L’anxiété est de plus en plus tangible dans les rues de Sarcelles (Val-d’Oise), à mesure que l’offensive de l’armée israélienne à Gaza se précise. Si beaucoup d’habitants de la « Petite Jérusalem » refusent de céder à la peur et continuent de vivre normalement, d’autres craignent une importation du conflit.
Le taux d’absentéisme, particulièrement dans les établissements privés juifs, en dit d’ailleurs long sur l’état d’esprit général de la communauté. Ce vendredi 13 octobre, on comptait entre 10 et 15 % des effectifs habituels dans les salles de classe selon René Taieb, président de l’Union des communautés juives du Val-d’Oise. À titre d’exemple, ce vendredi, seuls 44 enfants sur 366 étaient présents sur les bancs de l’école privée Ozar Hatorah, où s’est rendu mercredi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Aujourd’hui mes enfants étaient à l’école, mais si je ne travaillais pas, je les aurais gardés avec moi. On a tous très peur des répercussions », confit Léa, mère de trois enfants de 5, 7 et 9 ans.
« On a applaudi ceux qui étaient venus pour leur courage. Notre seul but en tant qu’enseignant est de faire passer un message de confiance et éviter à tout prix de transmettre des angoisses aux petits. On veut qu’ils reviennent le plus rapidement possible », espère une professeure de primaire.
L’attentat d’Arras renforce les craintes
« Il y a effectivement moins d’élèves dans les écoles juives depuis le début de la semaine, confirme Patrick Haddad, maire PS de Sarcelles. C’est encore plus notable ce vendredi en raison d’un appel lancé hier sur WhatsApp par un dirigeant du Hamas pour organiser un jour de colère qui vise à attaquer la communauté juive. » Dans ce contexte, l’édile entend l’inquiétude des parents mais il souligne que ces menaces n’ont pas été avérées contre les écoles juives et que tout est mis en place par les forces de l’ordre et le Préfet pour que les enfants soient en sécurité.
Selon l’élu, l’attentat terroriste qui a eu lieu vendredi matin dans une école à Arras vient tristement renforcer la méfiance des familles. « Même s’il s’agissait d’une école laïque, c’est difficile de ne pas faire le lien entre ce qui s’est passé et le contexte actuel. »
« Il ne faut pas rentrer dans le jeu de la terreur »
Des consignes ont également été émises par les établissements auprès des parents. « On nous a demandé de récupérer rapidement nos enfants et de ne surtout pas traîner devant l’école pour discuter avec les autres parents. On les met directement dans la voiture et on file », précise Léa, 32 ans.
Comme beaucoup, elle se souvient de la manifestation propalestinienne qui avait eu lieu en juillet 2014. La ville avait été le théâtre de violentes émeutes : commerces et voitures incendiées, tirs de mortier, synagogue attaquée aux cocktails molotov… « 2014 est la preuve même que ces événements à l’autre bout du monde ont des répercussions ici, admet le rabbin Laurent Berros. Ça continue de marquer les esprits de notre communauté, d’où l’inquiétude ambiante. »
Depuis quelques jours, Ouriel, 20 ans, dort très peu et analyse tout ce qui se passe autour de lui. « Il n’y a pas une seconde ou l’on se dit qu’on est à l’abri. Dès que je sors de chez moi je suis dans la paranoïa. Ce sont des menaces permanentes sur les réseaux sociaux, même dans les lieux publics, les transports en commun. »
Une surveillance accrue
« La communauté est actuellement dans une psychose mais il ne faut pas rentrer dans le jeu de la terreur, tout en restant vigilant, insiste Moïse Kahloun, président de la communauté juive. Un effort conséquent est fait par les pouvoirs publics et le préfet pour que tout le monde soit protégé et se sente en sécurité », assure-t-il. Sarcelles fait partie des villes pour lesquelles les dispositifs de sécurité ont été renforcés : ronde de la police municipale, des gendarmes, de médiateurs et sentinelles ont été mis en place aux abords des lieux de cultes, commerces juifs et écoles.
Une surveillance accrue qui a le mérite d’apaiser une partie la population. « Bien sûr je suis inquiet, mais je n’ai pas peur. Les forces de l’ordre sont extrêmement présentes, c’est rassurant », tient à souligner Yoni Haddad, habitant de Sarcelles également. « Du moment que l’on sécurise et que l’on prend les mesures nécessaires comme l’interdiction des manifestations c’est le principal. On ne peut pas s’arrêter de vivre », insiste Mendel, 28 ans.
2023-10-13 21:30:00
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