Atlantico : Une citoyenne américaine a eu l’opportunité de sauver une vie en 2021 grâce à un défibrillateur qu’elle gardait avec elle, alors que tout laissait penser que la victime n’avait aucune chance de survie. Cette expérience souligne l’importance de la démocratisation de ces appareils, qui pourraient sauver des vies précieuses. Les défibrillateurs sont-ils suffisamment accessibles en France ?
Alexandre Bensaïd : Chaque année, environ 60 000 personnes décèdent en France des suites d’un arrêt cardiaque, dont 95% ne survivront pas. Le défibrillateur, s’il est utilisé rapidement lors d’un arrêt cardio-respiratoire, est un outil indispensable pour sauver une vie. Dans 50% des cas, l’arrêt cardio-respiratoire est dû à un infarctus du myocarde associé à des troubles du rythme cardiaque qui peuvent généralement être corrigés par un choc électrique. Bien que différents types d’anomalies du rythme cardiaque puissent causer un arrêt cardiaque, la plupart peuvent être traités par défibrillation, qui permet de rétablir un rythme normal.
L’efficacité des premiers secours et la disponibilité de défibrillateurs sont des éléments vitaux pour le pronostic des patients atteints d’un arrêt cardio-respiratoire. Si l’intervention ne se produit pas dans les trois minutes, les dommages cérébraux commencent à apparaître et après huit minutes, les dommages deviennent irréversibles. Par conséquent, nous avons besoin d’un plus grand nombre de défibrillateurs, y compris de défibrillateurs de proximité, à disposition.
Heureusement, les défibrillateurs sont de plus en plus répandus en France, en particulier dans les établissements recevant du public, tels que les mairies ou les centres sportifs. Cependant, nous devons encore démocratiser les défibrillateurs et former davantage de personnes pour les utiliser correctement.
La démocratisation de ces appareils devrait-elle aller jusqu’à les équiper dans chaque foyer de France ?
Cette question est complexe car elle touche à la nature même des défibrillateurs. Un défibrillateur manuel nécessite une formation spécialisée pour être utilisé correctement. Cependant, les défibrillateurs semi-automatiques sont de plus en plus courants dans les lieux publics et sont de plus en plus faciles à utiliser.
La rapidité d’intervention est essentielle pour les arrêts cardiaques à domicile car l’intervention du Samu prend environ 13 minutes. Un défibrillateur à domicile pourrait aider certains patients à bénéficier d’une intervention plus rapide. Cependant, tous les arrêts cardiaques ne peuvent pas être récupérés par la défibrillation et les victimes peuvent également être tellement sidérées qu’elles ne sont pas en mesure d’utiliser l’appareil.
Enfin, le coût d’installation du défibrillateur peut être un obstacle pour certains ménages, avec un coût estimé entre 1000 et 2000 euros hors maintenance.
En somme, malgré certains obstacles, la démocratisation des défibrillateurs et la formation du grand public sont essentielles pour sauver des vies en cas d’arrêt cardiaque.
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