Genève sous une pluie de montres et de bijoux
Christie’s, Sotheby’s et Antiquorum tiendront leurs grandes ventes d’automne du 4 au 7 novembre. Attention, trésors en vue!
Publié aujourd’hui à 05h30
Genève est actuellement inondée d’affiches annonçant les grandes ventes aux enchères d’automne. Et c’est Antiquorum qui donnera le coup d’envoi des ventes en salle. Le samedi 4 novembre, la maison genevoise proposera 245 lots, allant des montres aux chronomètres de marine en passant par les horloges de table. Parmi ceux-ci, on retrouve une montre de Gérald Genta avec un cadran inhabituel représentant le joyeux Mickey qui indique l’heure en tendant les bras. Ce modèle emblématique des années 90.
Cependant, Antiquorum a gardé le meilleur pour la fin. Le lot 245, une Rolex Oyster Perpetual en acier, réf. 6098, fut offerte au célèbre alpiniste et médecin Gabriel Chevalley à son retour de l’expédition suisse de l’Everest en 1952, en reconnaissance de ses exploits. Cet homme a joué un rôle central dans les premières expéditions himalayennes. De plus, la montre est accompagnée d’accessoires tels que des pics à glace, des crampons, des photographies et un livre signé par tous les membres de cette épopée. Son estimation est comprise entre 20’000 et 40’000 francs.
Le dimanche 5 novembre, plus de 340 lots seront présentés, dont près de 60 montres de poche. Parmi eux se trouve une tabatière en or jaune et émail datant de 100 ans, cachant une scène animée de onze figurines de basse-cour (estimée entre 100’000 et 200’000 francs). Il y a aussi une Patek Philippe réf. 865/95m « Romanshorn » en or jaune de 1988, peinte par l’experte en émail Suzanne Rohr. Cette miniature représente le village de Romanshorn, situé au bord du lac de Constance, dans le canton de Thurgovie. Il est important de noter que la complexité de son travail faisait que la Genevoise ne produisait en moyenne que deux pièces par an et que beaucoup d’entre elles n’ont jamais été commercialisées. Son estimation est comprise entre 500’000 et 800’000 francs.
Les 6 et 7 novembre suivront les ventes de Sotheby’s intitulées « Vienna 1900: An Imperial and Royal Collection ». Il s’agit de la plus importante et la plus grande collection de bijoux impériaux et royaux viennois jamais mise aux enchères. Au total, plus de 200 lots appartenant à un seul propriétaire et provenant des maisons royales européennes liées à la dynastie autrichienne des Habsbourg. Ce qui est étonnant, c’est que cette collection qui réapparaît pour la première fois depuis près d’un siècle a conservé toutes ses pièces dans leur état et conception d’origine. Elle était cachée dans un coffre-fort de banque. Son estimation globale est estimée entre 3 et 5 millions de francs.
Parmi les pièces phares de cette collection, citons cet impressionnant ornement de corsage composé de perles naturelles. Il a été offert à l’archiduchesse Marie Thérèse d’Autriche-Teschen comme cadeau de mariage en 1865. Selon les experts, il s’agit probablement du bijou le plus important du XIXe siècle mis aux enchères ces dernières années. Son estimation est comprise entre 270’000 et 450’000 francs.
Le collier de la maison Adler, orné d’une tourmaline Paraíba de 93.94 carats, appelé “The Blue Lagoon”, est estimé entre 1,3 et 2,5 millions de francs.
Sotheby’s présentera également sa vente traditionnelle “Magnificent Jewels and Noble Jewels” le 8 novembre. Elle mettra en vedette des pièces importantes, tant anciennes que contemporaines, ainsi que des bijoux historiques rares et une belle sélection de diadèmes datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Un collier spécialement créé par Adler pour la vente risque de faire sensation. Son estimation est comprise entre 1,3 et 2,5 millions de francs. Cette pièce entièrement pavée de diamants est centrée autour de la plus grande tourmaline Paraíba de qualité exceptionnelle jamais mise aux enchères. Baptisée “The Blue Lagoon”, elle est remarquable par son poids – 93,94 carats! -, son absence d’inclusions, sa taille ovale et sa couleur néon spectaculaire.
Christie’s, qui organise des ventes en ligne du 3 au 16 novembre, mettra aux enchères le collier de perles Fürst porté par Audrey Hepburn dans la scène finale du film “Roman Holiday” – qui lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice. Christie’s tiendra également une vente de bijoux en salle le 7 novembre. Le point culminant de cette vente sera le diamant bleu royal. En possession privée depuis cinquante ans, ce diamant taillé en poire Flawless Fancy Vivid Blue de 17,61 carats est la plus grande pierre de ce genre jamais mise aux enchères. Son estimation est comprise entre 31,8 et 45,4 millions de francs.
Le 6 novembre, ce sera au tour des montres d’être mises aux enchères. Cette grande collection, constituée par le collectionneur Mohammed Zaman (Sultanat d’Oman) au cours de quarante années de passion, comprend comme pièce phare la Grande et Petite Sonnerie n° 1 de Philippe Dufour. Cette montre au design sobre a demandé plus de deux ans de travail avant d’être terminée en 1992. Cette Répétition Minutes Carillon, d’un diamètre de seulement 39 mm pour une épaisseur de 14 mm, était la première montre réalisée par Philippe Dufour en tant qu’horloger indépendant. Son estimation est de 4 à 6 millions de francs.
Sylvie Lefebvre-Guerreiro est rédactrice en chef du magazine Tribune des Arts depuis 2021. Journaliste au sein du même titre depuis janvier 2000, elle est spécialisée dans l’art, l’horlogerie et la joaillerie.
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