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Hispanique ou gala ? Le mystère de la légion romaine maudite de Jules César

Hispanique ou gala ?  Le mystère de la légion romaine maudite de Jules César

2024-01-20 06:03:32
Même s’ils n’étaient pas aussi colossaux qu’on le prétend, les éléphants qui combattirent lors des guerres puniques étaient d’authentiques chars de combat de l’Antiquité. Ils totalisaient quatre tonnes et demie et leur force leur permettait de pénétrer les lignes ennemies et de créer le chaos. Parce qu’ils n’étaient pas valables, même les flèches n’étaient pas valables contre eux ; Au IIe siècle, en effet, les généraux de la Ville éternelle affirmaient qu’il en fallait cent pour vaincre un de ces monstres. Il y avait peu de moyens de les arrêter à mi-charge ; peut-être en attaquant leurs jambes ou en utilisant des pièges qui leur feraient perdre l’équilibre. Bref, ce fut un cauchemar de les rencontrer face à face. Imaginer ce que ce serait d’affronter l’un d’eux en pleine Numidie donne des frissons. Et plus encore, armé uniquement d’un « gladius » et d’un bouclier. C’est pourtant ce que durent faire les soldats de la V ‘Alaudae’, la légion romaine qui, en 46 av. J.-C., combattit les soixante-quatre éléphants de guerre du roi Juba à Thapso (Tunisie). Ce jour-là, à la gloire de Gaius Julius Caesar et à la disgrâce des partisans de la cause pompéienne, les animaux ne purent pas faire grand-chose pour donner la victoire à Quintus Caecilius Metellus Scipion en pleine guerre civile. Les chroniques affirment que les combattants, divisés en deux ailes, réussirent à les repousser après un dur combat. Cet exploit fut si réussi que, dès lors, l’emblème de cette unité fut celui du pachyderme. César connaissait déjà les éléphants et savait de quoi ils étaient capables. Ils l’avaient démontré deux siècles auparavant contre la République romaine. C’est pour cette raison que le futur dictateur a honoré l’unité par des applaudissements et des remerciements publics. Il en a fait l’un de ses favoris. À cette époque, il semblait impossible que la légion tombe en disgrâce… mais c’est pourtant ce qui s’est produit. À peine trois décennies plus tard, en 16 avant JC, le V dut subir la plus grande honte qu’une unité de l’époque puisse subir : il perdit son étendard lors de la lutte contre les tribus germaniques du Rhin. Comme si cela ne suffisait pas, en 86 après JC, cette unité connut une issue triste et tragique lorsqu’elle fut rasée en Dacie. Retour à l’origine L’origine du V est aussi controversée que sa triste fin. L’historien Stephen Dando-Collins affirme dans “Légions de Rome” qu’il existait presque certainement déjà en 185 avant JC une unité portant ce numéro en Hispanie, “où les légions de V à X étaient toujours stationnées”. En ce sens, il est également favorable au fait qu’il faisait probablement partie des troupes fidèles à Pompée le Grand qui se rendirent à Gaius Julius Caesar en 49 avant JC en Hispanie Citerior. Année au cours de laquelle Rome était plongée dans une guerre civile qui avait commencé avec la marche de Jules lui-même sur la ville pour prendre le pouvoir et être nommé dictateur. Actualités liées standard Oui Génie ou folie ? Ce qu’on ne vous dit pas sur l’enfer qu’a vécu Hannibal lors de la traversée des Alpes Manuel P. Villatoro Oui, le général carthaginois a mis la République romaine en échec avec son armée, mais il est également vrai qu’il a dû surmonter d’innombrables épreuves et a perdu des centaines d’hommes et de bêtes sur la route Quoi qu’il en soit, et au-delà de l’époque exacte où coulent les racines de cette unité, ce qui est clair est qu’elle fut reconfigurée juste un an plus tard, en 48 avant JC. C’était alors que Jules César lui-même ordonna à Quintus Cassius Longinus, gouverneur de l’Hispanie Ultérieure, l’une des deux grandes provinces entre lesquelles la péninsule était divisée, de recruter une nouvelle légion et de lui donner le numéro du disparu V. « Apparemment, « elle a été recrutée sur le même territoire comme la V Légion dissoute de Pompée le Grand », révèle Dando-Collins. À cette époque, comme l’explique l’ouvrage commun « Histoire des légions romaines », elle fut créée avec « des colons romains installés en Espagne ». Pachydermes Selon la version la plus répandue, cette légion aurait combattu aux côtés de César dans sa croisade particulière contre les Pompéiens rassemblés en Afrique du Nord, où ils avaient le soutien du roi Juba de Maurétanie et de ses gigantesques éléphants de guerre. Le 6 avril 46 avant JC, les deux armées se rencontrèrent lors de la bataille de Thapsus. Ce jour-là, la présence de soixante à soixante-quatre pachydermes (selon les sources) sous le commandement de Quintus Caecilius Metellus Scipion remplit de terreur le cœur des soldats fidèles à Julius. C’est ainsi que l’historien romain Appien du IIe siècle le rappelle : « Peu de temps après, on rapporta que Scipion avançait avec huit légions, 20 000 chevaux (dont la majorité étaient africains), un grand nombre de troupes légèrement armées et trente éléphants ; Avec le roi Juba, qui disposait également d’environ 30 000 fantassins, ils se levèrent pour cette guerre, ainsi que 20 000 cavaliers numides, en plus d’un grand nombre de lanciers et de soixante éléphants. L’armée de César s’alarma et un tumulte éclata à cause du désastre qu’elle avait déjà connu et de la réputation des forces qui avançaient contre elle, et surtout du nombre et de la bravoure de la cavalerie. “La guerre contre les éléphants, à laquelle ils n’étaient pas habitués, leur a aussi fait peur.” Malgré la peur que ces animaux suscitaient en eux, César réussit à insuffler à ses hommes suffisamment de courage pour se battre. Mais, de tous ses hommes, ceux qui se montrèrent le plus arrêtés furent ceux de la V Légion, dont les officiers se portèrent volontaires pour tenir tête aux pachydermes. C’est ainsi qu’Appien écrit : « Alors les hommes de César rassemblèrent tellement de courage que la cinquième légion demanda à se placer devant les éléphants et les vainquit courageusement. » Cela leur valut, toujours selon cet historien, de « porter la figure d’un éléphant sur leurs bannières » en guise de récompense « depuis ce jour jusqu’à nos jours ». Des doutes et encore des doutes La version la plus répandue aujourd’hui parmi les historiens est celle qui affirme que la légion qui combattit à Tapso était le futur V ‘Alaudae’, et qu’elle reçut l’éléphant en l’honneur de cette victoire. Selon les mots de Dando-Collins, l’unité a gagné ce surnom lorsque ses soldats ont fusionné avec des combattants auxiliaires que César avait recrutés en Gaule trasalpine. Suétone lui-même l’a clairement indiqué lorsqu’il a souligné dans ses textes que le dictateur avait recruté et entraîné à la manière romaine une légion “appelée ‘Alaudae’, c’est ce que les Gaulois appellent ‘l’alouette commune'”. Julio lui-même corrobora partiellement cette théorie en révélant dans ses « Commentaires » qu’en fait il avait organisé vingt-deux cohortes d’auxiliaires dans cette région. « À un moment donné, entre les années 45 et 30 avant JC, la V légion et les auxiliaires des « Alaudae » s’unirent pour former la V légion « Alaudae ». La combinaison d’un numéro et d’un nom dans le titre d’une légion était jusqu’alors inédite. Elle ne s’est répandue qu’après la mort de Jules César », explique Dando-Collins. Selon ses propres termes, le général qui l’a créé aurait pu être Ventidius, même si à ce jour des doutes subsistent sur l’origine de son nom et de celui de ses soldats. De leur côté, il y a d’autres voix qui ne sont pas d’accord avec la théorie selon laquelle ce sont les V ‘Alaudae’ qui ont combattu les éléphants de Tapso. C’est ce qu’affirme Julio Rodríguez González dans son dossier « Le Congrès de Lyon sur les Légions de Rome dans le Haut Empire ». Il y souligne que les soldats qui affrontèrent les Pompéiens appartenaient en réalité au V « macédonien ». «Selon Appien, la V légion qui reçut l’éléphant comme emblème existait encore à son époque (Appien écrit dans la première moitié du IIe siècle après J.-C.), époque à laquelle la seule qui existait était la ‘Macédonienne’, puisque la L’autre V légion de l’époque impériale, la V ‘Alaudae’, avait été anéantie par les Daces”, révèle-t-il. Nouvelles liées norme Non Les femmes espagnoles forcées à se prostituer avec les nazis : “Ils les utilisaient pour soigner les homosexuels” Norme Manuel P. Villatoro Non La Reconquista de Cisneros : le génie militaire qui a réalisé le dernier souhait d’Isabel la Católica Manuel P. Villatoro Qu’il s’agisse ou non de celui qui a combattu à Thapso, ce qui est clair est qu’après leur création, les « Alaudae » ont été transférés pendant dix ans en Hispanie puis dans la région du Bas-Rhin pour, selon les mots de Dando-Collins, « affronter aux tribus germaniques situées de l’autre côté du grand fleuve. C’est là qu’en l’an 16 av. J.-C., elle subit l’une des plus grandes humiliations qu’une légion romaine puisse subir : perdre son étendard aux mains de l’ennemi. Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer le déshonneur que cela impliquait, mais pour s’en faire une idée, il suffit de savoir que, selon l’historien du IIe siècle Dion Cassius, il était considéré comme « un petit autel » que la première cohorte avait le devoir sacré de protecteur et qui restait toujours à côté du commandant. Mais cela, comme on dit, est une autre histoire.


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