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Devastating Floods in Derna, Libya: The Untold Human Tragedy

Devastating Floods in Derna, Libya: The Untold Human Tragedy

« Je pense avoir toutes les capacités pour soulager et stabiliser la Libye. » Le 11 septembre, Elseddik Haftar, fils aîné du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, annonce depuis Paris qu’il envisage de se présenter à l’élection présidentielle, prévue en 2023 mais sans cesse repoussée, confirmant que le clan familial se prépare à la succession de l’octogénaire. Au même moment, la ville de Derna est engloutie par les flots.

Douze jours plus tard, samedi 23 septembre, un sauveteur sud-africain résumait l’ampleur du cataclysme qui s’est abattu sur la ville : « En trente ans d’interventions extérieures, je n’ai jamais vu cela. » Sur le point de quitter le pays, le chef de la mission dépêchée par Pretoria était alors en train d’évacuer l’une des très rares équipes de secours professionnelles venues depuis l’étranger pour retrouver des survivants.

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Deux semaines après le passage du cyclone Daniel, Derna n’est que douleur. La population est livrée à elle-même, physiquement et psychologiquement, et se retrouve aux prises avec des institutions en faillite dans un pays fracturé entre deux gouvernements qui se dédouanent de toute responsabilité face au drame. L’Ouest, reconnu par la communauté internationale, et l’Est avec chacun leur administration et leurs milices, rendant plus complexe une coordination des aides.

Flou insupportable

De fait, c’est sur les épaules d’une armée de volontaires civils, venus de tout le pays, en convois formés depuis des villages et des villes, qu’ont reposé les opérations de secours. Avec pour seuls moyens leurs mains nues et leurs pelles pour creuser une mer de boue et de décombres à la recherche de survivants et de corps. Errant dans les rues, traumatisés, les rescapés en sont, eux, réduits à attendre des nouvelles de leurs proches, emportés par milliers. Toute la semaine suivant la catastrophe survenue dans la nuit du 10 au 11 septembre, le nombre de dépouilles identifiées a augmenté et diminué au gré des déclarations contradictoires des autorités. La majorité des victimes, qu’elles soient inhumées ou considérées comme « disparues », est condamnée à l’anonymat : un flou insupportable et traumatique pour les vivants.

Il faut parcourir une vingtaine de kilomètres pour accéder à ce qui semble relever de l’indicible : la fosse commune de Derna. Isolé et éloigné de la ville, l’endroit est comme un symbole de la confusion et de l’opacité qui entoure la question du nombre de victimes.

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Il n’y a là ni quiétude ni recueillement : les alarmes stridentes de recul des bulldozers qui s’affairent à creuser une nouvelle tranchée couvrent les conversations. Alors que le bilan officiel n’évolue qu’à la marge depuis une semaine – 3 875 morts, selon le dernier bilan fourni par les autorités lundi –, on continuait ici à inhumer des dizaines d’anonymes : 120 dans les heures précédant notre passage, le 21 septembre.

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