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En attendant les mouvements de la BCE, Piazza Affari ouvre prudemment – Économie

En attendant les mouvements de la BCE, Piazza Affari ouvre prudemment – Économie

Départ avec le frein à main sur les Bourses européennes, en attendant les décisions de la BCE sur les taux et la conférence de presse de sa présidente Christine Lagarde. Après un démarrage positif, Piazza Affari oscille juste au-dessus de la normale, Londres, Paris et Francfort progressant entre 0,3% et 0,4%.

Moindre tension sur les emprunts d’Etat européens : toutes les obligations ont enregistré une baisse des rendements et l’écart entre les BTP 10 ans et les Bunds allemands s’est ouvert à 227 points de base, à la
même étage que la fermeture d’hier.

La Banque centrale européenne s’apprête à faire l’un des choix les plus difficiles de tous les temps, plus encore que celui du 21 juillet, lorsqu’elle a relevé les taux d’intérêt pour la première fois en onze ans, mettant fin à l’ère des taux négatifs. Il y a deux mois, il n’avait guère le choix : pour lutter contre l’inflation galopante, il ne pouvait qu’agir avec détermination avant que la récession, désormais à l’horizon, ne ferme la fenêtre d’action. La hausse de 50 points, supérieure aux attentes, a aussi servi à convaincre les faucons de donner vie au bouclier anti-spread, lancé à l’unanimité. Maintenant, les faucons et les colombes sont loin et sans commerce de matières premières. Les premiers sont plus déterminés, même en public, au point de faire parier marchés et analystes que la hausse sera « jumbo », c’est-à-dire à partir de 75 points. Mais ces derniers sont prêts à en découdre lors du conseil d’administration de demain, qui devra forcément trouver un compromis pour ne pas fragiliser la décision finale.

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Cependant, le contexte dans lequel la décision sera prise voit également la Fed poursuivre sa stratégie de hausses “aussi longtemps que cela sera nécessaire”. La vice-présidente de la banque centrale américaine Lael Brainard a rappelé que la croissance américaine est à un rythme modeste, tout comme l’emploi, tandis que les prix continuent d’augmenter, ce qui dans certains districts augmente considérablement.

La BCE partira également des données. Les dernières statistiques économiques, mises à jour en août, seront sur la table des 19 membres nationaux plus les 6 du conseil d’administration. Ils donneront non seulement une image de la situation, utile pour comprendre la dynamique du cycle, mais seront également une première vérification du mouvement de juillet. Sur l’inflation, véritable ennemi à battre, les nouvelles seront mauvaises : en août elle a atteint un nouveau record de 9,1 %, dans les pays baltes elle a voyagé au-dessus des 20 % pendant des mois, elle a dépassé le double chiffre aux Pays-Bas, en Espagne et d’autres, et l’Allemagne y arrivera en décembre. La prévision faite en juillet par l’état-major pour 2022 (6,8%) va donc être fortement revue, renforçant les convictions de ceux qui estiment qu’une forte compression est nécessaire, d’au moins 75 points demain et d’au moins 50 en octobre.

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L’hypothèse effraie beaucoup, pas seulement les colombes du tableau. Même certains analystes pensent qu’il peut être risqué de trop bouger quand on est au bord de la récession. Le risque est de répéter ce qui est aujourd’hui considéré par tous comme l’erreur de Trichet, le président de la BCE qui, en 2011, a relevé les taux deux fois au moment même où la crise de la zone euro s’aggravait, condamnant les économies qui croissent moins, c’est-à-dire ces Piigs déjà aux prises avec une dette élevée. Mais la situation actuelle est beaucoup plus incertaine que celle de la crise des dettes souveraines, lorsque les spreads étaient un thermomètre de la fiabilité des pays. Même maintenant, les rendements des obligations d’État sont à la hausse, même maintenant, certains essaient de faire des paris baissiers contre l’euro, mais les pays de la zone euro ont fait preuve d’une grande résilience face à des crises imprévisibles telles que la pandémie.

La zone euro est mieux armée contre les chocs, et des signaux pas trop dramatiques arrivent sur le PIB. La croissance de l’Euroland, au deuxième trimestre 2022, a augmenté de 0,8 % par rapport aux trois premiers mois de l’année. La BCE elle-même s’attendait à de moins bons chiffres dans ses prévisions de juin (seulement 0,2 %). Et aussi sur l’emploi, autre chiffre qui guidera les décisions de Francfort, Eurostat ne fait pas encore état de ralentissements, au contraire, au deuxième trimestre il progresse de 0,4%, (et en Italie de 1,2%).

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Bien sûr, ce ne sont pas des données qui excluent la récession à laquelle, selon le PDG d’Unicredit, Andrea Orcel, “tout le monde s’attend”, et le véritable enjeu est de comprendre “quelle sera sa profondeur”. Le pire scénario possible, à savoir la fermeture des robinets de gaz par la Russie, s’est matérialisé. La production industrielle, qui avait déjà baissé en Italie depuis deux mois, commence maintenant à baisser également en Allemagne. Les prix courent, les factures augmentent et la consommation ralentit. L’alerte est haute, et lors de la réunion du conseil d’administration, les colombes demanderont de procéder avec prudence, avec des augmentations constantes comme l’indique l’économiste en chef Philip Lane. Mais il est peut-être trop tard pour contenir les faucons : après les messages des dernières semaines, les marchés ont déjà acquis une hausse de 75 points. Tomber à 50 signalerait fortement le risque d’une récession imminente.

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