La crise de la mer Rouge pourrait libérer le pouvoir des chaînes d’approvisionnement mondiales décentralisées

Note de l’éditeur: Yasiru Ranaraja, commentateur spécial de l’actualité pour la CGTN, est chercheur en affaires maritimes et expert en développement de la BRI. Il est actuellement directeur de la Belt and Road Initiative Sri Lanka (BRISL). L’article reflète les opinions de l’auteur et pas nécessairement celles de CGTN.

La mer Rouge, un canal historiquement vital pour le commerce international, est désormais un foyer d’escalade du conflit. Les roquettes et les drones qui pleuvent sur la marine marchande ont conduit à une réévaluation de la sécurité maritime mondiale et des routes commerciales. La dynamique évolutive de la crise de la mer Rouge met en évidence son impact sur le commerce mondial et la nécessité impérieuse de trouver des solutions à long terme.

Le début de la crise remonte aux attaques ciblées contre des navires liés à Israël par les forces houthistes du Yémen. Cependant, les événements récents ont pris une tournure inquiétante, et des navires apparemment sans lien entre eux sont devenus victimes de ce conflit maritime. Le numéro 9, battant pavillon panaméen et exploité par la société chinoise COSCO, a notamment été touché par un drone, intensifiant ainsi les enjeux.

Ces attaques ont incité le principal acteur pétrolier BP à interrompre temporairement ses expéditions via la mer Rouge, et un certain nombre des plus grandes sociétés de transport de conteneurs au monde ont suspendu leurs services dans la région.

La décision de détourner le trafic du canal de Suez a de profondes implications économiques, en particulier pour l’Égypte, déjà aux prises avec une crise financière. Le canal de Suez, une source de revenus majeure, a généré environ 9,4 milliards de dollars au cours de l’exercice 2022/2023. À mesure que la crise persiste, elle impose un changement stratégique dans la façon dont les routes commerciales mondiales sont empruntées, remettant en question le statu quo et incitant à une réévaluation des facteurs de risque.

Des solutions à long terme

Pour relever les défis multiformes posés par la crise de la mer Rouge, des solutions à long terme sont essentielles. La diversification des chaînes d’approvisionnement devient une stratégie essentielle, réduisant la vulnérabilité aux perturbations ciblées. En outre, le développement de pôles régionaux prend de l’importance comme alternative à la dépendance exclusive aux grands marchés. Une telle décentralisation améliore non seulement la résilience, mais contribue également à la création d’une infrastructure commerciale mondiale plus adaptative.

La crise souligne le potentiel de l’Afrique en tant qu’acteur clé dans la refonte de la dynamique commerciale mondiale. Avec une population croissante et un potentiel économique inexploité, le continent peut attirer les investissements mondiaux en se positionnant comme une destination favorable pour les nouveaux développements énergétiques. Les projets d’énergie propre peuvent servir de catalyseurs pour la croissance économique régionale, favorisant la stabilité et contribuant à un paysage économique mondial plus équilibré.

L’Initiative la Ceinture et la Route (BRI), avec ses vastes développements portuaires à travers l’Afrique, présente une opportunité unique. Le renforcement des réseaux routiers terrestres et leur intégration avec les ports peuvent créer une stratégie globale en matière d’infrastructures. Cette approche favorise non seulement la stabilité dans la région, mais s’aligne également sur l’objectif plus large de créer des routes commerciales interconnectées et résilientes.

Au milieu de l’escalade de la crise en mer Rouge, la communauté mondiale et les organisations internationales ont un rôle crucial à jouer : parmi lesquelles l’Initiative de sécurité mondiale proposée par la Chine, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ainsi que les BRICS pourraient contribuer au rétablissement de la stabilité des routes maritimes régionales et trouver des modèles de développement de la sécurité régionale.

Ces entités peuvent servir de forums de dialogue diplomatique, favorisant la collaboration entre les nations pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et atténuer les risques associés à la perturbation des routes commerciales vitales.

L’Initiative de sécurité mondiale, qui met l’accent sur le renforcement de la coopération en matière de sécurité mondiale, peut faciliter les discussions visant à établir des normes et des protocoles pour sauvegarder le commerce maritime. Simultanément, l’OCS, connue pour l’importance qu’elle accorde à la stabilité et à la sécurité régionales, peut fournir une plate-forme permettant aux pays concernés de s’engager dans un dialogue constructif, favorisant la compréhension et la désescalade.

En tirant parti de ces organisations internationales, les parties impliquées dans la crise de la mer Rouge peuvent trouver des voies de résolution pacifique et de coopération. La mise en place de canaux de communication ouverts et d’engagement diplomatique peut contribuer de manière significative à apaiser les tensions et à prévenir une nouvelle escalade. Dans un monde aux prises avec des problèmes géopolitiques complexes, ces organisations et initiatives constituent des lueurs d’espoir pour favoriser la compréhension et le dialogue, qui sont des ingrédients essentiels pour un environnement maritime international stable et sûr.

Décentraliser les chaînes d’approvisionnement

Comme mentionné précédemment, la crise de la mer Rouge souligne l’urgence de développer des routes alternatives et de décentraliser les réseaux de chaînes d’approvisionnement. Cette approche atténue les risques associés aux conflits régionaux et favorise la création de systèmes de chaîne d’approvisionnement mondiale antifragile. La diversification devient primordiale alors que le recours à des routes uniques s’avère de plus en plus précaire face aux incertitudes géopolitiques.

Alors que la crise de la mer Rouge se développe, elle nous rappelle de manière émouvante la vulnérabilité des routes commerciales mondiales. Au-delà de répondre aux préoccupations immédiates en matière de sécurité, la communauté internationale doit se concentrer sur la refonte des routes commerciales, la promotion du développement régional et la création de systèmes mondiaux résilients. En traversant cette tourmente, il existe une opportunité d’émerger avec des stratégies renforcées capables de résister aux incertitudes géopolitiques et d’assurer la stabilité du commerce mondial à long terme.

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