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Jeune Ukrainienne de 18 ans craint de devoir retourner dans son pays: une situation “crève-cœur”

Jeune Ukrainienne de 18 ans craint de devoir retourner dans son pays: une situation “crève-cœur”

Une jeune Ukrainienne ayant fui la guerre à l’âge de 16 ans craint de devoir retourner dans son pays car elle ne répond à aucun critère d’immigration en raison de sa jeunesse, une situation déchirante pour sa famille.

« Avant de partir, je m’étais dit : si je pars, je reste [au Québec] », déclare Mariia Nasedkyna, 18 ans.

Elle s’est confiée au Journal en français, bien qu’elle ne connaissait pas un mot de cette langue il y a un peu plus d’un an.

Chaque jour, elle assiste à ses cours de francisation. Elle travaille également à temps partiel comme vendeuse dans une boutique de vêtements. Elle vient d’obtenir son examen théorique de conduite, affichant un sourire de fierté.

« Ma famille fait tout ce qu’elle peut pour que je reste […] mais je suis trop jeune pour être considérée comme une travailleuse qualifiée », déplore-t-elle.

Quand elle parle de sa famille, elle fait référence à sa cousine au premier degré et son compagnon, qui l’ont chaleureusement accueillie dans leur foyer à Terrebonne en décembre 2022.

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Elle avait alors seulement 16 ans. Ses parents, tous deux médecins, sont restés en Ukraine. Son rêve est de travailler un jour dans le domaine de la santé.

Elle est devenue en quelque sorte la grande sœur de ses jeunes cousins de 6 et 8 ans.« C’est comme notre fille», déclare sa cousine Olexandra Nasyedkina, 37 ans, qui a immigré au Québec avec ses parents il y a deux décennies.



Mariia Nasedkyna avec sa cousine Olexandra Nasyedkina, dans leur maison à Terrebonne.


Ben Pelosse / GoM

Cependant, leur lien de parenté ne correspond à aucun critère du programme de réunification familiale d’Immigration Canada, qui lui donnerait accès à la résidence permanente.

Il aurait fallu que Mariia soit accueillie par une demi-sœur, une tante ou une grand-mère, par exemple.

« C’est déchirant car il y a des programmes, mais elle ne correspond à aucun critère, même si elle s’intègre parfaitement », déclare Mme Nasyedkina.

À 40 km du front

Mariia Nasedkyna menait une vie d’adolescente normale à Kharkiv, à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe. Elle était en 10e année, équivalent à la 4e secondaire ici.

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« Je pense qu’il y a un petit problème », a-t-elle dit à ses parents le 24 février 2022, lorsqu’elle a vu des explosions devant sa fenêtre au moment de l’invasion.

Pendant les mois suivants, elle a déménagé trois fois, essayant d’échapper aux bombardements et au manque de chauffage, en vain.

« Il faut la sortir de là », se rappelle avoir dit Mme Nasyedkina au téléphone, alors qu’elle entendait les explosions à l’autre bout du fil.

Mariia a obtenu un visa dans le cadre de l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, puis un permis de travail, qui expire en décembre 2025.

Course contre la montre

Le programme a été conçu comme une voie temporaire accélérée vers la résidence, et non comme une voie permanente d’immigration, explique Immigration Canada par courrier électronique.

Cependant, la guerre est loin d’être terminée et pour de nombreux ukrainiens, l’incertitude règne. Pour rester, il faudra à moyen terme s’inscrire dans un programme de travail ou d’études.

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Mariia n’a pas encore de diplôme. Elle doit d’abord terminer sa francisation, puis achever son secondaire en français afin d’être éventuellement admise dans un programme d’études professionnelles (DEP) pour espérer obtenir sa résidence permanente, un processus qui peut prendre des mois.

« C’est une course contre la montre », résume Mme Nasyedkina.

Seuils controversés

Actuellement, il n’existe pas de voie spécifique au fédéral pour permettre aux Ukrainiens d’obtenir la résidence permanente, à moins d’être parrainés par un membre de leur famille, explique Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes.

De plus, le différend actuel entre la ministre provinciale de l’Immigration, Christine Fréchette, et son homologue fédéral, Marc Miller, concernant les seuils de regroupement familial risque de compromettre la possibilité pour de nombreux Ukrainiens d’être parrainés, craint M. Reichhold.

Mme Nasyedkina comprend les débats actuels concernant les ressources nécessaires pour accueillir des immigrants.

« Mais des personnes comme Mariia n’exigent pas beaucoup de ressources. Nous sommes la ressource », conclut-elle.

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