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La curieuse “tentative d’assassinat” d’Ousmane Sonko au Sénégal

Au Sénégal, l’affaire Ousmane Sonko défraie la chronique depuis quelques semaines. Ce leader de l’opposition sénégalaise, réputé pour son franc-parler, a été la cible d’une mystérieuse tentative d’assassinat qui a mis le pays en ébullition. Les événements, survenus en mars dernier, ont suscité un véritable raz-de-marée médiatique et politique, faisant de cette affaire l’un des sujets les plus brûlants de l’actualité sénégalaise et africaine. Dans cet article, nous allons revenir sur les principaux faits et enjeux de cette affaire qui a secoué le Sénégal et mis en lumière les complexités de la politique locale.


Ousmane Sonko n’a pas assisté à l’audience qui s’est tenue jeudi 30 mars pour le jugement qui le condamnait à deux ans de prison avec sursis pour « diffamation » envers le ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang. Cette fois-ci, il n’a pas été empêché de sortir de chez lui par les forces de l’ordre comme ce fut le cas le 15 mars. Selon ses avocats, qui ont présenté un certificat médical durant l’audience, le principal opposant du pays n’a pas pu se déplacer pour des raisons de santé.

Depuis la précédente audience du 16 mars, Ousmane Sonko affirme avoir été victime d’une « tentative d’assassinat ». Il était apparu le soir même depuis un lit de la clinique Suma Assistance de Dakar où il est resté hospitalisé cinq jours. Les forces de l’ordre « m’ont aspergé d’un liquide à bout portant. Un liquide extrêmement toxique qui produit des effets aussi bien respiratoires, des effets au niveau des yeux, des effets au niveau de la peau, des effets au niveau de l’appareil digestif. Ces produits, nous ne savons pas encore exactement de quoi il s’agit », a-t-il déclaré.

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Selon lui, des analyses biologiques ont été envoyées à l’étranger afin d’identifier la nature du produit utilisé. Les résultats sont attendus dans les prochains jours. Un groupe de parlementaires, dont le député et militant Guy Marius Sagna, a porté plainte contre diverses autorités de l’État pour « tentative d’empoisonnement et d’assassinat d’Ousmane Sonko, son avocat Me Ciré Clédor Ly et le député Guy Marius Sagna. »

Face à ces accusations répétées, « le procureur de la République auprès du tribunal de Dakar s’est autosaisi » et une enquête a été ouverte et confiée à la sûreté urbaine, selon Ibrahima Bakhoum, procureur général près la cour d’appel de Dakar. Celui-ci estime ne pas avoir obtenu « du corps médical des éléments pertinents pouvant nous renseigner sur la réalité ou pas » d’une « tentative d’assassinat ».

M. Bakhoum a ensuite expliqué dans le détail comment les enquêteurs ont identifié une personne qui tend une écharpe imbibée de liquide à M. Sonko sur une vidéo. Une scène qui se déroule dans la cohue : l’opposant, assis dans sa voiture, est en chemin pour le tribunal, accompagné de nombreux militants que l’on voit dispersés à coups de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre.

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« S’il y a eu atteinte à l’intégrité physique ou sanitaire de M. Sonko, la seule piste » est qu’une « personne a donné, sur le théâtre des manifestations, une écharpe contenant un liquide », indique M. Bakhoum. Depuis, cet individu qui se déclare être un militant du parti de M. Sonko est « en instance de déferrement » pour des faits présumés « d’administration de substance nuisible à la santé » ajoute-t-il.

Mais pour Ousmane Sonko, il y a erreur sur le coupable. « La personne arrêtée est un petit frère » et cet homme a « seulement tendu un mouchoir imbibé de vinaigre » pour contrer l’effet des gaz lacrymogènes. Ce n’est pas un « citoyen ordinaire. C’est un élément de la BIP [Brigade d’intervention polyvalente, unité d’élite de la police] que moi-même j’ai vu asperger le liquide », a-t-il déclaré.

Ce n’est pas la première fois qu’Ousmane Sonko se dit victime d’une tentative d’assassinat. Depuis 2021, son parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a plusieurs fois dénoncé des tentatives « d’empoisonnement » de son leader, qui estime être la cible d’un acharnement du pouvoir. Des accusations balayées par les cadres de la coalition au pouvoir. Alors que l’élection présidentielle doit se tenir dans moins d’un an, le climat politique est de plus en plus tendu. Le président Macky Sall refuse pour l’instant de dire s’il va briguer un troisième mandat et M. Sonko, tribun populaire aux discours nationalistes, apparaît comme son plus sérieux rival.

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L’affaire de la « tentative d’assassinat » qui fait les gros titres de la presse pourrait-elle se tasser après la condamnation à deux mois de prison avec sursis de l’opposant ? En ne rendant pas inéligible le président du Pastef, elle pourrait annoncer un début d’accalmie. L’apaisement dépendra de la décision de la cour d’appel, que le ministre Mame Mbaye Niang a décidé de saisir. Mais aussi d’un autre dossier : M. Sonko est aussi inculpé dans une affaire de viol sur Adji Sarr, une employée de salon de massage. Il continue de dénoncer un complot pour l’écarter de la course à la présidentielle. Néanmoins, il a levé l’appel à manifester sur tout le territoire national le 3 avril, veille de la fête nationale sénégalaise.

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