Genève, avec son lac, son jet d’eau et ses embouteillages. La ville de Calvin est la plus congestionnée en Suisse. Les automobilistes y ont perdu cinq jours coincés derrière leur volant en 2021, selon les données de la société de GPS TomTom.
Il n’est pas étonnant que la mobilité alimente des débats incessants. Il est également compréhensible que les politiques ne se battent pas pour obtenir le département qui gère cette politique publique. Plusieurs d’entre eux ont échoué dans cette quête. Le dernier en date, le centriste Serge Dal Busco, n’a pas été épargné et a été critiqué par son propre camp pour avoir cédé trop facilement aux partisans de la mobilité durable.
Dans ces conditions, seul Pierre Maudet, le paria de la politique genevoise revenu au pouvoir grâce à la volonté du peuple, pouvait hériter de ce département problématique. Le conseiller d’État, qui se revendique désormais de gauche et de droite, réussira-t-il l’impossible ? Peut-être pour se différencier de son prédécesseur, qui a parfois été critiqué pour prendre des décisions unilatérales par arrêtés, le nouveau magistrat organise des états généraux des mobilités. Il s’agit de deux jours de réflexion pour dresser un état des lieux de la situation actuelle, qualifiée de “insatisfaisante aux yeux de la population”, et élaborer des solutions.
L’élu, qui est plutôt connu pour son autorité verticale, évoque ici “deux journées d’échanges et de collaboration” qui alimenteront sa réflexion lors de l’élaboration des plans d’action. Que peut-on en attendre ? Si le magistrat souhaite satisfaire à la fois les partisans de la mobilité douce et ceux qui défendent farouchement la place de la circulation motorisée en ville, il est fort probable qu’au final, personne ne soit satisfait. Luc Barthassat s’y était risqué et on connaît le résultat.
Pierre Maudet devra donc faire des choix en respectant la loi qui consacre l’hypercentre aux mobilités douces et aux transports en commun. Il devra également garder à l’esprit les objectifs du plan climat cantonal visant la neutralité carbone d’ici 2050. En bref, il devra arbitrer entre des choix contradictoires. Une politique de mobilité dignement menée ne se réalisera pas sans opposition. Pierre Maudet est donc condamné à décevoir, quelles que soient ses décisions.
