La désinformation sur la guerre au Moyen-Orient stupéfie les responsables et les chercheurs. Qui répand les mensonges ?

Inspiré par des groupes terroristes tels que l’État islamique, le Hamas a utilisé dès les premières heures de l’attaque une stratégie médiatique réfléchie. Les membres du Hamas ont distribué les images à l’aide de robots de réseaux sociaux provenant de pays comme le Pakistan, contournant les interdictions du Hamas sur Facebook et X, a conclu Cyabra, basée en Israël, qui analyse les médias sociaux. Le groupe palestinien a publié les deux vidéos d’attaques apparemment brutales et a tenté de se présenter sous un jour positif. De toute évidence, ces doubles messages sont destinés à des publics différents, mais leur effet global est de créer une confusion sur ce qui se passe réellement.

Cyabra a découvert que moins d’un jour après le début de la guerre, environ un compte sur quatre sur Facebook, Instagram, TikTok et X publiant des informations sur le conflit était de faux comptes. L’entreprise a identifié des dizaines de milliers de faux comptes, dont beaucoup ont été créés il y a plus d’un an. Le volume important montre que le contenu a été préparé à l’avance et qu’il a été prévu de le diffuser plus rapidement, ont conclu les experts de “Cyabra”. Début novembre, Cyabra avait identifié six campagnes coordonnées d’une ampleur telle qu’elles suggèrent l’implication d’États ou de grands acteurs non étatiques.

La diffusion du message du Hamas a également été facilitée par l’intensité émotionnelle de la question israélo-palestinienne et par les scènes de violence que les combattants du Hamas ont enregistrées en temps réel avec des caméras vidéo puis partagées sur les réseaux sociaux.

Photo : Israël libère des prisonniers palestiniens

Israël, qui mène ses propres opérations de renseignement, s’est trouvé contre toute attente sur la défensive. “Comme l’armée israélienne, les réseaux sociaux israéliens ont été pris au dépourvu et ont réagi avec plusieurs jours de retard”, a déclaré Ben Decker, PDG du cabinet de conseil Memetica et ancien chercheur du New York Times. La réponse d’Israël a été chaotique. Deux responsables du gouvernement israélien ont déclaré au New York Times qu’Israël surveillait l’activité des robots en provenance d’Iran et d’autres pays. Ils ont admis qu’il s’agissait de la plus grande campagne qu’ils aient jamais connue.