La délocalisation des JO irrite les libraires parisiens

Les vendeurs du plus grand marché de livres en plein air d’Europe ont dénoncé les projets du gouvernement parisien de déplacer temporairement l’attraction touristique vieille de 400 ans lors des Jeux olympiques de l’année prochaine.

Le plan visant à réduire considérablement le marché lors des Jeux olympiques d’été de Paris en 2024, qui se déroulent du 26 juillet au 11 août, en raison de prétendues craintes en matière de sécurité, a provoqué la colère des vendeurs.

Ils disent qu’on a l’impression que les autorités veulent les cacher ainsi que leurs étals à côté de la Seine alors que des centaines de milliers de visiteurs sont attendus dans la ville.

Jérôme Callais, président de l’association des libraires de Paris, a déclaré à l’agence de presse Reuters : “Les gens viennent nous voir, comme ils viennent voir la Tour Eiffel et Notre Dame, (mais le gouvernement veut) nous cacher lors d’une cérémonie censée pour représenter Paris.”

Callais a déclaré que des policiers avaient écrit aux vendeurs pour leur dire que 570 des étals, soit environ 60%, devaient être démantelés et enlevés avant la cérémonie d’ouverture du 26 juillet, quand environ 600 000 personnes assisteront aux processions sur la Seine. Les étals ne seront pas autorisés à revenir avant la fin de l’événement de deux semaines.

Plusieurs vendeurs ont déclaré craindre que leurs étals ne résistent pas au démontage, au retrait et au remontage ultérieur. Ils n’ont pas non plus reçu de date précise pour leur retour et craignent que cela n’arrive jamais.

Le marchand Albert Abid a déclaré au journal The Guardian que son stand en bois vieux de 100 ans ne survivrait probablement pas au bouleversement.

“Ils sont très fragiles”, a-t-il déclaré. “Nos étals ne résisteront pas à cette opération, ni le moral des libraires.”

Le gouvernement de la ville a déclaré que les vendeurs déplacés pourront s’installer dans un “village de libraires” pendant les Jeux olympiques.

L’agence de presse allemande Deutsche Welle a déclaré que le gouvernement insiste sur le fait qu’il paiera les frais des vendeurs pour le retrait de leurs étals et pour toute réparation.

La ville a également déclaré qu’elle soutenait le marché et espère qu’il sera finalement reconnu par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en tant que patrimoine culturel immatériel.

La police et les organisateurs des Jeux olympiques seraient sous une pression immense concernant l’événement et en particulier la cérémonie d’ouverture, qui se tiendra pour la première fois à l’extérieur dans un espace public, dans un contexte de risque accru de terrorisme.

Le gouvernement français a déclaré qu’il protégerait les personnes assistant à la cérémonie d’ouverture en déployant 35 000 policiers et autres professionnels de la sécurité.

Les étals de livres menacés bordent les rives de la Seine sur environ 3 kilomètres, les vendeurs étant tenus de vendre leurs marchandises dans des caisses en bois vertes enchaînées à des balustrades en fer le long de la rivière. La rive elle-même a déjà été déclarée site du patrimoine mondial de l’UNESCO, après avoir reçu cet honneur en 1991.