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La congélation d’ovocytes : une démarche coûteuse encore inéquitable

La congélation d’ovocytes : une démarche coûteuse encore inéquitable

“Depuis des années, j’ai toujours eu l’instinct maternel, mais je ne trouve pas le bon partenaire”, déclare cette femme de Bruxelles. “Je veux donc mettre toutes les chances de mon côté, surtout si je tombe malade dans les années à venir. Cela me rassure de savoir que j’ai des ovocytes congelés. Mais je ne prévois pas forcément de le faire maintenant, peut-être pour l’année prochaine. Je me laisse vivre et je me donne du temps”.

En septembre dernier, Laura a donc décidé d’opter pour un processus de congélation ultra-rapide qui n’endommage que très peu les cellules, de sorte qu’elles puissent être décongelées, fécondées et utilisées ultérieurement. Mais avant d’arriver à cette étape, le processus est assez long et coûteux. Les patientes commencent par un entretien avec le médecin de la fertilité, suivie du contrôle du taux hormonal avec une analyse sanguine et une échographie pour vérifier la réserve ovulaire. Ensuite, elles consultent un psychologue pour s’assurer qu’elles sont bien conscientes de ce à quoi elles s’engagent.

“Ensuite, tout est planifié sur 15 jours, mais il y a de nombreux médicaments à prendre et des prises de sang à effectuer”, précise-t-elle. “Chaque soir, on voit l’infirmière, puis on refait une échographie pour voir les ovocytes, notamment leur taille. Quelques jours après, on refait une prise de sang pour voir si elles sont à maturité, puis plusieurs piqûres avant l’opération. Aujourd’hui, les équipes sont très professionnelles et tout est bien organisé, même si ce n’est pas une garantie de succès”.

“C’est toujours tabou en Belgique et cela reste malheureusement inaccessible pour les femmes qui vivent seules et ont des revenus modestes”

Le budget pour la congélation d’ovocytes oscille entre 4000 et 5000 euros

En effet, d’après de nombreuses études, le taux de réussite par transfert d’embryons réalisés en utilisant des ovocytes congelés se situe entre 35 et 53 %, en fonction de l’âge de la patiente au moment de la préservation. La pratique est de plus en plus populaire en Belgique depuis une dizaine d’années, et s’est encore davantage démocratisée durant la pandémie, lors de laquelle de nombreuses femmes de 21 à 45 ans ont ouvert des ovocytes pour elles-mêmes. L’Illustration à l’UZ Brussel, où la demande a quadruplé en l’espace de cinq ans.

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Si l’idée séduit de plus en plus, le coût de la procédure freine de nombreuses femmes. Il faut en effet débourser entre 2000 et 2500 euros pour un prélèvement. En Belgique, le budget pour la congélation d’ovocytes oscille entre 4000 et 5000 euros, sans tenir compte de la fécondation de l’ovocyte et de la FIV.

“En passant par l’UZ Brussel, j’en ai eu pour près de 2700 euros, mais je sais que ça peut varier d’une femme à une autre”, souligne Laura. “À titre d’exemple, je me rappelle qu’un seul médicament m’a coûté 1000 euros. C’est donc une procédure coûteuse et qui n’est pas accessible à toutes les femmes. Le problème, c’est qu’on ne fait pas tout pour la rendre accessible, il y a beaucoup de profils qui sont oubliés dans les critères de remboursement, notamment les ovaires polykystiques. Je remarque aussi qu’il y a très peu de sensibilisation sur le sujet. C’est toujours tabou en Belgique et malheureusement, cela reste inaccessible pour les femmes qui vivent seules et ont des revenus modestes”.

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“Une démarche qui demande plus de considération”

La députée Sophie Rohonyi (DéFI) plaide pour un remboursement d’autres étapes de la procédure de congélation que les consultations, telles que l’échographie, la prise de sang, la séance chez un psy ou les médicaments qui stimulent l’ovulation.

De nouveaux critères de remboursement ont été récemment validés par le Comité de l’assurance à la suite des propositions du Collège des médecins directeurs et seront intégrés à la convention.

Je continuerai de plaider pour un remboursement d’autres étapes de la procédure de congélation que les consultations, la prise de sang ou la séance chez un psy”

Les nouveaux critères ne concernent que l’endométriose ou les kystes ovariens nécessitant une chirurgie affectant la fertilité. La députée Sophie Rohonyi (DéFI) dénonce le caractère restrictif de ces critères. Elle indique que, par exemple, il n’y a rien concernant la ménopause précoce, un aspect de la procédure qui, à son avis, demande beaucoup plus de considération de la part des autorités. Elle insiste sur la nécessité de rembourser d’autres étapes de la procédure de congélation, telles que l’échographie, la prise de sang, la séance chez un psy ou les médicaments qui stimulent l’ovulation. Ce point n’est pas envisagé pour l’instant et est regretté par de nombreuses femmes qui suivent une démarche responsable.

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De son côté, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, a indiqué que la congélation dite uniquement “sociale” n’a pas pour l’instant vocation à être prise en charge par l’assurance obligatoire.

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