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Des migrants américains envoyés à Washington pour un “spectacle politique”

Des migrants américains envoyés à Washington pour un “spectacle politique”

AFP

Nouvelles de l’ONShier, 20:54

  • Jesse Nijmeijer

    Éditeur du bureau de Washington

  • Jesse Nijmeijer

    Éditeur du bureau de Washington

La maire de la capitale américaine Washington a décrété l’état d’urgence après l’arrivée de plus de 9 000 migrants dans sa ville. Depuis des mois, des bus remplis de demandeurs d’asile arrivent du Texas et de l’Arizona, à la frontière avec le Mexique. Les gouverneurs républicains de ces États tentent de faire appliquer une politique d’immigration plus stricte avec le président Biden.

Pour augmenter encore la pression sur le Washington démocrate, le gouverneur républicain du Texas, Greg Abbott, a fait arriver hier deux bus à la résidence du vice-président Kamala Harris.

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Ces Vénézuéliens sont montés à bord d’un bus au Texas et ont été déposés sur le trottoir du vice-président Kamala Harris

Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, commence désormais également à transférer des migrants de son État. Il va encore plus loin : DeSantis a envoyé deux avions transportant des migrants à Martha’s Vineyard, une île au large des côtes du Massachusetts où de nombreux Américains fortunés possèdent des maisons de vacances, dont l’ancien président Obama.

New York et Chicago ont également vu arriver des bus, quoique en plus petit nombre. Les maires des trois grandes villes appellent cela un spectacle politique. “Les gens se réfugient ici, et sont traités avec autant de cruauté par le gouverneur du Texas”, a déclaré Eric Adams, le maire de New York.

Mois lourds

Il est 7 heures du matin à Washington lorsqu’un bus passe au coin de la rue. Près de soixante migrants sortent quasiment sur le trottoir du Capitole. Ils ont l’air fatigués mais soulagés après un voyage de 40 heures. Il y avait peu de temps pour une pause en cours de route. La plupart n’ont qu’un sac en plastique avec de la nourriture ou des boissons à la main, certains un sac d’urgence de la Croix-Rouge.

SAI

Yibr et Daniel du Venezuela, après leur arrivée à Washington

Les cousins ​​disent qu’ils ont eu des mois exténuants, voyageant à pied à travers les jungles, les villes et huit pays, risquant leur vie. C’était particulièrement difficile au Guatemala et au Mexique. Leur route a été bloquée plusieurs fois et ils ont dû soudoyer des flics corrompus pour passer.

De nombreux autres passagers du bus les ont rencontrés au début de leur chemin, disent-ils. Cela ressemble maintenant un peu à une famille, qui est devenue de plus en plus petite en raison de tous les risques en cours de route.

“Le plus heureux et plein d’espoir”

Tatiana Laborde et son organisation humanitaire SAMU First Response attendent les bus dans la capitale américaine. “La ville n’est pas prête pour cela, mais nous essayons d’organiser une bonne arrivée de toutes nos forces.” Entre autres choses, Laborde et ses collègues fournissent un repas. Ils disposent d’un refuge où ils peuvent héberger temporairement une cinquantaine de migrants.

Argent supplémentaire dû à l’état d’urgence

La Maison Blanche a vivement réagi, qualifiant les choix des trois gouverneurs républicains de “honteux, téméraires et erronés”. Mais malgré ces désapprobations, Muriel Bowser, la maire démocrate de Washington, est également déçue de la démarche du président Biden. Sa demande de déploiement des troupes de la Garde nationale a été rejetée à deux reprises. La déclaration de l’état d’urgence libère dix millions de dollars des coffres de la ville pour améliorer l’accueil.

Yibr et Daniel le remarqueront à peine. La destination finale a été atteinte, mais l’incertitude demeure. Tout ce qu’ils ont avec eux, c’est une enveloppe jaune contenant des documents importants avec lesquels ils engagent une longue procédure d’asile. Dans les semaines à venir, Daniel espère surtout retrouver rapidement son frère, arrivé depuis à Chicago.

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