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Essai clinique RHIVIERA02 : l’association de nouveaux anticorps à un traitement précoce contre le VIH

Essai clinique RHIVIERA02 : l’association de nouveaux anticorps à un traitement précoce contre le VIH

Paris, France — Malgré les succès des thérapies antirétrovirales contre le VIH, la persistance chez les personnes infectées d’un réservoir viral dans leurs cellules empêche toute guérison définitive. La recherche est donc intense autour de nouvelles stratégies, dont celles des anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs). Ces anticorps sont retrouvés chez certains patients dits « neutraliseurs d’élite », sont capables de reconnaître des protéines présentes à la surface de l’enveloppe du virus et jouent un rôle antiviral avec une efficacité inégalée à ce jour, diminuant l’infection de nouvelles cellules. En France, un essai clinique ANRS-RHIVIERA va débuter début 2024 avec les équipes d’Asier Saez-Cirión et d’Hugo Mouquet à l’Institut Pasteur en coordination avec l’AP-HP, pour tester l’effet conjoint d’une trithérapie anti-rétrovirale et d’un cocktail de deux bNAbs à longue durée d’action chez des personnes nouvellement diagnostiquées durant la phase précoce d’infection par le VIH. Le virologue Asier Saez-Cirión nous en dit plus sur cette approche prometteuse d’immunothérapie.

Medscape France : L’essai RHIVIERA02 associe des anticorps monoclonaux à large spectre à un traitement antirétroviral précoce après la primo-infection. De quoi s’agit-il ?

Asier Sáez-Cirión : Aujourd’hui, les traitements antirétroviraux anti VIH (ARV) permettent de garder les patients en vie. Mais ils n’agissent pas sur les réservoirs. Nous n’avons pas d’approche pour éradiquer le virus et la plupart des patients doivent prendre ces traitements toute leur vie.

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Certaines personnes sont capables de contrôler le virus après un traitement par ARV, c’est-à-dire de naturellement de limiter la charge virale même après l’arrêt du traitement, pendant plusieurs années. Ce contrôle est favorisé par l’initiation précoce du traitement ARV, quelques semaines après la primo-infection. L’ANRS [l’agence autonome de l’Inserm, dédiée aux maladies infectieuses émergentes] cherche à élucider ses mécanismes et à identifier des interventions pour induire cet état de contrôle. Dans ce cadre, l’essai RHIVIERA 02 combine des anticorps neutralisant à large spectre avec des ARV.

Que sait-on de ces anticorps neutralisants ?

Asier Sáez-Cirión : Ils ont été identifiés chez des patients dits « neutraliseurs d’élite ». Sans forcément contrôler leur charge virale, ces personnes produisent des anticorps qui bloquent le virus très efficacement et agissent sur un grand nombre de variants. Ces neutraliseurs d’élite sont rares, environ 1 % des individus infectés.

Aujourd’hui, différentes équipes ont été capables de produire et cloner ces anticorps neutralisant comme des outils thérapeutiques. On a pu alors commencer à les étudier.

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On sait qu’ils sont capables de contrôler le virus. Ils peuvent même se substituer aux ARV et constituent une option pour le développement de traitements à longue durée d’action – une infusion pourrait couvrir des périodes thérapeutiques de 6 mois à un an, dans la limite des infections par un variant reconnu par ces anticorps.

On sait aussi que ces anticorps déclenchent une activité cytotoxique des cellules NK contre les cellules infectées. Ils peuvent ainsi atteindre les réservoirs.

Enfin, il a été démontré sur des modèles animaux que ces anticorps forment des complexes immuns pouvant activer les cellules présentatrices d’antigènes et donc générer une réponse immunitaire autologue. Ce processus vaccinal commence à être confirmé lors d’essais cliniques.

Que peut-on attendre de cet essai clinique ?

Asier Sáez-Cirión : L’essai RHIVIERA 02 est mené au sein de l’APHP, en collaboration avec l’Institut Pasteur et l’Université Rockefeller à New York. Il vise à bonifier le traitement ARV précoce avec des anticorps monoclonaux afin de contrôler rapidement le virus, éliminer les cellules infectées et donc lutter contre les réservoirs dans cette période précoce et clé. Il tentera de mesurer la potentielle activité vaccinale ; on espère renforcer l’activité immunitaire avant que les organes lymphoïdes ne soient détruits par le virus.

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Après un an, on proposera aux 69 patients inclus d’arrêter le traitement ARV. Nous pensons alors observer un contrôle plus efficace du virus, voire davantage de personnes capables de le contrôler complètement. On mesure 5 % de contrôleurs après un traitement ARV précoce. Si le protocole de RHIVIERA 02 permet de faire 3 ou 4 fois mieux, ce sera très significatif.

Les inclusions débuteront début janvier 2024. Elles concerneront des personnes en primo-infection dépistées précocement.

L’essai proposera une combinaison de deux anticorps à large spectre afin de couvrir de 80 à 90 % de variants circulants actuellement en France. Les résultats finaux seront attendus fin 2027.

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2023-11-30 16:44:45

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