Nouvelles Du Monde

Igor Lipsiz sur l’économie russe

Igor Lipsiz sur l’économie russe

2024-04-02 11:33:51

M. Lipsiz, comparé aux autres Russes Les économistes sont particulièrement pessimistes quant à l’économie russe. Sa croissance est plus rapide que ce que beaucoup d’Occidentaux avaient espéré, précisément en raison des dépenses publiques élevées en armement.

Je ne suis pas pessimiste, mais réaliste. La question est de savoir combien de temps encore la Russie trouvera les moyens de soutenir sa croissance. En fait, le pays manque déjà d’argent. La Russie a déjà retiré beaucoup d’argent du Fonds national de protection sociale (dans lequel la Russie économise depuis des années les excédents de revenus issus de la vente de pétrole, ndlr) au cours des deux dernières années. Sa part liquide s’élève désormais à près de 5 000 milliards de roubles (l’équivalent d’environ 50,3 milliards d’euros). Un peu plus que le déficit budgétaire, qui devrait atteindre cette année 3 000 milliards de roubles (environ 30 milliards d’euros).

La Russie n’est pas en mesure de reconstituer ce fonds en raison de la baisse des revenus issus des exportations. La Russie a récemment gagné environ 63 dollars le baril de pétrole, mais le budget national est fixé à 70 dollars. Et de nombreux autres secteurs d’exportation se sont effondrés à cause des sanctions, comme l’acier et les minerais de fer. Jusqu’à présent, la dette est faible par rapport au produit intérieur brut. Mais d’ici 2026, la Russie devra consacrer 10 % de toutes ses dépenses publiques, soit plus que la santé et l’éducation réunies, pour assurer le service de sa dette. Il me semble, ainsi qu’à d’autres économistes, que la Russie peut encore financer la guerre cette année. Mais après cela, on ne sait pas exactement d’où viendra l’argent.

Lire aussi  Signa Group : Propriétaire de la propriété Elbtower insolvable

L’une des solutions consiste à augmenter les impôts, comme vient d’annoncer le président Vladimir Poutine.

Oui, de nouveaux impôts pour les entreprises ont été inventés depuis des années. De cette manière, les bénéfices dont ils avaient réellement besoin pour investir leur sont retirés. Souscrire des emprunts coûte beaucoup trop cher, avec un taux d’intérêt de base de 16 pour cent. Les obligations ne sont pas non plus une option, car l’État offre des rendements très élevés sur ses titres et bloque ainsi l’argent du marché des capitaux. En raison du risque plus élevé, une entreprise doit offrir des conditions encore plus attractives que l’État, ce qui est très, très difficile. Les investissements étrangers ne viennent plus.

Igor Lipsiz


Igor Lipsiz
:


Image : Archives

Et il n’y a pas de personnel lorsque le chômage atteint 3 pour cent, voire moins. Les quelques ouvriers encore disponibles vont dans les usines d’armement parce qu’ils paient mieux et qu’on est protégé contre l’appel au front. L’État développe le secteur de l’armement, qui s’empare alors des cellules saines de l’économie civile comme un cancer. Mais cela ne durera pas éternellement, comme le montre l’exemple de Gazprom. Tout d’abord, l’entreprise a été arrachée à l’argent par des augmentations d’impôts et d’autres prélèvements, mais elle a ensuite rencontré des problèmes financiers cette année, de sorte que l’État a dû lui restituer 400 milliards de roubles (environ 4 milliards d’euros) provenant de la protection sociale. Fonds pour son programme d’investissement.

Le Kremlin peut-il soutirer encore plus d’argent aux citoyens ?



#Igor #Lipsiz #sur #léconomie #russe
1712049156

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT