesures et a négocié avec les autorités sanitaires des aménagements pour les petits élevages en plein air. Les rapporteurs de l’Assemblée nationale et les syndicats paysans soulignent que la biodiversité des élevages peut être un facteur d’immunité contre les virus émergents, qui sont atténués lorsque plusieurs espèces animales coexistent, tandis que les mesures de biosécurité dans les élevages fermés peuvent accentuer la vulnérabilité des volailles, fragilisées par la consommation d’antibiotiques et la standardisation génétique. Dans ce contexte, les éleveurs de volailles ont demandé aux autorités sanitaires de rendre la vaccination contre la grippe aviaire accessible. Jusqu’à présent, la réglementation européenne interdisait cette vaccination car elle empêchait de contrôler si les volailles exportées étaient exemptes du virus, mais cette interdiction a été levée par un règlement du 20 février 2023. En Asie, les pays qui consomment beaucoup de volailles, comme la Chine et le Vietnam, vaccinent leurs élevages contre la grippe aviaire, tandis que les pays à forte exportation, comme la Thaïlande, ne le font pas. En France, 40 % de la valeur produite par le secteur avicole provient de l’exportation, alors que la moitié de la viande de volaille consommée est importée. Seuls les oiseaux élevés dans les parcs zoologiques français sont vaccinés contre la grippe. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a mené des expérimentations sur la vaccination des palmipèdes à foie gras, qui portent le virus de la grippe aviaire de manière asymptomatique et produisent une forte valeur ajoutée. Ces expérimentations ont d’abord été réalisées dans des fermes du Sud-Ouest, puis dans des animaleries du laboratoire de référence à Ploufragan (Côtes-d’Armor). Les résultats ont été jugés suffisamment positifs pour que le ministère de l’Agriculture annonce une campagne de vaccination des canards d’élevage à l’automne 2023, en tenant compte d’un délai de fabrication de 6 à 8 mois. La difficulté technique de la vaccination des volailles élevées pour la viande réside dans leur courte durée de vie par rapport à d’autres animaux d’élevage (environ 60 jours), alors qu’il faut administrer deux doses pour que le vaccin soit efficace. Les éleveurs soulignent que la première dose peut être administrée dès la naissance (comme c’est le cas pour la vaccination contre la maladie de Newcastle), mais selon le rapport de l’Assemblée nationale, les laboratoires pharmaceutiques estiment que le coût de la vaccination est en grande partie lié à la manipulation du vaccin et au suivi post-vaccinal. La vaccination à grande échelle en France ne sera pas possible en raison de la diversité des espèces aviaires élevées et des souches virales concernées. Elle est recommandée par l’Anses pour les canards à titre préventif et expérimental, et pour les volailles en cas d’épidémie de H5N1 HPAI en tant que mesure d’urgence. Dans une zone vaccinée, l’Anses recommande d’abattre uniquement l’élevage touché par la grippe aviaire, sans toucher aux élevages voisins comme c’est le cas pour les élevages non vaccinés. Le système DIVA (Différencier les animaux infectés des animaux vaccinés) est prescrit par les autorités sanitaires pour distinguer les virus introduits par la vaccination de ceux annonçant un nouveau foyer d’infection. Ce système peut s’inspirer des mesures prises à Hongkong, où des volailles non vaccinées sont placées à l’entrée des fermes pour servir de sentinelles car elles portent les anticorps des virus qui entrent dans la ferme et peuvent parfois en mourir, alors que les volailles vaccinées ne montrent pas ces virus. Le terme chinois shaobingji signifie littéralement que ces poulets sont des soldats qui donnent l’alerte en cas de présence du virus. La vaccination offre donc aux éleveurs
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