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La chronique sur la rente viagère de Desjardins et la flexibilité des retraits d’un CRI

La chronique sur la rente viagère de Desjardins et la flexibilité des retraits d’un CRI

Un texte paru mardi sur le nouveau produit de Desjardins a suscité quelques interrogations que je qualifierais de «refoulées». Des gens n’ont rien compris, mais ils n’osent pas le dire. J’ai eu quelques messages de remerciements pour les «bons conseils» (quels conseils?), mais j’ai constaté dans les mêmes courriels une profonde confusion. Je vais prendre le blâme.

Le lecteur Denis, lui, ne m’a pas remercié. Il a qualifié ma présentation de «sommaire». Petit rappel : j’écris des chroniques, pas des prospectus. «Il manque définitivement un exemple détaillé pour se faire une tête», souligne-t-il sèchement.

N’allez pas ébruiter ça auprès de la concurrence, je vais vous confier un secret, un truc bien à moi. Alors voilà : la plupart du temps, je fais exprès pour qu’il manque quelque chose.

Si j’épuisais le sujet chaque fois, j’aurais fait le tour en moins de six mois, et il y a longtemps qu’il m’aurait fallu me recycler en rédacteur de prospectus de produits financiers. C’est bien mieux payé que chroniqueur, il paraît, mais le public? Inexistant, au mieux inerte.

Mardi, donc, j’annonçais que l’institution financière chouchou des Québécois a été la première à lancer une rente viagère différée à un âge avancé (RVDAA). J’attendais ce moment. Des lecteurs trouvent ça bien compliqué. Ce ne l’est pas tant que ça. On doit seulement faire un pas de recul.

D’abord : comprendre le principe d’une rente viagère immédiate. Je remets une grosse somme à un assureur qui l’investit dans des obligations à long terme. Dès le mois suivant, il commence à me rendre mon argent par mensualités. L’institution étalera le remboursement du montant que je lui ai confié et les rendements plus ou moins selon mon espérance de vie. Au passage, évidemment, elle se garde une part pour couvrir ses coûts d’opérations et engraisser la ligne des bénéfices.

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Si mon trépas survient au bon moment, j’aurai réalisé un petit rendement, et la compagnie, son petit profit.

Si j’étais le seul client de l’assureur, celui-ci perdrait de l’argent si je m’éternisais le moindrement dans ce bas monde. Mais je ne suis pas seul à avoir acheté une rente. Dans notre groupe, il y en aura qui s’éteindront prématurément. Ceux-là seront déficitaires à l’égard de l’entreprise, mais les sommes qu’ils laisseront sur la table serviront à financer les prestations de ceux qui défient les statistiques de mortalité. On peut toujours souscrire certaines garanties, par exemple, des versements durant un minimum 10 ans. Mais la rente coûtera plus cher.

C’est le contraire de l’assurance vie, dans la mécanique. Les assurés paient des primes chaque année en échange d’un gros montant au décès. Les deux activités présentent des risques opposés pour la compagnie d’assurance, ce qui lui permet de se protéger. Si le taux de mortalité dans sa clientèle est moins élevé qu’anticipé, ça affectera la rentabilité de ses opérations de rentes, mais ça améliorera celle du côté de l’assurance vie.

Dans un système de répartition des risques comme celui de l’assurance, il y a toujours des participants qui paient pour éponger les déboires des autres, sans rien toucher en retour. L’assurance vie temporaire, l’assurance habitation, l’assurance automobile… On casque pour se protéger d’un risque, et heureux ceux qui n’ont pas à réclamer. Qui veut mourir ou voir sa maison flamber?

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Ce qui démarque une RVDAA d’une rente immédiate, c’est qu’il s’écoule une période plus ou moins longue (5 à 30 ans) avant que l’assureur commence à livrer. Ce délai permet d’accumuler des rendements. Et comme les prestations seront versées sur une plus courte période, elles seront plus élevées. Celles-ci devraient en principe prendre le relais d’autres revenus qui s’épuisent.

Pour éviter d’apeurer le monde, Desjardins garantit le capital dans sa RVDAA, avant et après le déclenchement de la rente. Tout ce qui est en jeu pour les clients, ce qu’ils sont susceptibles d’abandonner sur la table en cas de décès prématurés, c’est les rendements qui seront transférés vers les autres rentiers.

Ce n’est pas une grosse assurance «longévité». Si tout le monde renonçait à récupérer son argent après un départ hâtif, la RVDAA coûterait beaucoup moins cher pour un même revenu garanti à vie.

Le lecteur prénommé Germain m’a lancé une question que j’espérais. «C’est quoi le rapport entre la RVDAA et le fait de retarder ses prestations de RRQ et de PSV?» Dans ma chronique, j’ai seulement dit qu’avant d’envisager l’achat d’une rente viagère, on doit repousser les deux prestations publiques en échange d’une bonification. Elles aussi sont versées la vie durant, et en plus, elles sont indexées, contrairement à la plupart des rentes d’assureurs.

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C’est la protection de base contre le risque de longévité, on améliore celle-là avant d’en souscrire une auprès d’une entreprise privée.

Je vois la fin de la chronique arriver, et réalise que je n’ai toujours pas d’exemple chiffré pour Denis.

Ce sera pour une autre fois!

***Flexibilité des retraits d’un CRI

J’ai rapporté il y a quelques mois que le gouvernement du Québec allait lever les contraintes à l’égard des montants maximaux qu’on peut retirer d’un compte de retraite immobilisé (CRI) et de son prolongement, le fonds de revenu viager (FRV).

L’objectif de cette modification est de faciliter la vie des retraités qui voudraient justement retarder leur PSV et leur RRQ. Avec la capacité de piger sans limites dans son CRI, on peut faire le pont jusqu’au déclenchement des deux régimes publics.

Officiellement, ce n’est pas toujours possible. «Mais quand?», demande Louis. Le cabinet du ministre des Finances m’indique que le projet de règlement est en branle et devrait aboutir bientôt. C’est une question de semaines.

Voilà !

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