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Khaled Khalifa, de Syrie avec courage – Corriere.it

Khaled Khalifa, de Syrie avec courage – Corriere.it

2023-10-02 16:00:43

De VIVIANA MAZZA, notre correspondante à New York

L’écrivain décédé à Damas à l’âge de 59 ans. Détesté par le régime, il n’a jamais voulu quitter le pays. En 2013, il a remporté le prix Naguib Mahfouz de l’Université américaine du Caire.

Il y a dix ans, un soir, Khaled Khalifa a eu une crise cardiaque, comme celle qui l’a tué samedi 30 septembre à l’âge de 59 ans. Il y a dix ans, hospitalisé en soins intensifs à Damas, il avait imaginé ce qui se serait passé s’il était mort à ce moment-là, dans une Syrie déchirée par la guerre. En l’espace de 5 minutes le roman qui allait naître défila sous ses yeux, Mourir est un travail difficile, publié en Italie par Bompiani. Mes proches portaient mon corps jusqu’à la tombe familiale dans notre village au nord d’Alep, nous a-t-il dit. C’étaient des journées terribles, on ne pouvait pas rejoindre le centre-ville sans passer par plusieurs checkpoints. Et il ajoutait : Je sentais que ce roman me tuerait si je ne le racontais pas. Je l’ai écrit pour ne pas mourir.

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Personne ne pleure le protagoniste de ce livre, décédé de causes naturelles pendant la guerre. Mais aujourd’hui le monde pleure la perte d’un grand écrivain internationalqui avait décidé de rester en Syrie et refusait de renoncer au plaisir, à la joie, à l’imagination et à l’espoir, pendant ces années de répression brutale du régime contre la population.

En 2012, lors d’un cortège en hommage à son ami musicien Rabi Ghazzy, retrouvé mort d’un coup à la tête dans une voiture, sa main gauche a été cassée. Il a écrit que son peuple avait été victime d’un génocide de la part du régime. Dans les moments les plus sombres, lors des massacres, des arrestations, de l’usage d’armes chimiques sur la population, les mots ne venaient pas mais revenaient ensuite. Il a écrit pour la télévision et le cinéma, ainsi que des romans comme des chefs-d’œuvre L’éloge de la haine e Il n’y a plus de couteaux dans les cuisines de cette ville (tous deux Bompiani). Le soir, même pendant la répression, elle se retrouvait avec des amis dans un bar ou chez quelqu’un (au bout d’un moment pas chez elle, car elle était sous surveillance), elle buvait de l’arak, blanc comme le lait de sa mère. Lorsque son quartier de Barzeh était assiégé par le régime, il restait chez lui pendant des jours, parfois sans électricité ni internet. Il aimait cuisiner autant qu’écrire. Il réalise des cornichons en repensant à son enfance, sous le regard du portrait de sa mère, identique à lui. Le régime avait peur de l’arrêter, il craignait le tumulte que cela provoquerait. La police secrète lui interdisait périodiquement de quitter le pays. un problème syrien, il a répondu si vous lui demandiez si vous pouviez l’aider. Finalement, il reprend ses voyages : Beyrouth, Le Caire, Londres, l’Italie, les États-Unis, mais il rentre toujours chez lui. Une fois, ils ont perdu ses bagages à l’aéroport de Rome. L’important c’est mon ordinateur portable, le reste n’a pas d’importance, il m’a écrit pour nous demander de le récupérer. À l’intérieur se trouvait l’unique exemplaire d’un de ses romans inédits.

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Ces dernières années, il s’était installé à Lattaquié, sur la côte : il a écrit et peint. Il rejette l’idée selon laquelle la haine l’emportera : il est convaincu que, si justice existe, les Syriens mettront de côté la vengeance et reconstruiront pour leurs enfants.

2 octobre 2023 (modifié le 2 octobre 2023 | 14h53)



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