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Examen de l’héritage du défunt président iranien Ebrahim Raisi

LEILA FADEL, ANIMATEUR :

Le défunt président iranien, Ebrahim Raisi, était un partisan de la ligne dure connu pour écraser la dissidence. Sa politique était une extension de celle du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Avant que Raïssi ne devienne président en 2021, il était chef du système judiciaire iranien. Pour en savoir plus sur son héritage, nous avons contacté Tara Sepehri Far de Human Rights Watch. Elle enquête sur les violations des droits de l’homme en Iran.

TARA SEPEHRI FAR : Son héritage est donc largement lié à son mandat dans le système judiciaire, qui a été la pierre angulaire de la répression en Iran. Il a siégé à un panel qui a décidé du sort de milliers de prisonniers politiques au cours de l’été 1988. Ces procès étaient largement en deçà des normes internationales, et son mandat dans le système judiciaire – ainsi que sa supervision du système judiciaire avant sa présidence – sont tous caractéristiques de sa responsabilité. Son élection à la présidence, lors de l’une des élections les moins compétitives de la République islamique, s’inscrivait dans le cadre de la consolidation du pouvoir par les partisans de la ligne dure, et l’un des piliers de l’approche de la ligne dure en matière de gouvernance a toujours été la restriction de la liberté d’expression, ainsi que la liberté sociale et les droits des femmes.

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FADEL : Alors, est-ce que ce sont là les caractéristiques déterminantes de son régime : des mesures plus restrictives et répressives ?

SEPEHRI FAR : Oui, ainsi que la répression contre la protestation populaire de masse.

FADEL : C’est vrai. Et juste pour rappeler aux gens, il s’agissait de manifestations après la mort de Mahsa Jina Amini. Elle avait 22 ans et a été arrêtée par la police des mœurs pour la façon dont elle portait son foulard. Elle est morte en détention et il y a eu une révolte massive dans le pays.

SEPEHRI FAR : C’est exact, et à la tête du pouvoir exécutif et de la présidence, il a porté une responsabilité importante dans la réponse violente et sanglante des autorités à ces événements, ainsi que dans l’arrestation et la poursuite de centaines de dissidents pacifiques, ainsi que dans des milliers de manifestations. .

FADEL : Mais beaucoup de gens décrivent la présidence comme une position peu puissante, comme quelque chose qui s’échange en quelque sorte – que c’est le plus haut dirigeant élu, mais que c’est le guide suprême d’Iran, Khamenei, qui détient réellement le véritable pouvoir. Alors, avec son décès, est-ce que quelque chose change réellement en Iran ?

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SEPEHRI FAR : Il est donc important de comprendre que le mécanisme répressif qui a été construit au cours des quatre dernières décennies dépasse le pouvoir de la présidence. Cela ne signifie pas que le président est sans pouvoir, mais d’autres entités – notamment le pouvoir judiciaire, le parlement et le chef suprême – contrôlant bon nombre des principales institutions de l’État qui dirigent la politique, contribuent toutes de manière significative à l’élaboration des politiques. Pour que les choses changent de manière significative, la première étape serait d’organiser des élections équitables, ou du moins dans une version prévisible et compétitive, mais ce que nous avons vu au cours des deux dernières décennies, c’est la façon dont le Conseil des Gardiens, qui est chargé de sélectionner les candidats, montre la voie à suivre en réduisant l’espace très limité disponible pour la compétition politique.

FADEL : Si des élections considérées comme réellement équitables n’ont pas lieu, qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de la classe dirigeante iranienne ? Avec l’inflation, avec les manifestations, à quoi ressemblerait l’avenir ?

SEPEHRI FAR : J’ai peur de la même chose. Les autorités iraniennes ont de plus en plus de mal à répondre aux attentes de la population, tant sur le plan économique que dans d’autres domaines, et il y a eu beaucoup de frustration et, comme vous l’avez mentionné, une dissidence populaire contre ce régime très répressif. Et au lieu de donner la priorité à une approche différente, il semble que la priorité n°1 ait été de garder la mainmise sur la dissidence, sur la dissidence pacifique sous toutes ses formes, afin de gouverner. Il est très difficile de voir comment cela pourrait conduire à un réel changement et à une amélioration majeure et réduire la polarisation et la frustration du grand public à l’égard de la classe dirigeante.

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FADEL : Tara Sepehri Far est une chercheuse spécialisée sur l’Iran à Human Rights Watch. Transcription fournie par NPR, Copyright NPR.

Les transcriptions NPR sont créées dans des délais urgents par un entrepreneur NPR. Ce texte n’est peut-être pas dans sa forme définitive et pourrait être mis à jour ou révisé à l’avenir. La précision et la disponibilité peuvent varier. L’enregistrement faisant autorité de la programmation de NPR est l’enregistrement audio.

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