Nouvelles Du Monde

Familles endeuillées par la guerre de la drogue à Marseille témoignent devant Emmanuel Macron

Familles endeuillées par la guerre de la drogue à Marseille témoignent devant Emmanuel Macron

publié le lundi 26 juin 2023 à 23h02

“Monsieur le président, je me tiens face à vous mais je ne suis plus vraiment là. Je suis empaillée, je suis intérieurement morte”, déclare Anita, mère d’un enfant victime de la guerre des gangs de drogue à Marseille.

“Et je vous prie de ne plus utiliser l’expression ‘règlement de compte’ mais plutôt ‘assassinat’. Mon fils a été assassiné”, insiste-t-elle.

Face à elle, Emmanuel Macron écoute, prend des notes, le visage grave.

Dans cette petite salle de la cité des Campanules, où des habitants ont réussi à chasser les trafiquants en début d’année, quelques femmes racontent la perte d’un être cher dans ces violences liées au trafic de drogue qui ont déjà fait 23 morts cette année dans la deuxième ville de France.

Anita porte le nom de son fils autour de son cou, en grosses lettres capitales dorées. Karima Meziene, quant à elle, a perdu son frère. Pour Laetitia Linon, c’est son neveu, à peine âgé de 14 ans.

Lire aussi  Anies admet qu'elle est souvent qualifiée d'intolérante : veuillez montrer les preuves

“Je vais vous raconter les larmes de sang que nous versons. Ma mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer et chaque jour je dois lui dire que son fils a été assassiné. Mon frère a été assassiné en 2016. J’ai vu un juge d’instruction en 2022. Et je suis avocate. Il y a eu un non-lieu. Je ne veux plus jamais que l’on m’oppose le secret de l’instruction. Nous avons le droit à la vérité”, déclare Karima Meziene, membre du collectif des familles créé en 2020 à Marseille.

Personne, ni le Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, ni le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ni le maire de Marseille Benoît Payan, n’ose toucher aux somptueux plateaux de pâtisseries orientales disposés sur les petites tables basses.

Ensuite, Laetitia Linon raconte la mort de son neveu Rayanne, 14 ans, en août 2021, dans la cité des Marronniers.

“Ensuite, nous avons été menacés par le réseau qui a tué Rayanne”. Elle serre très fort son éventail: “Deux ans plus tard, je n’y crois plus, malheureusement cela se reproduira. J’ai encore reçu des vidéos cette nuit de petits jeunes de 10 et 17 ans qui me disent ‘Tatie, on a tiré quand on jouait au foot+'”.

Lire aussi  Les villes frontalières de l'Arizona voient moins de financement de la FEMA alors que l'argent se déplace vers New York et Chicago

– “Se réveiller” –

“Et sur internet, le droit à l’image n’est pas respecté, les vidéos des assassinats tournent en boucle”, reprend une autre femme. “Il faut se réveiller, il faut que cela cesse”.

Ces femmes parlent sans détour et avec beaucoup de dignité des rats qui pullulent dans leurs quartiers “et qui ressemblent à des chats”, du manque de ressources pour mener à bien les enquêtes judiciaires, de leur manque de reconnaissance en tant que victimes, et de leur besoin d’aide, par exemple d’un soutien en matière de relogement après un assassinat.

Le ton s’enflamme parfois entre elles. “Tu parles que” réplique l’une. “Vous n’avez perdu personne, vous ne pouvez pas comprendre”, lance une autre.

Emmanuel Macron tente d’apaiser la situation: “Ce que vous avez vécu et ce que vous vivez justifie vos réactions. C’est légitime”. Juste avant, il avait tenté de dissiper un malentendu avec la tante de Rayanne qui lui avait reproché son discours à Marseille quelques jours après la mort de son neveu.

Lire aussi  Vos questions sur la crise de l'asile : "Afflux pas plus importants que les années précédentes" | À PRÉSENT

Il parlait des “enfants de 12 ans qui devraient être à l’école” plutôt que de se trouver à un point de deal, et non pas spécifiquement de Rayanne, affirme-t-il.

“En ce qui concerne vos remarques sur la justice, ce sont des raisons valables, nous allons mettre en place des moyens spécifiques à Marseille pour un meilleur accompagnement de votre part”, assure-t-il.

“Je vous promets que vous verrez la différence dans les quartiers nord”, poursuit Emmanuel Macron, venu à Marseille pour lancer la deuxième phase de son plan “Marseille en grand”.

“Jamais, jamais nous n’avons alloué autant” de ressources supplémentaires qu’à Marseille, avec plus de 300 policiers supplémentaires, des recrutements au palais de justice, à la police judiciaire. Et il souligne la stratégie du harcèlement des points de deal, qui ont diminué de 40% en deux ans selon la police.

“Nous ne voyons pas la différence, c’est normal ?”, lui rétorque Anita.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Un F16 s’est écrasé à Halkidiki, le pilote est sain et sauf

F-16 ©Eurokinissi ” )+(“arrêter\”> “).length); //déboguer contenttts2=document.querySelector(“.entry-content.single-post-content”).innerHTML.substring( 0, document.querySelector(“.entry-content.single-post-content “).innerHTML.indexOf( “” )); contenttts2=contenttts2.substring(contenttts2.indexOf( “fa-stop\”> ” )+(“arrêter\”> “).length);

ADVERTISEMENT