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Israël envahit Gaza, qui est avec le Hamas ? Analyste Mercuri : « Les pays musulmans ne se rangeront pas du côté des Palestiniens »

Israël envahit Gaza, qui est avec le Hamas ?  Analyste Mercuri : « Les pays musulmans ne se rangeront pas du côté des Palestiniens »

2023-10-11 20:42:20

Les intérêts économiques et les liens internationaux rendent impossible une action unie des pays musulmans en faveur du peuple palestinien. Aux heures où le Hamas lance des appels au monde arabe pour une mobilisation massive en faveur de sa cause, selon Michela Mercuri, professeur de culture, d’histoire et de société des pays musulmans à l’Université de Padoue, il est peu probable que les gouvernements du Moyen-Orient agissent avec conviction et de manière coordonnée. D’un côté, il y a le soi-disant Croissant chiite, composé de l’Iran, de la Syrie et du parti libanais Hezbollah, qui soutient pleinement l’attaque lancée par les milices islamistes depuis la bande de Gaza. De l’autre, cependant, une multitude d’États musulmans qui, à des degrés divers d’implication, espèrent une désescalade qui les sortira de l’embarras d’avoir à choisir entre proximité avec le peuple palestinien et intérêts économiques avec Tel-Aviv.

Le Hamas a demandé le soutien du monde musulman. Pensez-vous qu’il est possible que ces États adoptent une position unie ?
Je crois qu’il n’y aura pas d’action unie de la part de ces pays, sinon une plus grande invitation à la modération au cas où l’action d’Israël s’avérerait particulièrement sanglante envers la population. L’époque de cette Ligue arabe, si unie même dans une perspective anti-israélienne, est révolue. Il est donc clair que chacun de ces acteurs pense également aux intérêts économiques qu’il a avec Israël.

Dans son appel, le Hamas s’adresse particulièrement à la Syrie, à la Jordanie, au Liban et à l’Égypte. Pourquoi eux ?
D’abord parce que ce sont des pays voisins. Et en tant que pays voisins, notamment de la Jordanie, de la Syrie et du Liban, ils accueillent depuis 1948 une importante diaspora palestinienne. Le Hamas a donc l’intention de s’appuyer sur la population palestinienne vivant dans ces États pour accroître son soutien et faire bouger l’opinion publique, évidemment pas seulement dans ces États. Il est possible que la population accepte cette invitation. Par exemple, en Jordanie, une partie d’entre eux s’est mobilisée pour demander au roi Abdallah d’annuler le traité de paix avec Israël. Il est clair qu’il faut ensuite considérer la position des différents gouvernements et la plupart d’entre eux ont maintenu une position plutôt prudente sur ce qui s’est passé, dans la plupart des cas ne condamnant pas expressément l’attentat, mais invitant les parties à faire preuve d’une plus grande modération.

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Le positionnement de Türkiye est intéressant. Recep Tayyip Erdoğan s’est proclamé il y a quelques années le défenseur des Palestiniens, mais il a également mené un processus de normalisation des relations avec Tel Aviv. Il se propose désormais comme médiateur : pensez-vous qu’il évitera de prendre ouvertement parti ?
Erdoğan est l’un des acteurs qui, plus que d’autres, a appelé à la modération, il n’a pas pris parti. Il a assumé ce rôle de médiateur dans différents contextes, parfois il y parvient bien, d’autres fois moins, mais il pense avoir ce qu’il faut pour pouvoir remplir ce rôle. Il y a des années, il s’est proclamé défenseur de la cause palestinienne et une partie de la population turque est d’accord, mais d’un autre côté, il a d’importantes affaires avec les Israéliens. Je fais référence au gazoduc Léviathan, au large des côtes israéliennes, qui est censé acheminer du gaz directement vers la Turquie. Il s’agit d’un accord très important pour la Turquie et en mettant le soutien aux Palestiniens et aux entreprises sur la balance, Erdoğan pense certainement qu’il vaut mieux faire une médiation que de prendre une position claire.

L’autre médiateur possible est l’Egypte qui a appelé ces derniers jours au respect des droits des Palestiniens. Comment se comportera-t-elle en cas d’invasion ? Si les gens se rassemblaient au terminal de Rafah, à la suggestion d’Israël, le Caire pourrait-il décider de l’ouvrir ?
L’Egypte a également une position très particulière. D’une part, en 1979, il a signé les accords historiques de Camp David avec Begin, Sadate et Jimmy Carter dont il avait été la médiation, se rapprochant ainsi d’Israël et recevant ainsi d’importants dons des Américains. De l’autre côté, il y a une partie de la population égyptienne, la plus proche des Frères musulmans, liée à la cause palestinienne. Il faut cependant dire qu’Abdel Fattah al-Sisi gouverne l’Égypte depuis 2013 et est devenu très proche de l’État d’Israël. Comment se comportera-t-elle en cas d’invasion ? Je crois qu’il maintiendra une position aussi impartiale que possible. L’Égypte a récemment fermé le passage de Rafah, le seul qui aurait permis aux Gazaouis de s’échapper lors d’une éventuelle offensive terrestre israélienne. Il est clair que l’Égypte craint que deux millions de personnes vivant à Gaza ne se dirigent vers le territoire égyptien. Il est également vrai qu’en cas d’exode massif de la bande de Gaza, l’Égypte pourrait se trouver contrainte de l’ouvrir sous la pression des différentes opinions publiques occidentales.

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Ceux qui se rangeront ouvertement du côté du Hamas sont l’Iran, la Syrie, le Hezbollah et le Qatar. Pensez-vous qu’ils pourraient lancer une offensive dans le nord d’Israël en cas d’invasion de Gaza ?
Il est difficile de dire si le Hezbollah, l’acteur qui mérite le plus d’attention, ouvrira réellement un front dans le nord d’Israël. Le Hezbollah est prêt, mais il doit aussi faire face à une population véritablement fatiguée de la guerre depuis 2006, c’est-à-dire depuis la dernière guerre entre Israël et le Liban. Et donc il va devoir naviguer entre ces deux positions. On peut cependant émettre l’hypothèse que le Hezbollah pourrait continuer à lancer quelques missiles, ouvrant ainsi un deuxième front, et fragmentant ainsi les énergies militaires israéliennes. Quant au Qatar, je pense qu’il a pour l’instant un rôle plus ambigu : il est vrai qu’il continue de financer le Hamas et qu’il héberge son siège, mais je lui vois difficile de se ranger ouvertement du côté du Hamas. La position du Qatar me semble attentiste. De plus, même si j’ai quelques doutes quant à la sincérité de leur position, il semble qu’ils jouent un rôle de médiateur dans un échange de prisonniers entre le Hamas et Israël. Enfin, je pense que l’Iran continuera à fournir du soutien et des armes, mais n’utilisera pas ses hommes.

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Des doutes émergent également sur la position adoptée par les pays qui avaient entamé une normalisation avec Israël à travers les accords d’Abraham, auxquels s’ajoute l’Arabie saoudite. Vont-ils s’exposer ?
J’ai personnellement quelques doutes quant à l’authenticité de la tentative des Saoudiens de se rapprocher d’Israël, notamment à la lumière de l’accord entre eux et l’Iran négocié par la Chine. L’Arabie Saoudite, jusqu’à ce que la situation soit plus claire, restera et observera la situation. Il n’est pas exclu qu’il puisse ensuite reprendre le dossier en main. Quant aux Émirats arabes unis, à Bahreïn et au Maroc, ils ne s’exposeront certes pas, mais ils sont extrêmement inquiets de cette guerre.

Il reste à voir comment l’ONU, l’UE et les États-Unis pourront maintenir leur position de soutien à Israël en cas de réponse « non proportionnée ». Si le nombre de victimes devait augmenter rapidement, enverraient-ils des messages à Israël pour lui demander de ralentir l’avancée ou resteraient-ils alignés quelle que soit l’issue de l’invasion ?
À ce sujet, nous devons comprendre ce que signifie la « réponse non proportionnée » d’Israël. Qu’est-ce qui est proportionné au meurtre d’un millier de civils, dont des enfants ? Avec cet acte de guerre, le Hamas a provoqué un massacre de la population civile jamais vu auparavant dans ces territoires. Et ça continue. Il est clair que la réponse d’Israël sera une réponse forte avec des lancements de missiles, des raids sur des cibles stratégiques et, peut-être même, une offensive terrestre. Si Israël commence à frapper de manière anormale, tuant des civils, si la situation devient dramatique à Gaza et s’il n’est pas possible d’évacuer les habitants de la bande de Gaza, il est clair qu’il y a de fortes chances que les États-Unis, l’Union européenne et l’ONU pourrait demander une désescalade.

Twitter : @GianniRosini




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