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Développement de l’import-substitution alimentaire au Cameroun : défis et opportunités

Développement de l’import-substitution alimentaire au Cameroun : défis et opportunités

Crise du Covid-19, guerre en Ukraine, changement climatique… Différents facteurs ont eu un impact sur la disponibilité et les prix des céréales ces dernières années. Pour limiter la dépendance aux importations alimentaires, le Cameroun a engagé un plan triennal d’import-substitution. Il s’agit de produire sur place ce qui peut l’être au lieu d’importer. Mais malgré un budget de plus de 114 milliards de FCFA (170 millions d’euros), la mise en œuvre de cette politique peine encore à décoller.

Développer la production locale pour limiter les importations, l’entrepreneur Bertin Tchoffo est convaincu. « Quand le président de la République a fait son discours et a exprimé la volonté de soutenir l’import-substitution, tout de suite, on n’a pas hésité, se rappelle le patron. Le lendemain, je peux vous assurer, mes équipes et moi, nous avons fait le nécessaire pour démarrer les champs de manioc. » L’idée du directeur de Pafic : substituer une partie de la farine de blé utilisée dans la pâtisserie et la boulangerie camerounaise par de la farine de manioc. « Au fond de moi, je savais que c’était porteur comme tout ce qui est agro-alimentaire », détaille-t-il. Pour cela, il se lance dans un grand projet de 2 000 hectares de production de manioc. Il conçoit même des machines adaptées pour moudre les tubercules.

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Des initiatives privées encouragées

Une initiative privée, mais encouragée par les autorités, assure-t-il. « Je prendrai l’exemple du ministre du Commerce. Dès que les premiers sacs de farine sont sortis, deux jours après, il a convoqué une réunion avec tous les pâtissiers de la ville de Yaoundé, présente Bertin Tchoffo. On a présenté le produit et on leur a donné les produits pour aller faire les tests. Et il nous a donné une position stratégique au boulevard du 20 mai pour exposer ce pain de manioc. Le ministre du Commerce est en train de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire cette farine et pousser les boulangers à mettre cette farine dans le pain. » Malgré la volonté politique et la disponibilité de la farine, tout n’est pas encore gagné. « Effectivement, [les débuts] sont encore un peu timide mais on voit déjà les grands groupes de pâtissier passer des grandes commandes. En termes de tonnes, même pas en termes de sacs », se réjouit-il.

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Des réticences aux changements

Dans le domaine des farines panifiables, les maillons de la filière et leurs intérêts sont grands, ce qui peut expliquer certaines réticences. « Pour les lectures que j’ai faites, j’ai bien compris qu’effectivement la filière elle-même, en particulier tout ce qui est minoteries, etc, n’a pas trop intérêt à ce que les choses changent, constate Thierry Leroy, chercheur au Cirad, directeur régional pour l’Afrique centrale basé au Cameroun. Enfin, si on leur dit, tu vas prendre de la farine de manioc que tu vas intégrer après au niveau des boulangers… Peut-être qu’il y a des équilibres à trouver, mais c’est certain et c’est logique que chacun défende son domaine. » La fixation du prix de la farine de manioc – comme ça l’est pour la farine de blé – est encore attendue. D’autres actions seraient possibles, selon le chercheur : « Favoriser déjà cette production et déjà voir avec la boulangerie, avec les opérateurs de la fabrication de pain, comment est-ce qu’on peut l’intégrer. Il faut une fois que l’expérimentation, on va dire en laboratoire ou en petite quantité, a été faite, c’est passer à l’échelle. »

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Les autorités sont conscientes des défis rencontrés. Le rapport d’exécution 2023 de la politique d’import-substitution pointe notamment la problématique d’enclavement des bassins de production. Autre constat : le faible décaissement des budgets alloués, à peine plus de la moitié des montants ont été dépensés l’an passé.

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