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Ils disent que nous sommes à un tournant (1931)

Ils disent que nous sommes à un tournant (1931)

2023-07-23 00:00:40

PIÈCES HISTORIQUES CHOISIES PAR JOSEP MARIA CASASÚSColonne de Carles Soldevila (Barcelone 1892-1967) a Publicité (11-II-1931). Elle reflète le climat politique en pleine agonie de la dictature militaire de Primo de Rivera qui avait accentué le déclin de la monarchie d’Alphonse XIII, roi qui l’avait parrainée. À peine deux mois plus tard, le 14 avril 1931, les élections municipales donneront naissance à la Deuxième République espagnole.

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La presse étrangère met un accent particulier sur le dernier appel aux tribunaux. On voit qu’au-delà des Pyrénées et de l’Atlantique ils n’ont pas tout à fait cru aux promesses du gouvernement, et lorsqu’ils voient qu’elles commencent à se réaliser, au milieu des abstentions et des réserves, ils supposent que l’Espagne aborde un tournant décisif de son histoire. Cette chose “pivot décisif” est un dir. C’est un dicton qui soutient cet autre, si fréquent dans la prose grandiose : « la dernière lettre ». Vous vous souvenez de la façon dont ces phrases vont, n’est-ce pas ? “Le régime va jouer sa dernière carte”, “C’est la dernière carte du Gouvernement…”. Je ne dirai pas que ces phrases, que nous avons entendues depuis la plus tendre enfance, doivent rester éternellement dans un vide inefficace. Il est très probable qu’ils seront un jour remplis de vie et donneront naissance à un être nouveau et même viable. Mais, sans sous-estimer la force magnifique des circonstances, nous devons tous être persuadés de la nécessité de créer ceux qui manquent, tout en profitant de ceux qui existent déjà. Il y a, sans aucun doute, des tournants décisifs dans l’histoire des peuples, mais ce sont les peuples eux-mêmes qui doivent s’efforcer de préserver leur faculté décisive et non pas rester les bras croisés et se boucher les oreilles, dans l’attente d’un glissement de terrain produit par des éléments plus ou moins catastrophiques. Le régime, indéniablement, est en manque certain de cartes, et surtout d’as, pour jouer son jeu. Mais si le pays est assez naïf pour s’appuyer sur cette rareté et croire que lorsque le régime verra qu’il ne fait pas une seule base, il dira gentiment : « J’ai perdu ; laissez-moi en couper une autre », le pays aura une grosse et désagréable surprise. Est-ce que j’appelle le mauvais temps? Suis-je pessimiste ? Au contraire; si j’ai envie d’encourager et d’avertir c’est justement parce que je ne suis pas pessimiste et que je n’attends pas, les bras croisés, l’arrivée du mauvais temps. Au cours de ces journées, j’ai remarqué que des personnes apparemment équilibrées changeaient d’avis à une vitesse vertigineuse. La tessiture dans laquelle je les avais trouvés le jeudi n’était pas celle qu’ils avaient le samedi ; celui qu’ils avaient samedi ne correspondait pas à celui qu’ils avaient hier… C’est trop d’acrobaties. Vous devez lire les éditoriaux qui paraissent ces jours-ci dans les journaux du parti ; il faut lire les déclarations de ces mêmes parties ; il faut lire les manifestes, ainsi que ceux d’Ortega et Gasset, Pérez de Ayala et Dr. Marañón, comme celle de Santiago Alba… Et puis réfléchissez un peu. Réfléchir pour décider. Et décider Les moments décisifs sont, en grande partie, parce que les hommes les font ainsi.

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