Certaines tragédies de l’histoire humaine sont si monstrueuses et d’une telle ampleur que nous décidons de commémorer les victimes chaque année – de leur montrer le respect qui leur a été refusé de leur vivant et de faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais.
Aujourd’hui, nous nous souvenons de plus de 15 millions de femmes, d’hommes et d’enfants africains qui ont subi l’horreur de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves sur une période de 400 ans.
Nous rendons hommage à la résilience de ceux qui ont enduré et rendons hommage à la mémoire de ceux qui ont perdu la vie, ainsi qu’à ceux qui ont lutté pour la liberté et leur détermination à défendre la dignité et l’égalité de tous les êtres humains.
La célébration de cette année, qui a lieu alors que nous commémorons le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous rappelle que malgré des années de travail, le racisme – l’idéologie et le mal qui sous-tendent la traite transatlantique des esclaves – est toujours parmi nous.
Le racisme marque certaines personnes pour des services de moindre qualité, moins d’opportunités et un mépris omniprésent et corrosif. Le racisme engendre l’exclusion, la discrimination, la haine et les conflits. Et ceux qui endurent ce racisme, même aujourd’hui, sont souvent des descendants de ceux qui ont subi l’esclavage dans le passé.
Le mois dernier, j’ai entrepris une visite en Haïti, un petit pays qui a joué un rôle immense dans la fin de la traite transatlantique des esclaves. À un moment donné, Haïti représentait un tiers du commerce transatlantique des Africains réduits en esclavage. C’était aussi le lieu de la première révolte massive d’esclaves, réclamant leurs droits fondamentaux en tant qu’êtres humains. Toussaint Louverture, qui est né captif – esclave de naissance – a mené des milliers d’hommes et de femmes à la révolution, et a obtenu l’indépendance de son peuple.
Haïti est pauvre aujourd’hui et son peuple souffre profondément des inégalités, du sous-développement et de la violence des gangs. Bon nombre de ces problèmes structurels ont leurs racines dans l’exploitation et les méfaits vicieux perpétrés au fil des générations pendant l’esclavage.
Mais le peuple haïtien est riche de culture, d’ingéniosité, de courage et de fierté.
L’histoire de l’esclavage est un terrible rappel de souffrances inhumaines, d’injustices et de pertes. Mais c’est aussi l’histoire d’une lutte victorieuse contre l’oppression et pour la liberté – une quête pour réaliser nos droits humains universels.
Ces droits sont les principes fondateurs des Nations Unies et ils sont à la base du développement durable et de la paix. Pour relever les défis auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui, nous aurons besoin des contributions libres et entières de chacun. Et cela signifie lutter contre le racisme et l’héritage de l’esclavage, qui est toujours à l’œuvre tout autour de nous.
La discrimination raciale est particulièrement préjudiciable aux femmes, hommes et enfants dont l’égalité est niée, et dont les droits sont violés et bloqués. Mais dans un sens plus large, le racisme nous nuit tous. Toute l’humanité est appauvrie lorsque des groupes de personnes sont rabaissés, déshumanisés et empêchés de réaliser leur plein potentiel.
En cette année anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il est urgent que nous renouvelions notre engagement à éliminer le racisme. Et pas seulement notre engagement : notre action.
Alors en 2023, comment honorer la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite négrière transatlantique ? Travailler pour démanteler son idéologie de mépris et d’oppression, avec une mise en œuvre efficace de politiques et de lois fortes. Travailler à abolir son héritage d’exploitation et d’inégalités structurelles – y compris dans l’utilisation des ressources humaines et naturelles, et entre les pays développés et les pays en développement. Et travailler pour réparer et corriger ses conséquences durables – y compris les pratiques et politiques racistes dans les écoles, les forces de l’ordre, les soins de santé et l’emploi.
En ce jour, je me souviens des millions de victimes qui ont été arrachées à leurs foyers, vendues et exploitées. J’honore leur humanité.
Merci
