La déclaration d’Emmanuel Macron, il y a trois semaines, sur l’envoi potentiel de troupes au sol en Ukraine n’était ni une erreur ni une sortie improvisée, comme certains l’avaient d’abord pensé. En réalité, elle était bel et bien calculée. Cette déclaration est intervenue lorsque qu’un journaliste lui a demandé jusqu’où la France était prête à aller pour empêcher la Russie de remporter la guerre en Ukraine.
Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle et assumée des troupes au sol. Mais rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner.
Il s’agissait de la première fois qu’un dirigeant occidental s’approchait autant de ce qui est considéré par la Russie comme une ligne à ne pas franchir sous peine de déclencher une guerre mondiale, voire nucléaire.
Malgré le désaccord des trois États baltes, aucun autre chef d’État n’a soutenu un tel scénario. Pourtant, le président français a maintenu sa position dans tous les discours qui lui ont été offerts depuis.
Il y a deux ans, nous disions : “Jamais on n’enverra de chars.” On l’a fait. Il y a deux ans, on disait : “Jamais nous n’enverrons de missiles de moyenne portée.” On l’a fait. On a dit : “Jamais on n’enverra d’avions.” Certains sont en train de le faire. Donc, nous avons mis trop de limites dans notre vocabulaire.
En interview avec les médias les plus suivis en France et avec le journal Le Parisien, Emmanuel Macron a durci le ton, malgré le mécontentement que ses propos suscitent chez ses alliés.
Il se positionne désormais comme le principal défenseur de l’Ukraine et celui pour qui les lignes rouges ne doivent plus être fixées.
Peut-être qu’à un moment donné, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. La force de la France, c’est que nous pouvons le faire.
Le président français Emmanuel Macron (à droite) serre la main du président ukrainien Volodymyr Zelensky (à gauche) lors d’une conférence de presse à l’Élysée à Paris, le 16 février dernier.
Photo : Getty Images / AFP / THIBAULT CAMUS