« La Boucle », éditée en Dordogne, meilleur album au Festival d’Angoulême ?

C’est une première pour la compagnie d’art sonore Ouïe/Dire, qui est aussi éditrice. « La Boucle », de Vincent Vanoli, éditée par elle en Dordogne en 2023, figure parmi les 45 albums en lice pour le Fauve d’or, prix du meilleur album, au Festival international de la bande dessinée, d’Angoulêmeen Charente, qui aura lieu du 25 au 28 janvier 2024.

C’est une première pour la compagnie d’art sonore Ouïe/Dire, qui est aussi éditrice. « La Boucle », de Vincent Vanoli, éditée par elle en Dordogne en 2023, figure parmi les 45 albums en lice pour le Fauve d’or, prix du meilleur album, au Festival international de la bande dessinée, d’Angoulêmeen Charente, qui aura lieu du 25 au 28 janvier 2024.

Une belle histoire de fidélité au long cours, entre son auteur, natif de Lorraine, et Marc Pichelin, directeur artistique de la compagnie Ouïe/Dire, cofondateur de la maison d’édition Les Requins Marteaux, aventurier de l’art tout terrain. Les deux hommes se sont rencontrés il y a trente ans, dans une veine expressionniste et fantastique. Vincent Vanoli compte parmi les auteurs, invité par Ouïe/Dire à participer à « Vagabondages », une résidence artistique pluridisciplinaire au long cours, entamée en 2017, et qui a accompagné la transformation de la cité HLM Jacqueline-Auriol, à Coulounieix-Chamiers.

Ici ou ailleurs

Vincent Vanoli a fait ses premiers pas en février 2020, dans le quartier du Bas-Chamiers. Une zone géographique isolée entre les deux boucles de la rivière, quartier calme et résidentiel, coupé du reste du monde. « Ici, nous sommes à Chamiers, mais nous pourrions être ailleurs », prévient Vincent Vanoli, qui ne connaissait « rien » des lieux, avant d’atterrir ici, aux portes de Périgueux.

Quand je suis arrivé ici, j’ai eu la sensation d’être un étranger à seulement dix heures de train de chez moi

« Avec Marc, il y a beaucoup de confiance. Je n’avais pas l’obligation de faire une BD », témoigne cet auteur phare de la bande dessinée alternative, qui a une quarantaine d’ouvrages à son actif, parus à L’Association, Les Requins Marteaux, notamment. Un homme qui est aussi professeur d’arts plastiques au collège, « deux vies parallèles » dans lesquelles il trouve, dit-il, « un équilibre harmonieux ».

« Quand je suis arrivé ici, j’ai eu la sensation d’être un étranger à seulement dix heures de train de chez moi [NDLR : Vincent Vanoli vit à Mulhouse, en Alsace]. J’ai aimé ce coin complètement inconnu, en me demandant comment j’allais faire pour le découvrir et m’y ancrer. Heureusement que j’avais le dessin », sourit l’auteur.

Le dessin, confesse-t-il, a été « une arme, un outil » pour approcher l’autre, comme peut « l’être orgue de Barbarie pour un chanteur de rue ». Ses balades, où fleure la nostalgie, ont nourri « La Boucle ». Lors de la deuxième semaine de résidence, Vincent Vanoli s’est transformé en journaliste, embarqué par le projet « utopique de Marc », en allant à la rencontre des SDF à La Halte 24, au Jardin des sources, sur les bords de l’Isle ou bien dans l’association d’insertion 3S (Solidarité, soutien, service).

Beauté du quotidien

« Nous devrions tous nous intéresser à ce qu’il y a près de chez nous, je ne l’avais jamais près de chez moi. Ce rôle social, documentaire, a nourri ma narration », explique l’intéressé, qui s’est ensuite appuyé sur la poétique de la rêverie de Gaston Bachelard. « J’aime aussi le travail photographique. Et ces images, comme Depardon, qui nous amènent à voir d’une autre façon nos lieux de vie », ajoute Vincent Vanoli.

Et c’est bien à la beauté du quotidien, en zone pavillonnaire modeste, à qui « La Boucle » rend si joliment hommage. C’est la seconde fois que l’auteur se retrouve dans la liste des nommés du Festival d’Angoulême. Sa BD « Rocco et la toison », parue à L’Association, l’avait été en 2017.