Félix Montero : La France, de retour dans la rue

La France connaît à nouveau des manifestations dans ses rues. Un jeune algérien a été tué par la police, ce qui a déclenché une nouvelle vague de protestations. L’année dernière, le nombre de personnes tuées dans des fusillades policières était très élevé, et la plupart d’entre elles étaient noires ou arabes. Dans ce contexte, ce décès a enflammé la colère déjà existante.

Emmanuel Macron a dû partir avant la fin du sommet de l’Union européenne pour rencontrer son gouvernement. Son mandat est plein de conflits de rue entre la police et les manifestants. Les protestations contre la réforme des retraites il y a quelques mois en sont un exemple.

Il est clair que Macron n’était pas prêt pour un nouveau type de contestation, en l’occurrence les jeunes de la périphérie en sont les protagonistes. La violence se répand dans les banlieues des grandes villes françaises, ce qui pourrait donner des ailes à l’extrême droite à l’approche de la prochaine élection présidentielle. Macron a jusqu’à présent refusé de déclarer l’état d’urgence, mais la police agit avec une force sans précédent.

Il est temps pour la France de prendre au sérieux le débat sur la diversité culturelle. Les migrants vers le pays et la deuxième ou troisième génération de migrants vivent en dehors des grandes villes. Cette situation tend à créer des ghettos qui favorisent l’auto-isolement. Cela montre le déficit structurel d’un système qui n’arrive pas à prendre ces citoyens dans une perspective inclusive. La communauté musulmane a aussi tendance à s’isoler pour ne pas perdre son identité, mais l’État doit soutenir la création de sociétés plus ouvertes.

La gauche française a perdu le débat sur la migration. Il préfère ne pas en parler et se concentrer sur le progrès social. Cette erreur a permis à Le Pen de rendre son discours hégémonique. Pourtant, parler de questions sociales – en France et partout dans le monde -, c’est parler de migration. Ce sont eux qui ont les pires conditions de vie, ce qui facilite aussi l’éloignement qu’ils ont de l’État et d’un projet collectif. Au fond, le problème est que les nouvelles sociétés européennes se sont construites dans un rapport de domination vis-à-vis du migrant. À la fois lorsqu’ils ont été colonisés et lorsque de la main-d’œuvre bon marché était nécessaire.

D’autre part, il est important de considérer que la France est le pays européen le plus enclin à la mobilisation sociale. Malgré une gauche disparue depuis des années, la force syndicale française est capable de mettre le pays à l’arrêt en trois jours. D’autre part, ces manifestations – avec des incidents d’une violence inacceptable – ont été organisées par des collectifs extérieurs aux syndicats. Et c’est là que réside le défi pour les organisations de travailleurs : trouver un terrain d’entente avec leurs revendications.