Fiche pédagogique sur le conflit israélo-palestinien : comment aborder le sujet avec les élèves de manière neutre et détaillée

Nous l’attendions pour le lundi 16 octobre, ce qui constituait déjà un délai de préparation plus long par rapport aux autres fiches pédagogiques rédigées par Enabel dans le cadre du projet “Questions vives”. Cependant, comme nous l’avions annoncé juste avant les vacances de la Toussaint, l’outil était bloqué au niveau fédéral, où il faisait l’objet de multiples relectures jusqu’à présent.

La fiche compte cinq pages et commence par un avertissement important : “Le sujet abordé est sensible et nécessite une grande prudence. Nous ne pouvons être tenus responsables des difficultés qui pourraient en découler. […] Cette fiche n’est en aucun cas une prise de position dans le conflit de la part des organisations qui y ont travaillé et de ce qu’elles représentent. […] Avant la discussion, il est important de rappeler les règles d’un débat serein. […] Si ces règles ne sont plus respectées, il faut y mettre un terme.”

S’agit-il de terrorisme ?

En ce qui concerne les faits, Enabel renvoie à la couverture médiatique actuelle. Cependant, cela est un peu dommage étant donné les balises historiques présentes dans toutes les autres fiches.

Elle propose ensuite huit pistes pour “penser les faits”, c’est-à-dire huit thèmes associés à des questions pour alimenter le débat.

La section “Le poids des mots” s’interroge, par exemple, sur les notions de crime de guerre et de terrorisme. Basée sur les définitions rappelées, la fiche propose de discuter si ces notions sont appropriées ou non au sujet.

Les sept autres thématiques abordées sont le droit de riposter, les mesures de représailles, la valeur d’une vie, l’importance des images, la propriété de la terre, la violence comme réponse à la souffrance et la neutralité. Toutes sont rédigées de la même manière : beaucoup de questions, quelques définitions, mais pas de réponses. Les phrases comme “Certains estiment que… mais d’autres pensent que…” et “Et vous, que pensez-vous de…” se multiplient. Rien d’inhabituel à cela : toutes les fiches du projet “Questions vives” suivent ce modèle.

Il n’y a qu’une exception. Concernant l’importance des images, la fiche note que le droit de la guerre interdit de publier des photos de prisonniers de guerre, mais que le Hamas a veillé à filmer ses opérations sanguinaires et à diffuser ces images. “Nous sommes particulièrement scandalisés par cela. Les terroristes en sont conscients et en jouent pour intensifier leur provocation.” La fiche propose ensuite comme point de départ de débat la question suivante : “Comment expliquez-vous cette sensibilité et cette insensibilité (celle des terroristes du Hamas) ?”

Cependant, Enabel tient à afficher sa neutralité clairement. “Les auteurs de cette fiche ont veillé à ne pas poser une question centrale, aussi visible qu’un éléphant dans un couloir : à quel camp donner raison ?” Pourquoi ? “Par crainte de subir les foudres (parfois extrêmement violentes) des adeptes d’un camp ou d’un autre, et par nécessité de respecter les règles de neutralité dans les établissements scolaires”, précise la fiche. Il n’est pas certain que toutes ces précautions incitent réellement les enseignants à aborder ce thème, surtout ceux qui souhaitent maîtriser davantage le sujet et qui ne trouvent pas grand-chose dans cet outil tant attendu.