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Fabentech reçoit une subvention de 7,7 millions d’euros pour un traitement antiviral innovant : Vers une nouvelle ère dans la lutte contre les maladies infectieuses

Fabentech reçoit une subvention de 7,7 millions d’euros pour un traitement antiviral innovant : Vers une nouvelle ère dans la lutte contre les maladies infectieuses

C’est un nouveau pas d’importance que vient de franchir la société lyonnaise de biotechnologie Fabentech (40 salariés, 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023). Dans le cadre de son programme « Horizon Europe », programme de financement dédié à la recherche et à l’innovation, la Commission européenne vient de lui accorder un financement de 7,7 millions d’euros.

L’objet de cette subvention : la mise en place d’un consortium européen, baptisé e-Fabric, visant à développer et produire, d’ici quatre ans, un traitement antiviral innovant à large spectre pour lutter contre les maladies infectieuses émergentes, notamment celles issues des Sarbecovirus, responsables de pathologies respiratoires sévères et présentant des taux de mortalité élevés pour certains d’entre eux.

Parmi ces virus se trouvent notamment le Sars Cov2, à l’origine de la maladie du Covid-19, mais aussi d’autres virus beaucoup plus létaux comme le Mers-Cov présent au Moyen-Orient.

Mieux préparer l’Europe aux urgences sanitaires

Ce consortium, piloté par Fabentech, fédère l’Université de Cambridge, l’Institut de médecine tropicale Prince Leopold d’Anvers (Belgique), la fondation pour la recherche biomédicale de Madrid, Biotem (biotech iséroise spécialisée dans les immunotechnologies) et l’agence d’affaires publiques Fipra (Belgique).

« Nous allons mettre au point un traitement contre huit virus de la famille des Sarbecovirus, hautement pathogènes, et identifiés comme des menaces épidémiques prioritaires par l’Organisation Mondiale de la Santé. Nous allons nous appuyer sur l’immunisation par antigène mosaïque qui permet la production à grande échelle d’anticorps multivalents capables de neutraliser ces virus et leurs variants potentiels » explique Sébastien Iva, président de Fabentech depuis 2020.

En bout de ligne, l’ambition est de constituer des stocks stratégiques, constitués par avance, et qui permettront de faciliter une réponse européenne aux urgences de santé publique. Une priorité désormais établie par l’UE, via divers programmes et financements, suite à la crise Covid.

« Cette pandémie a mis en lumière l’importance pour les systèmes de santé mondiaux d’être mieux préparés aux urgences de santé publique. En Europe, il est urgent de renforcer notre souveraineté en la matière et mieux anticiper les réponses à déployer en cas d’urgence ».

Plusieurs centaines de millions d’euros d’ici 2030

Exactement positionnée sur ce sujet devenu prioritaire de la biodéfense, la biotech lyonnaise qui avait été créée en 2009 par Bertrand Lépine et dont le savoir-faire avait pu être mobilisé (mais sans retombées économiques durables faute de financements étatiques) contre Ebola et le H5N1, décolle enfin. Elle se trouve désormais sur une rampe de lancement privilégiée, au centre d’une prise de conscience internationale.

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Après avoir réalisé 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, – grâce à ses traitements à base d’anticorps polyclonaux produits à partir d’un procédé licencié par Sanofi Pasteur -, elle vise les sept à dix millions d’euros d’ici deux ans, et « plusieurs centaines de millions d’euros d’ici 10 ans ». Dans le cadre du consortium e-Fabric, Fabentech doit développer un traitement pour une famille de virus. A terme, l’ambition est de développer des traitements polyclonaux pour cinq autres familles, identifiées par les agences de santé et les États comme potentiellement à risque élevé.

Ce portefeuille produits des maladies infectieuses s’ajoute à celui de la lutte contre le bioterrorisme. Avec la même ligne : constituer des stocks stratégiques pour assurer un bouclier européen dans un premier temps, mondial ensuite, contre les menaces biologiques.

Depuis l’année dernière, Fabentech est d’ailleurs intégrée à un autre consortium européen coordonné par le CEA, Counteract, et qui vise à mettre en place des études précliniques et cliniques sur la sécurité et l’efficacité de contre-mesures médicales face aux menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques. L’objectif étant de développer des antidotes, d’ici 2030, contre sept poisons pouvant être utilisés par des bioterroristes. Dans ce cadre, Fabentech a déjà reçu 5 millions d’euros de la part de l’Europe.

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Levée de fonds en préparation

La biotech, qui compte déjà Définvest et l’Institut Mérieux parmi ses actionnaires, travaille sur une levée de fonds d’envergure qui doit lui permettre d’accélérer sa R&D (dans laquelle elle a déjà injecté plus de 15 millions d’euros depuis 2020) mais aussi d’investir dans son outil industriel. Fabentech dispose depuis 2020 d’une usine à Saint-Priest dans le Rhône, dans laquelle trois millions d’euros ont déjà été investis.

Dans cette montée en puissance, elle pourra s’appuyer sur le nouveau biocluster lyonnais en infectiologie, le BCF2I, qui va bénéficier d’un financement public de 100 millions d’euros (dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêts de l’État pour structurer de grands bioclusters français) et dont l’ambition est justement de lutter contre les maladies infectieuses et l’antibiorésistance.

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Si d’autres biotechs, comme la Nantaise Xenothera notamment, travaillent sur les anticorps polyclonaux, Fabentech se revendique comme la seule actrice européenne sur le marché de la biodéfense. Une poignée d’acteurs ailleurs dans le monde, notamment aux Etats-Unis, seraient sur la même ligne de bataille. « Peu de concurrents sont présents sur ces marchés de niche, qui représentent tout de même des marchés de 100 à 250 millions d’euros par an et par application » précise Sébastien Iva.

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