Pendant les cinq premiers mois de l’année, 20 enseignants ont été sanctionnés en raison d’inconduite sexuelle, une augmentation considérable par rapport aux années précédentes, a constaté Le Journal.
Selon des chiffres récemment publiés par le ministère de l’Éducation, en moyenne une dizaine de professeurs par an avaient vu leur autorisation d’enseigner sanctionnée ou révoquée en raison d’actes à caractère sexuel, pour la période de 2019 à 2021.
L’année dernière, en 2022, ce chiffre est monté à 31, et cette année ne montre aucun signe de ralentissement. De janvier à mai seulement, 20 enseignants ont été confrontés à cette situation (voir les données détaillées ci-dessous).
Cependant, le ministère de l’Éducation indique que cette augmentation “n’est pas statistiquement significative car il s’agit d’une poignée si l’on se réfère au nombre d’enseignants ayant une autorisation d’enseigner valide”.
“Ce n’est pas nécessairement une tendance à la hausse”, indique le porte-parole Bryan St-Louis.
Il y a environ 90 000 enseignants qualifiés dans les écoles québécoises, détenant l’une des autorisations d’enseigner délivrées par le gouvernement du Québec.
Le ministère, qui ne peut expliquer l’augmentation constatée depuis 2022, précise qu’il n’y a eu aucune modification dans le processus de traitement des dossiers pouvant entraîner de telles sanctions.
À la Fédération autonome de l’enseignement, la présidente Mélanie Hubert estime que le mouvement de dénonciation #moi aussi a pu contribuer à “éveiller les consciences”.
De nombreux cas d’agressions sexuelles impliquant des enseignants ou du personnel scolaire ont été médiatisés ces derniers mois, ce qui a peut-être incité de nombreuses personnes à signaler des situations douteuses, ajoute-t-elle.
“Plus on en parlera, plus cela incitera probablement les gens à dénoncer”, affirme Mme Hubert, qui se réjouit de la situation.
Les récents changements liés à l’entrée en fonction du nouveau Protecteur national de l’élève ont également permis de sensibiliser davantage le milieu scolaire à cette question, ajoute-t-elle.
À la Fédération des syndicats de l’enseignement, on voit dans ces chiffres la preuve que les mécanismes en place peuvent fonctionner lorsqu’ils sont bien utilisés.
Ces mécanismes permettent de “ne pas laisser dans le système des personnes qui ne sont pas à leur place”, déclare la présidente Josée Scalabrini.
Suite à une plainte, c’est le ministre de l’Éducation qui décide si l’autorisation d’enseignement doit être révoquée ou non. Un enseignant peut se voir retirer cette autorisation même s’il n’y a pas eu de condamnation devant les tribunaux.
Au cours des six dernières années, 56 membres du personnel scolaire ont été condamnés pour des actes à caractère sexuel, rapportait Le Journal l’année dernière.
Nombre d’enseignants sanctionnés en raison d’inconduite sexuelle :
– 2019 : sanction pour 6 enseignants, révocation pour 4 enseignants (total de 10)
– 2020 : sanction pour 5 enseignants, révocation pour 4 enseignants (total de 9)
– 2021 : sanction pour 7 enseignants, révocation pour 4 enseignants (total de 11)
– 2022 : sanction pour 17 enseignants, révocation pour 14 enseignants (total de 31)
– 2023* : sanction pour 11 enseignants, révocation pour 9 enseignants (total de 20) [Chiffres provisoires au 18 mai 2023]
Les autorisations d’enseigner comprennent les brevets, les autorisations provisoires, les permis probatoires et les licences d’enseignement.
Source : ministère de l’Éducation
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