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Espions et émirs : la difficile négociation pour libérer les kidnappés par le Hamas

Espions et émirs : la difficile négociation pour libérer les kidnappés par le Hamas

2023-10-12 01:42:37

La libération des citoyens kidnappés par le Hamas a toujours été un jeu d’échec joué simultanément par une demi-douzaine d’acteurs. Et certains d’entre eux, pas pressés de finir le jeu. Mais depuis samedi, ce duel est le plus grand que l’histoire d’Israël ait jamais connu, confronté au problème des centaines de captifs.

Mais parmi les personnes capturées se trouvent également des citoyens de nationalités très différentes, dont les pays peuvent tenter de jouer leur propre jeu pour libérer leurs ressortissants. Les États-Unis, par exemple, ont déjà envoyé deux experts en libération d’otages en Israël. Dans les médias nord-américains, on commence à envisager la possibilité que leur pays soit confronté à une crise similaire à celle survenue en 1979, lorsque 66 citoyens américains ont été détenus à Téhéran après la révolution des ayatollahs.

Le dernier otage libéré par le Hamas était Gilad Shalit, un soldat kidnappé à la frontière de Gaza le 25 juin 2006 et qui n’a été libéré que cinq ans plus tard, en échange de la libération d’un millier de prisonniers palestiniens de prison. Bien qu’il soit trop tôt pour savoir comment se dérouleront les négociations, différents journaux de Tel-Aviv analysent déjà quel pourrait être le jeu politique qui sera entamé pour tenter de libérer les victimes. La réunion clé pourrait avoir lieu aujourd’hui à Berlin. Le chancelier allemand Olaf Scholz y rencontrera l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani. En principe, ce sommet était prévu pour analyser l’achat de gaz. Cependant, au cours du week-end, Scholz a proposé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de servir de médiateur dans la crise des otages.

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Services secrets allemands

Pour le journaliste Yossi Melman, rédacteur en chef sur la sécurité et correspondant du journal Haaretz en matière de renseignement, le rôle de Berlin est essentiel. «Dans les épisodes de négociations précédents, le BND – les services secrets allemands – ont réussi à ouvrir des canaux de négociation qui aboutissent au Hamas. Nous devons garder à l’esprit que cette tâche n’est pas facile, car les dirigeants terroristes ne sont pas du tout accessibles et, entre autres problèmes, ils n’accèdent à aucun type de canal de communication habituel pour éviter d’être détectés”, a-t-il déclaré au journal.

Un autre élément clé est le Qatar. L’économie de la bande de Gaza est soutenue par l’aide que ce pays du Golfe envoie à ce territoire, qui dépasse les 360 millions de dollars par an. Parmi les différents accords conclus entre l’Autorité nationale palestinienne à Gaza et Israël, l’un des plus importants concerne la manière d’acheminer l’argent qatari vers la bande de Gaza. En ce sens, la capacité d’influence de Doha et l’argent qu’elle tirera de ses réserves pétrolières seront déterminants. “Mais pas seulement à cause de ses dollars, le Qatar est très proche dans son idéologie des Frères musulmans et le Hamas est né des approches de ce groupe djihadiste”, explique Melman. Cette discrétion et l’organisation militaire du Hamas font que, pour l’instant, aucune personne enlevée à Gaza n’a été libérée de force.

Gilad Shalit, quelques jours après avoir été libéré par le Hamas en échange de la libération d’un millier de prisonniers des prisons.


Un troisième acteur dans cette négociation sont les services secrets égyptiens. Gaza borde ce pays au sud, et il y a le poste frontière de Rafah, le seul bureau de douane qui n’est pas contrôlé par Israël. Mais l’Égypte n’a jamais cessé d’entretenir des relations avec les terroristes palestiniens, même lorsqu’elle a détruit les tunnels par lesquels le Hamas est entré en Égypte et qui étaient vitaux pour ses réseaux de contrebande.

El Moukhabarat

Cette relation particulière entre le Hamas et l’Égypte a été utilisée par Israël pour mener des négociations indirectes. Par exemple, la libération du soldat Shalit a été rendue possible grâce à l’intermédiation du Caire. Dans le cas des opérations armées israéliennes à Gaza, ce sont les espions égyptiens qui font la médiation pour créer des couloirs humanitaires ou déterminer comment récupérer les corps après chaque intervention armée.

Sur ce terrain de jeu, le personnage clé est aujourd’hui Abbas Kamel, un militaire devenu chef de cabinet du président égyptien Abdel Fattah el-Sissi et qui a dirigé pendant cinq ans les Mukhabarat, les services secrets égyptiens. Kamel entretient des relations fluides avec le Hamas et Israël et est intervenu dans toutes les tentatives visant à parvenir à des accords visant à réduire les tensions dans la région.

Quoi qu’il en soit, les négociations à venir pourraient être les plus complexes de l’histoire d’Israël. Et elles auront lieu au milieu des opérations armées qui vont commencer à Gaza. Pour commencer, le Hamas a assuré qu’il exécuterait un otage pour chaque bombardement dans la bande de Gaza. Pour Melman, un facteur clé sera la pression exercée par les familles des personnes kidnappées. «Ils ne se sont pas encore mobilisés car les informations sont confuses mais il semble que Netanyahou et son gouvernement agissent comme si les otages n’existaient pas. Mais cela changera dès que les données des victimes commenceront à arriver.



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