En attendant un logement social, ce père a vécu neuf mois dans son camion

Arrivé à Pornichet en septembre 2022 pour vivre auprès de ses enfants, Alexandre Lallemand a connu de grandes difficultés à trouver un logement social dans le secteur. Un situation qui l’a contraint à vivre 9 mois dans son camion.

Ne pas se faire remarquer

Mercredi 22 mars 2023, jour de marché à Pornichet. C’est également le jour de garde d’Alexandre Lallemandpère de deux enfants scolarisés dans la ville balnéaire de Loire-Atlantique.

Comme d’habitude, le quinquagénaire a garé son camion dans les ruelles pour ne pas se faire remarquer et arpente les halles en attendant ses petits de 8 et 10 ans.

Attablé, café à la main, il désespère :

C’est l’anniversaire du plus grand aujourd’hui (le jour de notre rencontre, NDLR) et je n’ai même pas d’endroit pour l’accueillir et manger un gâteau.

« Sans logement, difficile de travailler »

Arrivé des Hautes-Pyrénées en septembre 2022le papa divorcé a débarqué sur la côte pour se rapprocher de ses enfants.

Mais il ne s’attendait sûrement pas à rencontrer autant de difficultés pour se loger. « J’ai garé mon camion à Saint-Père-en-Retz. Je vis dedans, caché du mieux possible pour ne gêner personne », confie-t-il à L’Écho de a Presqu’île.

Et pour ce grutier de métieractuellement au chômage, « c’est le chien qui se mord la queue : sans logement, c’est difficile de travailler. Pourtant, j’adore mon travail », estime Alexandre qui connaît également des problèmes de santé.

« J’ai un psoriasis en gouttes sur les mains. Je ne peux même pas plier la main en ce moment. Je suis persuadé que cela est dû au stress de me retrouver dans cette situation ».

Deux à trois ans d’attente

Obtenir un logement social à Pornichet (et dans le département en général) relève du parcours du combattant.

La commune compte 576 logements sociauxtous occupés, soit 9 % du parc immobilier. Or, le taux légal à atteindre, fixé par la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU), est de 20 %.

La mairie détaille :

En 2014, nous étions à 5 %. Sur les nouvelles opérations immobilières, 30 % sont consacrés au social.

Pour obtenir une place, il faut donc attendre un déménagement ou une nouvelle construction.

À ce jour, 679 demandeursattendent un logement. «  Le délai d’attente est de 2-3 ans dans notre secteur  », explique Sandrine Martin, directrice du CCAS et du pôle Familles et Solidarité à la Ville.

Des douches devant la mairie ?

Inscrit au centre communal d’action sociale (CCAS) en septembre 2022 et suivi par une assistante sociale, Alexandre a réalisé des demandes de logements sur Saint-Nazaire, Montoir-de-Bretagne, La Baule, Saint-André-des-Eaux…

Mais il regrette la lenteur des démarches, « tout le monde se refile le bébé », et fustige :

Le logement lucratif intéresse plus la municipalité. La Ville n’aime pas le social et ne veut pas aider les gens qui sont réellement dans le besoin.

« En plus, je n’ai ni contacts ni amis sur Pornichet, ça ne facilite pas les choses. » Pour se faire entendre, Alexandre réfléchit à une action : prendre des douches devant la mairie. « Une idée pour faire avancer les choses ».

Emménagement prévu en mai

Le père de famille n’aura pas besoin de mettre son projet à exécution… Mercredi 19 avril, la bonne nouvelle est tombé : un appartement à La Baule lui a été attribué.

J’aurais des toilettes et une douche. Je vais enfin pouvoir accueillir mes enfants dignement.

Alexandre devrait emménager courant mai.

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