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Didier Dinard : Un parcours exceptionnel de champion et d’entraîneur

Didier Dinard : Un parcours exceptionnel de champion et d’entraîneur

Il a un parcours à rendre jaloux beaucoup de sportifs. Dans sa discipline, le hand-ball, ce guadeloupéen a remporté les plus grandes compétitions et récolté deux médailles d’or aux JO de Pékin et de Londres. Didier Dinard nous raconte sa carrière exceptionnelle de champion et d’entraineur dans #MaParole.

D’un abord placide, modeste et sérieux, Didier Dinart peut se targuer d’avoir l’une des plus belles carrières du hand-ball et du sport français en général. Et pourtant, il n’est pas si connu que ça par le grand public. Une injustice au vu de son palmarès impressionnant aussi bien avec les Bleus qu’avec ses deux clubs phare, Montpellier et Ciudad real en Espagne.

Jugez vous-même : deux médailles d’or aux JO (Pékin en 2008, Londres en 2012), trois fois champion du monde et deux fois champion d’Europe avec les Bleus. En club, deux coupes du monde, trois super coupes d’Europe de hand-ball avec Ciudad real, quatre ligues des champions avec Montpellier et Ciudad real, cinq championnats de France et cinq championnats d’Espagne. Qui dit mieux ?

1 Braquage à la pâtisserie

L’histoire de Didier Dinart commence en Guadeloupe en 1977. Une période compliquée. En 1976, volcan de la Soufrière menace l’île. Le préfet, appuyé par Claude Allègre, alors président de l’Institut de physique du globe de Paris, maintient la décision d’évacuer la Basse-Terre. C’est pourquoi le 18 janvier 1977, Didier Dinart nait à Pointe-à-Pitre et non à Basse-Terre.

Quand il a trois ans, son père quitte le foyer familial. Son grand-frère, sa mère et lui, vivent à la campagne dans une maison près de Vieux-Habitants. Sa mère est auxiliaire des écoles. Les deux garçons s’enfuient souvent très tôt le matin par la fenêtre pour aller pêcher et ramener du poisson. Leur mère se fâche, mais ils voient bien que ça lui fait plaisir malgré tout.

Très jeune, Didier Dinart travaille pour gagner de l’argent. Il se souvient en particulier d’un jour qui a radicalement changé son point de vue sur la vie. Alors qu’il vendait des gâteaux et du pain dans une pâtisserie vers l’âge de 14-15 ans, deux voleurs armés entrent dans la boutique. Il trouve le moyen de fraterniser avec les deux délinquants qui se font arrêter par la police sans que Didier Dinart soit blessé. Ce jour-là, il se dit que “tout est possible !”

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Quant au hand-ball, ce sport lui est tombé dessus un peu par hasard. Alors qu’il est en CM1, il suit tout simplement son frère âgé d’un an de plus qui pratique ce sport collectif. Il y prend goût puis s’inscrit dans un club. Pour y aller, il doit faire 45 minutes de trajet à pied. Très grand et pas du tout doué pour le football ou le basket, il a un véritable coup de foudre pour ce sport collectif inventé par les Allemands. Il se fait repérer par Eddie Couriol, le premier guadeloupéen à avoir été international en hand-ball. Nous avons reçu son frère Albert Couriol dans #MaParole. Eddie Couriol le pousse à partir dans l’Hexagone. Didier Dinart s’envole très jeune à Dijon pour un stage. Après un entretien, on lui propose de se former en Bourgogne. À 16 ans, il quitte définitivement la Guadeloupe en 1993.

Pendant trois ans, Didier Dinart se forme. Il passe de trois entrainements par semaine à un entrainement par jour. Le rythme est particulièrement intense. Les week-ends, il les passe souvent chez son entraineur grâce à qui il découvre la mozzarella, “un régal”.  Pour le service militaire, il intègre le bataillon de Joinville, le régiment parfait pour ceux qui comme Didier Dinart souhaitent continuer à se perfectionner en Hand-Ball.



2Deux médailles d’or aux JO

Après trois ans passés à Dijon avec un entraineur qu’il apprécie particulièrement, Alain Quintallet, il part en 1996 pour Montpellier, un peu pour des raisons financières. Le club de Montpellier lui propose des conditions de vie bien plus confortables. C’est le meilleur transfert possible. Le Guadeloupéen continue à progresser et deux mois après son arrivée, l’équipe de France fait appel à ses services. Il se souvient de Daniel Constantini, pas très bavard avec lui au début. Il se souvient aussi des barjots menés par Jackson Richardson, avec laquelle il n’est pas simple de s’intégrer. Aux JO de Sydney en 2000, les barjots font flop. La France rentre bredouille.

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En revanche, l’année suivante, la France remporte le Mondial devant un public hyper enthousiaste à Bercy, en présence de Lionel Jospin et Jacques Chirac. Une victoire homérique. Cette même année, le club de Montpellier, dont Didier Dinart est l’un des piliers, bat le Pampelune de Jackson Richardson en Ligue des champions.

À 26 ans, Didier Dinart a envie de tenter une nouvelle expérience. Un club en Allemagne souhaite le recruter, mais il choisit en 2003 l’Espagne, en particulier Ciudad real, une ville de la Mancha. Sur place, il tisse des relations de confiance avec ses entraineurs et continue encore à progresser en défense. Il participe en 2004 à ses deuxièmes jeux olympiques à Athènes. Un désastre. Il se souvient de la défaite en quart de finale face à “une équipe de Russie vieillissante“. Il se souvient aussi des larmes de Jackson Richardson, l’une de ses idoles quand il était adolescent en Guadeloupe.

En revanche, en 2008 à Pékin, la France l’emporte enfin. Pour l’équipe, c’est une explosion de joie. La victoire est si belle et l’enthousiasme si grand. Le hand-ball français masculin remporte enfin sa médaille d’or après la médaille de Bronze des barjots à Barcelone en 1992. Didier Dinart se souvient d’une grosse grippe après la victoire. Mais il prend sur lui pour “faire la fête avec les copains” et aller répondre aux interviews. Pour une fois que le hand-ball est médiatisé, il faut en profiter. Les champions sont accueillis ensuite à l’Élysée par Nicolas Sarkozy.

Mais entre les JO et Dinart, l’aventure ne s’arrête pas là. Quatre ans plus tard, rebelote. Les Bleus remportent une deuxième médaille d’or inespérée en 2012 à Londres. La France a imaginé une nouvelle stratégie qui s’avère payante. Et pourtant, Didier Dinart n’est pas en forme, une douleur au genou le handicape. En quart-de finale face à l’Espagne, la France réussit un tour de force. En demi-finale, les Bleus rencontrent leur meilleur ennemi, la Croatie, qu’ils dominent. Ils gagnent en finale face à la Suède. Didier Dinart se rappelle avec précision de tous ces matchs dans #MaParole.

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Didier Dinart, co-sélectionneur des Bleus


3Entraineur à Ivry

En 2013, le Guadeloupéen met fin à sa carrière. Prévoyant, il a passé les diplômes pour devenir entraineur. Il entre dans la direction technique de la fédération nationale de hand-ball pour devenir en 2016 sélectionneur des Bleus. En 2017, sous sa direction, les Bleus sont champions du monde. En tant qu’entraineur, il obtient deux médailles de bronze avec les Bleus au championnat d’Europe en 2018 et au mondial 2019. En 2020, au championnat d’Europe, l’équipe de France est éliminée. Deux semaines plus tard, Didier Dinart est démis de ses fonctions, sans ménagement.

La même année, en octobre 2020, plusieurs médias révèlent une dédicace signée pour Didier Dinart par Claude Onesta, son entraineur chez les Bleus, dont il a été l’adjoint jusqu’en 2016.  Claude Onesta a écrit en 2014 un livre intitulé Le règne des affranchis dans lequel il retrace son parcours. Sa dédicace est à peine croyable : “A Didier, l’esclave qui a le plus profité de sa libération. En espérant qu’il ne remette pas les chaines à ses joueurs ! Amitiés“. À l’époque, en 2014, Didier Dinart ne réagit pas publiquement. En 2020, ce mot qui se voulait “amical” sort dans la presse. La ministre des Sports parle de convoquer l’ancien entraineur. Une commission d’enquête sur les dysfonctionnements dans le monde du sport reçoit à huis clos le défenseur guadeloupéen et en public l’ancien entraineur Claude Onesta à l’Assemblée nationale.

Didier Dinart répond de manière laconique à nos questions sur cette polémique. Il ne souhaite pas s’étendre sur le sujet. Après son limogeage, il rebondit en allant entrainer l’équipe d’Arabie Saoudite. Une expérience qui lui a permis de tourner la page. Aujourd’hui, il est entraineur à l’US Ivry et s’investit pleinement pour son nouveau club. À la demande de la région Ile-de-France, il sera l’un des porteurs de la flamme en région parisienne pour les JO Paris 2024. Didier Dinart se rend régulièrement en Guadeloupe où il fait la promotion du hand-ball, sa discipline qui lui a permis de vivre une carrière sportive remarquable.

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