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Garrone : “C’est la faute de Robin des Bois si je parle d’injustices”

Garrone : “C’est la faute de Robin des Bois si je parle d’injustices”

2023-10-06 12:46:49

AGI – Ni Calvin, ni Homère, ni les autres : c’est peut-être Robin des Bois et son combat contre l’injustice qui a déterminé la poétique de Matteo Garrone, Lion d’Argent à Venise pour “I Captain” et désormais en lice pour les Oscars 2024, représentant le cinéma italien.

Le réalisateur romain était à Gênes pour rencontrer le public dans les salles “Corallo” et “America” ​​du Circuito Cinema, où les trois projections de son film ont affiché complet en quelques heures seulement. Des lycéens d’une trentaine d’années se sont pressés dans les salles pour assister à une œuvre qui mêle réalité et fable pour raconter l’épopée souvent tragique de l’émigration. AGI a rencontré Garrone entre une séance et l’autre et a retracé avec lui la genèse du film.

Garrone, te souviens-tu du moment exact où tu as décidé de faire “I Captain” ?

Je me souviens d’être allé il y a de nombreuses années rendre visite à un ami dans un centre d’accueil à Catane. C’était un centre pour mineurs et là on m’a raconté l’histoire de Fofana, ce “Je capitaine” qui a donné son titre au film et qui est devenu toute la partie finale du film : un garçon qui, à l’âge de 15 ans, a amené 250 personnes sauvé en conduisant un bateau. Cette histoire m’a marqué : elle m’a fait penser aux romans marins de Stevenson, de Jack London. Puis j’ai fait “Pinocchio” et le temps a passé, mais c’était comme si ce film était venu me prendre à un moment donné, comme s’il m’avait choisi : je ne me souviens pas du moment exact, mais je me souviens que je me suis retrouvé je travaille sur cette histoire. J’ai recueilli d’autres témoignages, histoires et les ai rassemblés, jusqu’à la naissance de « Je capitaine ».

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Avec ce film, il change son regard sur les migrants, dont on a l’habitude de suivre le débarquement et non le départ. Pouquoi?

L’une des raisons qui m’a poussé à faire ce film était justement l’envie de changer de perspective, de raconter en contrechamp toute cette partie du voyage qui est habituellement méconnue et de montrer que derrière tout cela il y a des familles, des désirs, des rêves, des gens. qui ont les mêmes intérêts que nous. On l’oublie. Le film montre le voyage de ce point de vue, leur donne la parole : je n’ai fait que jouer le rôle d’intermédiaire. J’ai un avantage pour raconter des histoires, car en utilisant des images, je peux être plus efficace dans certains cas. Le cinéma a un grand pouvoir, mais cela dépend évidemment de la manière dont vous l’utilisez. Son véhicule est puissant.

Les critiques ont établi de nombreux parallèles entre elle et Italo Calvino. Qu’en penses-tu?

Je n’ai jamais lu Calvino, car j’ai commencé à lire très tard, presque vers l’âge de 19 ans. Mais je me souviens plutôt du premier film que j’ai vu quand j’étais enfant : Robin des Bois. Le thème de la justice est donc quelque chose de récurrent pour moi. Il revient aussi aujourd’hui, avec “Je capitaine” qui, en fait, parle d’une profonde injustice, de ceux qui, d’une certaine manière, sont jeunes, veulent bouger, mais se voient refuser la liberté de le faire. Ce thème m’est peut-être resté depuis : pour être honnête, c’est une réflexion que je fais maintenant, avec cette question. Je n’y avais jamais pensé auparavant.

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Il représentera l’Italie aux Oscars, mettant en lumière un sujet qui place notre pays au centre du débat. Qu’en penses-tu?

Le film aborde un thème universel. Ensuite, en tant que pays, nous avons toujours été des migrants. C’est un film que j’ai commencé à faire il y a trois ans, sans penser qu’il était pour ou contre un gouvernement. Mais c’est un film qui permet d’avoir un regard différent, qui peut faire réfléchir. Je ne pense pas que la politique ignore ces choses. Je ne pense pas que la force de ce film réside dans l’information qu’il donne : malheureusement, nous savons tous que des gens meurent dans le désert, qu’il y a des camps de détention en Libye, que des gens meurent en mer. Mais c’est un film qui a des qualités qui sont davantage liées à l’histoire, à la capacité des acteurs à pouvoir toucher les cordes sensibles du spectateur : je pense que ce sont ces choses qui restent. Après quelques minutes, le spectateur sympathise avec Seydou et sa pureté, sa vérité et son humanité. Elle fait le voyage avec lui, le vit émotionnellement avec lui, le suit dans le voyage du héros. C’est une structure classique, dans le drame de cette époque.

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Vous travaillez déjà sur un autre projet ?

J’aimerais avoir un nouveau projet, mais pendant cette période, j’accompagne le film partout et je n’ai pas eu l’occasion de m’arrêter et de réfléchir à de nouvelles choses. Je rencontre des publics transversaux, de tous âges, qui me récompensent de mes efforts, qui sont émus. Un public de nationalités diverses : je rencontre souvent des garçons et des filles africains, qui ont peut-être fait le voyage. A chaque fois il y a un nouveau débat, des échanges très passionnants.

Depuis qu’il a commencé à penser au film, il y a trois ans, beaucoup de choses ont changé : aujourd’hui, on parle de pratiquer la RCR en Italie, ou d’introduire une « caution » de 5 000 euros pour ne pas y être emprisonné. Qu’en penses-tu?

Je n’entre pas dans les débats politiques, mais je crois personnellement que la meilleure façon de lutter contre les trafiquants d’êtres humains et cette profonde injustice est de remettre de l’ordre dans les visas et de régulariser les flux d’entrée, afin que ces personnes puissent entrer et revenir librement, sans avoir à mettre leurs vit en jeu, comme le font les enfants du monde entier. Beaucoup arrivent, mais ont aussi l’envie de rentrer chez eux.



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