Gare aux arnaques en ligne : l’escroquerie des SMS et Whatsapp

Journaliste à la rédaction Générale
Publié le 25/03/2024 à 06:37

« Bonjour, c’est un emploi à temps partiel qui vous est recommandé par Tempo-Team ». Le début du SMS que nous avons reçu par Marie (prénom d’emprunt) a tout pour mettre en confiance puisque la jeune femme a été inscrite lorsqu’elle était étudiante comme jobiste, dans cette société d’intérim.

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« Grâce à une formation gratuite, vous pouvez gagner immédiatement 200 à 800 euros en accomplissant les tâches de travail le même jour », poursuit le message, venant d’une adresse e-mail. « Notre travail est simple : utilisez simplement une partie de votre temps libre chaque jour pour augmenter les clics sur les réservations d’hôtel (…) » Et le SMS se termine par un numéro de téléphone belge à contacter via Whatsapp.

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« J’étais curieuse, même si ça semblait trop beau… J’ai envoyé un SMS et une certaine Anna m’a répondu en anglais. Elle m’a expliqué qu’elle travaillait pour booking.com, et qu’il s’agissait d’augmenter la visibilité d’hôtels via des clics et des commentaires. Cela leur permettait alors d’être mieux référencés sur Tripadvisor ou Expedia. Tout semblait très crédible finalement.

Pour cela, ils payaient à la prestation, en fonction du nombre de jours consécutifs où l’on postait des commentaires. Et ils passaient par la cryptomonnaie, des USDT, pour ne pas être taxés. On pouvait ainsi atteindre jusqu’à 6.200 USDT, l’équivalent de 6.000 dollars ou 5.800€, par mois. Elle m’a proposé une formation en ligne d’une petite heure. J’ai accepté, par curiosité là encore. Et tout semblait facile mais j’ai tiqué lorsqu’elle m’a demandé mes coordonnées bancaires, pour créer le compte sur lequel la cryptomonnaie allait être versée. Là, j’ai compris que l’objectif de l’arnaque était d’avoir mes infos personnelles et bancaires, et j’ai coupé court à la conversation ».>

Des milliers de victimes

Cette escroquerie très bien organisée et pensée, a déjà fait des ravages au niveau mondial. Et si elle nécessite pas mal de temps pour les escrocs, Marie ayant discuté plus d’une heure avec la fameuse « Anna », ils s’y retrouvent : cette escroquerie a déjà soutiré environ 100 millions d’euros à des milliers de victimes dans le monde entier, selon la société de cybersécurité, CloudSEK !

Et cela n’étonne pas Olivier Bogaert, commissaire à la Computer Crime Unit. « Les escrocs s’adaptent et élèvent leur niveau », dit-il. D’o l’importance d’être extrêmement vigilant lorsqu’on répond à un inconnu via n’importe quel canal (SMS, Whatsapp, téléphone) ou que l’on clique sur un lien. « Ces escrocs misent ici sur l’appât du gain : en tant qu’internaute, on va être tenté par ces revenus complémentaires, cette proposition d’arrondir ses revenus facilement… Ils misent sur la réponse rapide, sans réfléchir, de leurs victimes pour pouvoir en profiter ».

Comment ont-ils accès à ces données personnelles, en évoquant Tempo-Team pour faire écho à un passé de jobiste ? « On sait que les bases de données de plusieurs grosses structures ont été piratées et dès lors, les données des clients comme les noms, date de naissance, adresse e-mail et téléphone, ont pu être récupérées. En les utilisant bien, ces escrocs arrivent à mettre en confiance leurs victimes ». Cela va même plus loin puisqu’avec l’intelligence artificielle, certains contactent même téléphoniquement leurs victimes, pour leur soutirer leurs informations bancaires. « La personne n’y a vu que du feu : le numéro qui l’appelait était un numéro local et la personne connaissait son nom et ses informations personnelles, et parlait parfaitement français en gommant leur accent via l’IA et en changeant leur voix initiale ».