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Étude sur un coronavirus identifié chez le pangolin avant la pandémie de Covid-19

Étude sur un coronavirus identifié chez le pangolin avant la pandémie de Covid-19

Que dit l’étude en question?

Publié le 4 janvier par Lihua Song, chercheur à l’Université technologique de chimie de Pékin, l’étude porte sur un coronavirus identifié chez le pangolin avant la pandémie de Covid-19, en 2019. Les chercheurs ont voulu tester si ce virus présent chez le petit mammifère avait le potentiel d’infecter des humains. Pour ce faire, ils ont utilisé des souris. Mais des rongeurs modifiés génétiquement. En effet, elles ont été manipulées pour faire en sorte qu’une protéine humaine soit présente à la surface de leurs cellules. Cette protéine, appelée ACE2, est naturellement présente à la surface des cellules humaines et c’est sur elle que vient s’accrocher le Sars-Cov-2 pour, ensuite, infecter les cellules.

L’idée est donc de voir si ce virus de pangolin est capable de la même chose. Si l’étude a fait du bruit, c’est que ce virus a tué les quatre souris qu’il a infectées. Pire, il semble attaquer particulièrement le cerveau de ces animaux. Entre la peur d’une nouvelle pandémie et les accusations de fabrication de virus tueurs par la Chine, cette étude génère son lot de critiques. L’auteur s’est d’ailleurs senti obligé de répondre en commentaire sur BioRXiv, en disant que son travail était “mal interprété sur les réseaux sociaux” . Pas que sur les réseaux sociaux. “La Chine joue avec une nouvelle souche mortelle de Covid: quand la folie prendra-t-elle fin?” titre le Poste de New York .

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Les débats sur les origines du Covid s’échauffent à nouveau

Quel est ce virus?

Le virus en question est donc un coronavirus, mais n’est pas le Sars-Cov-2, responsable du Covid-19. Il s’appelle GX_P2V. Dans son expérience, Lihua Song a utilisé « un mutant adapté à la culture cellulaire, nommé GX_P2V (short_3UTR) ». Ce changement n’est pas nécessairement une modification volontaire par les chercheurs. “Un virus en laboratoire n’est pas totalement le même que dans la nature car en se répliquant, il acquiert peu à peu des mutations”, tempère la chercheuse spécialiste en biologie évolutive du CNRS, Florence Débarre. Sur X, elle fustige même “la désinformation” sur une prépublication qui “monte depuis le début du mois” autour de cet article.

Le virologue émérite et ancien de l’Institut Pasteur, Simon Wain-Hobson, délivre globalement la même analyse auprès de Libération . “C’est un virus adapté aux conditions de laboratoire. Sauf indication contraire, il n’a pas été manipulé pour le rendre plus agressif. Je suis étonné que tout le monde s’intéresse à cette histoire, c’est une étude qui devrait rester dans le milieu de la virologie” nous explique-t-il. L’auteur de l’étude, lui, ajoute en commentaire sur BioRXiv que le virus en question a déjà été décrit en 2022 .

Pourquoi une telle mortalité?

Le virus n’a donc probablement pas été créé en laboratoire ni modifié pour le rendre plus dangereux. Il n’en reste pas moins qu’il a tué toutes les souris infectées. Un résultat qui surprend les auteurs eux-mêmes. En effet, leur collègue Zhengli Shi a mené les mêmes expériences. Ses résultats, publiés il y a un an ne sont pas du tout les mêmes puisqu’elle parlait alors d’une pathogénicité “limitée” de ce virus sur des souris ACE2.

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La différence entre les deux études réside dans la lignée de souris utilisée. Dans les deux cas, il s’agit de souris exprimant le récepteur ACE2, mais pas de la même manière. Lihua Song a utilisé des souris chez qui ACE2 se retrouvent notamment en grande quantité… dans le cerveau. Ce qui pourrait expliquer les infections cérébrales qu’il observe. D’ailleurs, nous fait observer la chercheuse Florence Débarre, une équipe japonaise qui a utilisé des souris similaires a remarqué qu’elles étaient également tuées par le virus Sars-Cov-2. Le résultat s’explique donc par le type de souris utilisées.

Ces expérimentations sont-elles dangereuses?

Depuis sa publication, Le Figaro a changé le titre de son article. Il est devenu “Une recherche très préoccupante: un coronavirus modifié en laboratoire en Chine est devenu potentiellement mortel pour l’homme” . Car, de fait, ce type de pratiques réveille le débat sur les études en virologie. Deux questions se posent. Jusqu’où les scientifiques doivent-ils manipuler des virus dangereux pour les humains? Dans quelles conditions doivent avoir lieu ces expériences?

Le débat sur les origines du Covid n’est pas tranché et certains scientifiques soupçonnent toujours un rôle possible d’un laboratoire de virologie de Wuhan. “Dans cette étude, les auteurs ne précisent pas dans quelles conditions ils ont travaillé. On sait que des virus dangereux ont déjà été manipulés dans des conditions de sécurité insuffisantes” souligne le microbiologiste Patrick Berche qui appelait, en 2021 dans Libération à interdire certaines manipulations de virus en laboratoire.

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“Il n’y a pas suffisamment de réflexion, pas de régulation internationale dans ce domaine. Personnellement, ces expérimentations me posent problème et devraient être réalisées dans des conditions de biosécurité maximale s’indigne le virologue Etienne Decroly. En mettant le virus en contact de souris modifiées pour exprimer le récepteur d’entre du virus chez les humains, on offre au virus la possibilité d’évoluer vers un virus à potentiel pandémique” .

Son collègue Simon Wain-Hobson, opposant de longue date aux études dites “de gain de fonction”, où un chercheur va volontairement conférer à un virus une capacité d’infecter l’humain, voit lui aussi la nécessité d’un débat. “Ce que cette étude fait ne me dérange pas, mais il faut qu’on en parle entre virologues pour savoir où on met la limite” . Car derrière ces questions, émergent les craintes d’une nouvelle pandémie mais aussi de possibles recherches militaires sur des agents pathogènes.

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2024-01-22 19:16:00

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